After the Eulogy (2000) marque un tournant dans la carrière de Boysetsfire et dans "l'histoire" de l'emocore, style encore en bas-âge à l'époque. L'album de la consécration se veut moins sombre et inquiétant que l'album et les EPs le précédant, mais pas pour autant plus optimiste et enthousiaste.
Ainsi, AtE débute sur le titre éponyme et ses "Rise! Rise! Rise!..." injonctifs, alarmants et récurrents, suivis de ses "Where's your anger? Where's your fucking rage?". Une plaidoirie hardcore (qui ne va pas sans rappeler à certains égards leurs potes de feu-Snapcase) en faveur de la prise en considération des laissés pour compte (du Tiers-Monde notamment) par les sociétés Occidentales engrossées de leurs éloges (eulogy en anglais) auto-complaisantes.
BSF verse d'un côté dans le social et l'humanisme via le hardcore, et de l'autre dans le sentimental plus personnel via des morceaux emo, avec la même passion. C'est en ce sens que le quintet s'imposa comme l'un des premiers combos à incarner pleinement cette notion de prime abord antithétique qu'est l'emocore.
Vascillant entre accords de puissance virils, riffs tendus, mosh parts, voix gutturales/rageuses, et harmonies coulées en son clair accompagnées d'un chant tout en douceur, en finesse ("My Life in the Knife Trade"), et en passant par tous les stades entre les deux, Boysetsfire a depuis longtemps le don d'en laisser plus d'un perplexe (notamment en concert). AtE est donc un album qui peut se révéler déroutant, mais qui est néanmoins dynamique et efficace, tant dans l'âpreté extrême que dans l'extrême mélodie.
Après quelques déboires, BSF est d'ailleurs aujourd'hui (comme au début) emmené par Nathan Gray, chanteur aux voix aisément reconnaissables, et aussi charismatique qu'énigmatique; qui peut être un parolier aussi brillant et intelligent qu'un showman doué mais abruti par l'alcool. Gray est à l'image de la musique de son groupe, une entité intrigante à plusieurs visages.
De la rage et de l'émotion dans des titres super efficaces. C'est vraiment frais !