Caligula's Horse

Rock / Metal Progressif

Australie

Charcoal Grace

2024
Type : Album (LP)
Labels : Inside Out Music
Tracklist
01. The World Breathes With Me
02. Golem
03. Charcoal Grace I: Prey
04. Charcoal Grace II: A World Without
05. Charcoal Grace III: Vigil
06. Charcoal Grace IV: Give Me Hell
07. Sails  
08. The Stormchaser
09. MuteC

Chronique

par wohosheni

"Before we can rise we must be laid low" ("Avant de pouvoir nous élever, nous devons être terrassés"). Quasi-prophétique sur le titre final "The Ascent" de leur précédent album, c'est un chemin tortueux qu'ont parcouru les Australiens de Caligula's Horse pour nous revenir avec ce sixième opus. Une descente aux enfers sur un fond de toile charbonnée par les années COVID, clouée par l'immobilisation forcée des musiciens qui sortent Rise Radiant en mai 2020... et ne peuvent partir en tourner pour le défendre. Le groupe rentre alors dans un état de stase, un silence sans musique et même littéralement sans voix pour le chanteur Jim Grey qui perd l'usage de ses cordes vocales à cette période. Caligula's Horse se questionne alors, cherche l'envie, l'inspiration... la respiration.

Charcoal Grace est l'histoire d'une remise en mouvement. Musicalement, l'album reprend en effet là où le groupe en été resté avec Rise Radiant : un metal progressif hautement mélodique d'une production irréprochable, neuf morceaux ciselés par les inspirations de Sam Vallen en chef d'orchestre et l'écriture de Jim Grey en chantre de poésie. Attentif à trouver un équilibre entre ombre et clarté émotionnelle, les Australiens alterne des moments de grâce et de respiration (le planant Sails, le dépouillé interlude sur The Stormchaser), des mouvements amples et dramatiques touchant parfois l'épique (Charcoal Grace IV: Give Me Hell, le massif Mute), et des riffs rythmés plus lourdement metal (The World Breathes with Me, Golem dont on notera les premières incursions en chant saturé de Grey).

À côté de la complexité musicale de ses productions – dont Vallen et Grey parlent volontiers avec force détails en interview –, Caligula's Horse surprend toujours par son sens aigu de la narration mélodique. Un morceau de dix minutes en paraît quatre, le temps se déploie selon une autre logique et c'est une expérience qui se reproduit d'ailleurs en concert tant le groupe maîtrise l'art d'emporter son audience. Il y a bien sûr le morceau éponyme Charcoal Grace, diamant dans son écrin de carbone qui attire tous les regards : quatre chapitres pour conter l'abus et le trauma transgénérationnel et traverser une riche palette d'émotions, de l'acoustique intimiste Vigil au torturé Give Me Hell.

Mais il y aussi, à plus grande échelle, le tandem The World Breathe with Me/Mute qui encadre l'album. Initialement composé comme l'introduction du premier titre, le final Mute prend finalement le temps de développer son thème mélodique sur douze minutes. On suit les sinuosités des lignes de chant de Grey qui multiplie les changements de registre à l'envie, l'intermède en suspens hanté par la flûte de l’invitée Sophie Willis, les montées en puissance à la guitare conduisant inexorablement vers un break tourmenté et un "divisé par deux" proprement écrasant. Un instant de répit sur le refrain pop, et cela repart de plus belle pour un envoi au rouleau-compresseur.

On pourrait écouter, décrire, décortiquer Charcoal Grace pendant des heures. Tirer les ficelles des compositions, soulever les recoins de la production et du mixage – gérés eux aussi par Sam Vallen –, s'immerger dans le rythme littéraire des paroles ("I am the wait, the worry. I am the hurt, the hurry. Without the hate to carry, I could have been somebody."), déceler les échos thématiques avec les précédents albums (les images de la tempête, de l'océan, de la respiration...). Alors que l'horizon s'était refermé sur eux, Caligula's Horse a accueilli le vide, le maelström d'émotions humaines et le silence, "a wordless welcome to Silence, in her charcoal grace" ("un accueil mutique au Silence, dans sa grâce de charbon", Vigil). Et il nous a offert Charcoal Grace : une oeuvre riche, profonde, qui a pris vie son sous insufflation.

18

Les critiques des lecteurs

Moyenne 12.5
Avis 1
comatose42 January 30, 2024 21:43
Décidemment, je n'arrive pas à retrouver la magie de l'écoute de 'In Contact' qui était vraiment une claque. A croire que je n'ai accroché le groupe que le temps d'un album
6 / 20