Le souffle se coupe, le palpitant se soulève, les yeux se ferment, l'esprit s'envole. Brutus foudroie sur place, transperce ton petit cœur sans ménagement pour s'y faire une place au chaud. Laisse-toi faire un peu, tu verras.
La première impression est d'écouter un groupe qui se fait vraiment plaisir. Véritable melting pot d'influences, Brutus ratisse large. Du Post-Hardcore au Post-Rock, sans oublier le Rock, le Shoegaze, le tout sur fond de Hardcore vitaminé et libéré de tout poncif. Ajoute à cela un beau travail sur les atmosphères et voilà le portrait.
Laisse donc ton marcel et ta casquette Hatebreed au placard, c'est pas ici que tu trouveras des breakdowns entendus mille fois et c'est tant mieux. Plutôt que de jouer les gros bras, Brutus mise sur une énergie bien souvent ultra-positive (All Along, Crack/Waste), qui ne perd pas en puissance, bien au contraire. Burst fait hurler à pleins poumons, danser jusqu'à épuisement. Pour cause, cette instrumentation impeccable incluant une batterie musclée qui ne lésine pas à lâcher du D-Beat et du blast (Child avec son final presque Black Metal), soutenant des guitares à la palette large. Tu aimes Nothing ? Ecoute Bird. Tu veux du Math Rock façon And So I Watch You From Afar ? Fonce sur Crack/Waste. Oathbreaker te fait vibrer ? Not Caring et Justice De Julia II sont pour toi.
Oui, Brutus donne l'impression d'avoir réponse à tout en piochant dans tous les sens. Mais la pièce maîtresse est encore à venir.
Car si le trio est au-dessus du lot, c'est parce que cette voix féminine rafle tout sur son passage. Vrai caméléon émotionnel, Stefanie Mannaerts non contente de martyriser les fûts donne corps à la furie, à l'euphorie outrancière, au blues. Tout y passe et avec une maîtrise bluffante. Délicieusement écorché sur Looking For Love On Devils Mountain ou chaud et rassurant lors de Bird ou Child, le chant vient tabasser là où ça fait mal : en plein dans les sentiments.
Et c'est le carton plein, car fort de ces nombreux atouts, Burst repousse tout ennui en servant des titres variés et tous très identifiables. L'album s'enfile d'une traite, efficace et mémorable comme la Pop la plus traître tout en s'égarant dans des genres multiples et abrasifs. Le constat est simple, la tracklist ne compte pas un morceau en dessous des autres, et regorge de pépites pour la scène. Alors que demande le peuple ?
Burst n'est à manquer sous aucun prétexte. Au-delà du simple talent musical, les gaziers dégagent une fraîcheur incroyable, une spontanéité qui met au tapis tous les groupes téléphonés se revendiquant Hardcore en oubliant d'être Punk. Ce premier effort est intelligent et inventif de la première à la dernière note, lui valant d'être adopté et adoubé par la Church Of Ra, et logé chez Sargent House. Avouez qu'on a vu des débuts bien moins enviables.
A écouter : All Along, Drive