Brume Retina
Punk hardcore / Crustcore / Emo / Noise rock

Agresse gueule
Chronique
Agresse Gueule. Arrache Trippes. Violence Violence. Ce n'est pas de l'eau que Brume Retina a mis dans son vin, mais du sang. Un disque vynil rouge vif, un visuel aux veines ouvertes et à la tronche explosée, tout est là pour coller au palais un goût amer, et à la salive une teneur acre et tenace.
Merde, les gaziers de Brume Retina ont bouffé du fil barbelé depuis Linéaire des libres. Les parisiens recrachent brûlot sur brûlot, la bave aux lèvres. Le genre d'invectives hardcore qui donnent envie de tendre l'autre joue à chaque mandale. Outre cette intensité de tous les instants, palpable de toute part comme un fil conducteur, Agresse gueule est loin d'être un disque qui ne mise que sur l'impact et le rentre-dedans. Chaque facette rustre et caverneuse possède sa contraposée, fine et éclairée. A un chant ultra-gras, boueux et gavé d'aspérités, répond une autre ligne vocale, qui résonnant comme une sirène d'ambulance, étire le propos de Brume Retina sur des terrains ou l'Urgence est le maître-mot. Il en va de même pour les guitares, qui dès le premier titre, aspire le cerveau avec un jeu cyclique, affuté comme une lame de rasoir, typiquement noise rock. Brume Retina fait tourner les rotatives en plus de balancer du gros riff qui tâche ultra-saturé. La batterie, instinctive et précise, est toujours là pour recadrer, pour pointer du doigt la marche à suivre, qu'elle soit empreintes de sauvagerie ou de contretemps aérés superbement bien amenés. Car c'est un fait, Brume Retina épure pour mieux bastonner derrière. Gameness est un tas de cendres. Brume Retina est une autre histoire mais qui ponctuellement, sait faire parfaitement ressurgir l'ADN du passé lors d'envolées emo/screamo hardcore, concises et justes ("Prestige et paravent", "L'écorce des os"). Unlogistic n'est pas bien loin dans cette approche paradoxalement extrême et contrastée des choses. Ce n'est d'ailleurs pas un hasard si Thomas et Ophé chantent sur "DJ Mucho". Question featuring, on retiendra toutefois davantage l'apport ultra bref et hytérique d'Amélie (ex Warsaw Was Raw) sur "Acquisition de moulins à vent". Une vraie bourrasque enflammée qui prend à vif après l'interlude "Karabines d'indiens".
Avec son filigranne emprunt d'une noirceur indélébile, ses paroles pas fines pour un sou balancées au lance-flammes et la versatilité assumée de ses compositions, Agresse gueule fait de Brume Retina un putain de groupe de punk. De ceux qui savent faire, et surtout laissent, parler la poudre.