Tapis dans les bosquets moites et épineux de leur foret obscure et impénétrable, Caldera se décide à donner corps à leur furieuse envie d'en découdre à travers un premier album instrumental nourri d'influences post "ce que tu veux".

Les nancéens tentent d'approcher de multiples terrains de jeu. Des riffs granuleux et psychédéliques de Capricorns ou early Pelican, aux assauts bourrus davantage metal voir heavy metal lorsque les gaziers tirent dans les aigus façon Impure Wilhelmina, en passant par les inévitables atmosphères postcore au sein desquelles pointent les mélodies, Caldera déploie largement son spectre sonore et ne néglige aucune piste. A n'en pas douter, le combo atteint véritablement son but lorsque le rythme baisse d'un cran, que les atmosphères versatiles, jouant du clair ou de l'obscur, parviennent à percer, et que la puissance sous-jacente du groupe s'exprime avec une ampleur conséquente. "Larch" et "Dawn Redwood" clôturent ainsi pertinemment le disque sur des notes doom metal pesantes et prenantes. Avant cela, il faut bien avouer que Caldera use de schémas pas toujours très inspirés et pas forcement bien servis par une tendance à rester sur un (mid)tempo constant. On aimerait que le quatuor explose davantage et joue de variations plus régulièrement à la manière de l'excellent "Wollemia". Si le manque d'originalité n'est pas toujours handicapant, il suffit de poser une oreille sur le très homogène et monolithique Geisterstadt de Omega Massif pour s'en convaincre,  Mist Through Your Consciousness en subit toutefois quelques uns des travers, et ce malgré un enregistrement et une production efficaces.

Loin d'être calibrée, car jonglant sur de multiples pentes, ce premier disque de Caldera témoigne d'une personnalité en pleine construction qui ne demande qu'à trouver sa voie (ou bien sans vergogne, qu'à brouiller définitivement les pistes ?). Une trajectoire qui devrait atteindre sa cible dès les prochains coups de feu car cette première salve contient tout de même son lot de moments de pure bravoure.