S'il n'y a pas autre chose, 2009 sera au moins l'année du retour d'un dinosaure du grindcore. Presque dix ans après avoir laché la bride, Brutal Truth retrouve l'envie de tout détruire, de revenir à zéro.
Même si quelques signes avant-coureurs - participation à This Compil Kills Fascists, quelques concerts l'an dernier - laissaient à penser que les new yorkais avaient quelque chose derrière l'occiput, rien ne permettait de supposer un retour aussi marqué. Pour le coup, Brutal Truth n'aura pas fait les choses à moitié en nous assénant près de quarante minutes d'orgie sonore, de festin cataclysmique. Certes Lilker et son groupe ont quelques cheveux blancs en plus mais l'écume labiale est toujours en crue.
Il est agréable de s'apercevoir que finalement la supposée sagesse que l'on atteint avec les ans n'aura aucune prise sur nos new yorkais. Comme le titre de l'album ne l'indique pas, l'objectif de Brutal Truth n'était pas de déclencher la révolution. Tout juste retrouver le peps, le son des meilleures années, de saisir une nouvelle occasion de remuer les douilles. Et le résultat est quand même loin d'être le ratage que l'on peut craindre lors de ces retours de fils prodigues. Evolution Through Revolution est réactif, inspiré, alliant les compos punks ("Fist in Mouth", "Global Good Guy"), à celles ressortissant davantage du math grind ("On the Hunt", "Afterworld", "Humpty Finance"). Des titres aux horizons multiples donnant parfois l'impression de pénétrer dans une usine à gaz, sentiment confirmé par la tournure quasi industrielle de certains, dans le genre de Head Of David ou des Swans ("Attack Dog", "Grind Fidelity"), pas nouvelle, mais appréciable car utilisée à bon escient, dérivant parfois vers les premiers Scorn ou les délires soniques de Laswell ("Semi Automatic Carnation"). Brutal Truth distille agression sur agression, ne freinant la cadence qu'en de très rares occasions. Même la production assez léchée ne vient heureusement pas ôter toute sa substance à la machine. Tout juste on notera un petit essoufflement en milieu de galette, quelques titres un poil inutile notamment "Branded" qui renouvelle le gag du morceau bref, farce éculée depuis maintenant trente ans avec Napalm Death et son "You Suffer".
Certes il sera difficile d'en faire des folies et la longueur du skeud constitue peut-être le point noir dans un style où les assauts les plus brefs restent les plus efficaces. Elle démontre en tous cas que Evolution Through Revolution était bien plus qu'une formalité, une véritable envie que le quatuor new yorkais avait bien l'intention de concrétiser sans contrepartie autre que le plaisir.
Tracklist : 1. Sugardaddy*, 2. Turmoil*, 3. Daydreamer, 4. On The Hunt, 5. Fist In Mouth, 6. Get A Therapist Spare The World*, 7. War is Good, 8. Evolution Through Revolution*, 9. Powder Burn, 10. Attack Dog, 11. Branded, 12. Detatched, 13. Global Good Guy, 14. Humpty Finance, 15. Semi-Automatic Carnation, 16. Itch, 17. Afterworld, 18. Lifer, 19. Bob Dylan Wrote Propaganda Songs, 20. Grind Fidelity*.
A écouter : Fist in Mouth, Semi-Automatic Carnation, Itch