Caligula's Horse

Rock / Metal Progressif

Australie

Bloom

2015
Type : Album (LP)
Labels : Inside Out Music
Tracklist
1) Bloom
2) Marigold
3) Firelight
4) Dragonfly
5) Rust
6) Turntail
7) Daughter of the Mountain
8) Undergrowth
9) City Has No Empathy (Acoustic)

Chronique

par Chris

Le Metal progressif est un genre qui divise. D’un côté les adorateurs de cathédrales sonores édifiées à partir de multiples matériaux, parfois d’assez mauvais goût, dont l’objectif se limite souvent à monter le plus haut possible, sans se soucier du fait qu’une fois arrivé au sommet, on ne voie plus rien de ce qui se passe au sol. De l’autre, ceux qui ne peuvent pas supporter plus de vingt minutes d’un album de Dream Theater ou d’Ayreon sans tomber dans un état narcoleptique avancé. Entre les deux demeures, la grande majorité d’entre vous n’en a certainement rien à brosser du Metal progressif. Il existe pourtant des groupes qui s’y expriment avec suffisamment de sobriété et de fraîcheur pour rendre accessible et jouissif un style qui peut si facilement basculer dans la complaisance et la caricature. Caligula's Horse est assurément de cette trempe.

Si l’auteur de ces lignes n’a rien, bien au contraire, contre les groupes cités en début de chronique, il est forcé d’admettre que l’approche des Australiens est diablement séduisante. Alternant parties très mélodiques (dans une veine acoustique évoquant les derniers albums d’Opeth) et riffs et rythmiques trempés dans l’acier d’une fonderie sponsorisée par Meshuggah et Mastodon, le groupe touche au but en jouant sur la retenue et l’efficacité. L’enchaînement Bloom/Marigold, qui débute le disque, est l’illustration parfaite de la capacité des cinq barbus à passer en quelques secondes de la caresse à la grosse claque, du ciel bleu à l’orage, sans avoir besoin de s’étendre sur des morceaux trop longs. Pièce de résistance de l’album, Dragonfly et ses dix minutes (seulement) prennent une dimension épique qui ne s’éloigne pourtant à aucun moment du souci mélodique présent tout au long de Bloom. Le chanteur est particulièrement à l'aise, quelles que soient les circonstances. Les soli de guitare ont le bon goût de ne pas s’éterniser et d’arriver de la façon la plus naturelle qui soit dans les morceaux. Les claviers se concentrent sur la mise en place des ambiances plutôt que de nous noyer sous un déluge de notes. Le batteur sait user autant de la double pédale que d’un délicat jeu de cymbales. De la légèreté du très groovy Firelight à l’agressivité d’un Rust prenant des accents Djent à mi-parcours, le groupe varie les plaisirs et souffle le chaud et le froid avant que l’entraînant Turntail finisse de nous convaincre qu’headbanguer est décidément très bon pour la santé. Le très réussi Daughter Of The Mountain offre une synthèse des qualités du groupe (déjà largement entrevues sur le concept-album The Tide, The Thief&River’s End) lorsqu'il s’agit de nous faire digérer leurs quelques compositions plus riches et complexes avec la plus grande facilité. Surtout, Caligula's Horse n’oublie jamais que dans "Rock progressif" il y a "Rock", ce qui fait selon moi tout l’attrait de cet album, y compris pour les allergiques au genre qui auraient tort de ne pas au moins tenter le coup…

Un disque dynamique, intéressant, bien produit et qui ne dure que 45 minutes (si l’on enlève le titre bonus, une version acoustique de City Has No Empaty, morceau de leur premier album), que demande le peuple ? Si l’empereur romain ayant donné son nom au groupe fut assassiné par ses gardes, Caligula's Horse lui permet de revenir pour un ultime galop d’honneur.

16

Le groupe était venu à Paris en novembre dernier en première partie des Norvégiens de Shining. Le compte-rendu de ce concert est à retrouver ici.

Les critiques des lecteurs

Moyenne 12.5
Avis 1