Un album magique, entre hargne et sérénité, après plus de 10 ans d'écoute assidue, toujours le même envol
Breach
Post Hardcore

Kollapse
Chronique
N’est-il pas frustrant qu’un groupe se sépare juste après avoir enfanté un chef d’œuvre absolu, qui couronne magistralement sa carrière et coiffe au poteau la plupart des efforts du même genre ? Vous en conviendrez, cela laisse mourir dans l’œuf l’espoir du mélomane de voir naître une suite encore meilleure, et ne manque pas de le plonger dans la nostalgie du temps où il attendait le prochain album avec une pointe d’anxiété confusément mêlée d’excitation…
C’est bien ce triste brassage de questions sans réponses et d’impression d’inachevé qui s’empare de mon être lorsque j’évoque Kollapse, le quatrième et ultime opus des Suédois injustement méconnus de Breach. En effet, ces derniers, habitués à vomir une haine indescriptible au travers de leur punk-hardcore dépressif, n’ont pas survécu à ce qui est sans conteste leur album le plus abouti, le plus mûr, le plus calme aussi, si tant est qu’un tel adjectif puisse s’accorder avec le sujet. Œuvre majoritairement instrumentale lorgnant sur le post rock, dans la droite lignée d’un Neurosis, Kollapse se distingue de ses prédécesseurs par l’intensité des sensations qu’il procure à l’auditeur aventureux aussitôt transporté dans l’obscurité d’un endroit inconnu, sale, chargé de souvenirs pénibles…
… un immense hangar désaffecté au sol recouvert d’un épais tapis de poussière, qui s’amoncelle depuis des années de stagnation. Quelques rayons de lumière blafarde s’insinuent dans des interstices de la toiture branlante, laissant apparaître ça et là des carcasses de machines industrielles rouillant dans l’inertie la plus totale. Succédant soudainement au lourd silence qui règne sur les lieux, des battements rythmiques provenant d’un coin du bâtiment se font entendre. Les ténèbres et l’écho sont tels que l’on ne parvient à localiser l’emplacement exact de la batterie au timbre tantôt clair, tantôt asphyxié, mais toujours oppressant, rappelant ISIS. Les martèlements accélèrent ou ralentissent sans crier gare, se font subtils puis furieux, et vont parfois jusqu’à s’effacer complètement (Big Strong Boss), témoignant d’une maîtrise, et surtout d’une sensibilité, qu’on tente vainement de nous cacher par un son glaçant.
Une à une, des guitares grasses, saturées, rejoignent le premier arrivé et remplissent la vaste surface avec une foule de petits riffs qui s’enlacent, s’imbriquent et se répètent à l’infini, jamais de la même manière. Bientôt, il semblerait que le hangar serve de repaire à des centaines de cordes orgiaques qui s’adonnent à une fornication savamment orchestrée. Les lignes se superposent et fusionnent dans une débauche de notes limpides ou huileuses selon que la montée en puissance est en cour, ou qu’elle aboutit sur un larsen orgasmique (Teeth Out). Les vitres de l’entrepôt délabré, pour la plupart fêlées, se mettent alors à vibrer en cadence, comme si le cœur du bâtiment, essoufflé par un long coma, connaissait un regain de vitalité.
Mais tandis que l’on suit du regard les fragments de verre qui se détachent des fenêtres et tombent avec fracas, faisant naître une volute de poussière dans l’atmosphère saturée de mélodies hypnotiques, on aperçoit parmi les débris jonchant le sol des témoignages sépia du passé de la bâtisse. Et alors un hurlement terrifiant déchire l’espace sonore, arraché à la gorge d’un écorché vif, maître de l’endroit et hôte de cette funeste symphonie de violence (Old Ass Player). Son cri, lacérée, se mue en pleurs, en complainte de loup aux abois, ou s’apaise et devient le récit d’une histoire, glauque, morbide, qui a fait de ce lieu un colossal sépulcre (Mr Marshall).
La confession s’achève sur une ultime explosion de hargne qui fait chuter le plafond et laisse se diffuser dans le bâtiment découvert une clarté suffisante pour trouver l’issue du sanctuaire et s’en retirer (Murder Kings and Killer Queens ).
Mais alors que l’on s’éloigne déjà, un clavier cristallin nous rappelle loin derrière, accompagné par le chœur des guitares, et l’on se retourne sur les ruines fumantes. A l’horizon, le soleil se lève à nouveau et irradie le bâtiment des doux rayons de l’aube (Kollapse). Et des gouttes de musique pleuvent sur la plaine désolée, qui bientôt reverdit comme si le printemps souhaitait rattraper ses années d’absence en ce lieu. Une couleur, puis deux… Un espoir qui renaît. Une innocence retrouvée.
Un album grandiose.
MP3 : Lost Crew
Les critiques des lecteurs
Un album magique, entre hargne et sérénité, après plus de 10 ans d'écoute assidue, toujours le même envol
Je rejoins l'avis général en confirmant la caractère indispensable de ce disque. Une merveille, un chef d’œuvre, tout est absolument parfait dans cet album. Breach, un groupe qui inspirera consciemment ou non une flopée de formations par la suite, dont certaines, si elles flirtent avec l'excellence de Kollapse, ne l'atteindront que très rarement, voire jamais...
Largement supérieur à la majorité des albums de ce style. Indispensable.
Pas de mots pour décrire. Du talents, des riffs qui nous plonges dans les abîmes, dès la première écoute j'ai craqué.
J'en veux encore et encore !! Par contre j'arrive pas à trouver les 1er album, même en amériques ils ne peuvent me fournir...
Un seul mot: MAGNIFIQUE
Dommage pour le split...
putain que ca fais du bien d'entendre enfin de la vrai musique.
Ds cet album on trouve de la poesie ds la brutalité.
MERCI BREACH
c'est dur d'expliquer ce que l'on ressent apres avoir écouté un disque de ce calibre. Nettement plus varié, mais tout en conservant une atmosphere homogène. On sent l'envie de s'orienter vers des ambiances plus prog, atmo (écouter Kollapse, c'est une merveille) Un album de très grande classe. Un groupe trop méconnu malheureusement qui aurait méritait plus d'attention. C'est culte !!! ( c'est déjà ça)
Mais comment font ils...après le redoutable "Venom", le groupe revient avec ce magnifique "Kollapse".
Cet album est une véritable réussite, c'est la merveille de Breach!
Indispensable.
J'ai suivi ton conseil Kid et j'suis pas déçu. Une vraie petite tuerie, surtout pour Lost Crew, Kollapse, tout en fait =P
"He threw the baby out the window, aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaah !!!!" Putain, le glockenspiel sur "Kollapse" est tout simplement incroyable. Y a définitivement que des suédois pour torcher un truc aussi génial.
un bijou.vraiment un bijou du genre.tout est maitrisé de bout en bout mais c'est quand meme malheureux de voir disparaitre des groupes de cette qualité.
Ils on largement évoluer depuis leur début,le son est puissant,à la fois doux et brutal,tout simplement génial.
je repete.un bijou
Superbe. Un chef d'oeuvre...
Je me dis que parfois il est bon de ne s'être ouvert à d'autres sonorités que sur le tard. Mieux vaut tard que jamais en effet.
Voir un groupe pondre une telle galette pour ensuite se séparer, le tout en direct, il y a de quoi rester bloqué.
Alternance de rage torturée et d'ambiances plus "posées", bien moins plates qu'il ne pourrait y paraitre au premier abord, cet album tient du génie.
Un ami: "Breach, le meilleur groupe de la création". Il exagère très certainement. Mais cet album est un pierre angulaire de l'épopée de la musique selon moi, c'est indéniable. On est loin, très loin des "Electric Ladyland" et autres "Horses" mais dans son style Breach est allé explorer victorieusement des chemins que peu empruntent. Surtout avec autant de brio.
Peu d'analyse, j'en conviens. Mais quiconque aura écouté cet ultime effort conviendra qu'il ne sert à rien ici de disserter sur le contenu. Il se ressent et se vit.
Vraiment bon ! Très très bon ! Le morceau final, Kollapse, est sublime, avec les petites clochettes et tout ça, ouah, j'en plane encore !!!
tout simplement génialissime!!
Réédité en 2013 avec un son mat 'Isisien', + de basse, de grosse caisse --> un régal, + 1 chanson bonus, j'ai enfin pu rentrer dans le délire de cet album que je trouvais assez fade et cru (comme un steak)!
Juste les temps morts qui baissent un poil ma note, mais quelle merveille sensorielle cette Noise virulente diluée dans ce Stoner bien gras (toujours comme un steak)!
Bref en plus simple: très bon skeud :)