L'histoire de ce The Devil And God Are Raging Inside Me, débute dès fin 2004. Alors que le groupe sort d'un certain succès avec Déjà Entendu, la presse - à renfort de couvertures - se fait l'echo des fans qui attendent son successeur. Toutefois, il faudra patienter encore une année pour découvrir les prémices de ce que sera ce nouel opus. En effet en janvier 2006 neuf démos déboulent sur internet et déboulonnent les fans. Qu'est-il arrivé à Brand New?
Derrière les neuf titres "untitled" se cachent une première ébauche d'expérience pop-rock, bien éloignée des influences punk qui leurs collaient à la peau. Le groupe semble s'être assagi, mais la confirmation ne peut se faire qu'avec un album finalisé. Il est cependant clair que le groupe entre dans une nouvelle phase. Il semble se livrer corps et âme vers une démarche pop-rock tel un Jupiter de Cave-in ou un The Bends de Radiohead.
Et à l'écoute de la mouture finale sortie le 21 novembre, de Radiohead il est forcement question. En effet l'influence est claire, assumée, mais frise presque parfois le plagiat comme dans cette outro de "Limousine". La presse se précipite donc sur cette aubaine pour les catapulter Radiohead américain (Alternative Press), toutefois le costume semble un poil trop grand pour le groupe qui, malgré tout, souffre d'un manque de personnalité. Pourtant la qualité de ces douze titres est indéniable, pour qui aime les mélodies, les longs titres lancinants et surtout pour qui n'aura pas d'à priori négatif pour ce changement soudain de style musical.
S'il est une autre particularité marquante, c'est cette mélancolie ambiante, cette musique lancinante accompagnée de texte à peine abstraits évoquant des thèmes sombres tels le passage vers l'au-delà ou les délires paranoïaques. Et si le titre du disque évoque avant même la première écoute une schizophrénie profonde, cet album est aussi énormément imprégné par la mort: 15 personnes, amis et membres de la famille, de ceux qui ont participé à celui-ci ont trouvé la mort durant son enregistrement. Si ce disque leur est dédié, il est évident que ces drames ont contribué à créer une atmosphère sombre et triste bien loin des préoccupations adolescentes de ses prédécesseurs.
Cependant Brand New, n'a pas tout perdu de ses exubérances passées, la faculté qu'a ce groupe à surprendre est intacte. Si le changement radical de style constitue déjà une surprise en soi, l'album est bourré de passages inattendus qui finiront par décontenancer l'auditeur pour son plus grand bonheur. En effet comment ne pas tomber sous le charme des ces chœurs inopinés mais si justes sur "Degausser", comment ne pas apprécier cette surprenante accélération comparables à celles de Déjà Entendu à la fin de "You Won't Know", et comment ne pas succomber à ces trois titres "Not The Sun", "Luca", "Archers" au tempo bien plus rapide que le reste du disque entrecoupés par un brusque intermède instrumental?
Un temps confiée à Dennis Henning (Modest Mouse), la production sera finalement signée Mike Sapone (The Early November, Straylight Run). La touche de ce dernier (maintenant considéré comme "5eme membre") est forte. Contrairement aux précédents disques l'ensemble apparait très cohérant, voire conceptuel et le groupe y gagne en accessibilité et maturité. Le travail de mr Sapone permet ainsi de transformer les démos de janvier en véritables singles potentiels: "Sowing Season (Yeah)", "Luca".
Brand New a donc changé, mûri c'est certain, et mis à profit une longue période de silence et de travail pour composer un album profond, de qualité et surtout voulu et assumé. Si l'influence de très grands groupes (Radiohead) est claire, il est encore trop tôt pour hisser les originaires de Merrick à la hauteur de ces derniers. En effet si le groupe a clairement progressé, il ne pourra atteindre les sommets que s'il gagne en régularité notamment sur ses choix musicaux, sous peine de voir partir, en faveur d'une nouvelle vague, ses fans actuels vers d'autres cieux.
Ecouter "Sowing Season (Yeah)", "Jesus Christ" et "Welcome to Bangkok" sur leur page Myspace.
Une certaine logique dans l'evolution finalement...
Il y a autant de difference entre TDAGARIM et deja entendu qu'entre ce dernier et my favorite weapon.
Ils suprennent, et ca me plait! Ils ont une personnalite tres affirmee contrairement a ce qu'on pourrait croire les 2-3 premieres fois (comme le note Ars Moriendi). Je pensais au debut que j'accrocherais moins que pour le precedent, mais je me suis laisse happer par la musique, en voiture, en avion, ou dans son lit, je garanti que ca fait le meme effet. C'est transcendant.
Il s'agit de s'en impregner a fond, pour se rendre compte de la profondeur incroyable qu'a atteint le groupe dans ses compositions. Ca vient des trippes, indeniablement, et mine de rien on sent un certain fil conducteur entre deja entendu et ce petit dernier. Ils ne se sont pas perdus c'est clair, et meme bien au contraire, je crois que cet album est un pan entier de la personnalite musicale du groupe qu'ils ont su (se) reveler avec brio.
Et les paroles sont de vrais poemes, il y a une capacite d'ecriture derriere qu'il faut absolument saluer!
Je pense personnellement que cet album vaut 19, bien plus que 14 en tout cas!
;-)