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Biographie

Botanist

Botanist est le projet d'un homme originaire de San Francisco, Roberto Martinelli, exilé de toute forme de civilisation. Dans son sanctuaire de verdure propice au recueillement, l'homme attend l'éradication de l'espèce humaine, et le renouveau de la nature. C'est en 2009 que Botanist prend racine et délivre son message d'une nature toute puissante et transcendante à travers un Black Metal expérimental et atypique. Le musicien enregistre seul la batterie, le chant, mais aussi un instrument étonnant pour le genre, un dulcimer. Le premier effort I: The Suicide Tree / II: A Rose From The Dead, sort en 2011 et fait déjà preuve d'ambition avec un double album de quarante titres. Botanist se fait petit à petit connaitre en même temps que des formations américaines qui montrent un nouveau visage du Black Metal comme Bosse-De-NageAsh Borer ou Fell Voices. Un second disque, III: Doom In Bloom / Allies sort en 2012 puis le groupe signe chez Flenser Records pour la sortie de IV: Mandragora et d'un split avec Palace Of Worms en 2013. Après quelques concerts concerts avec Behold... The Arctopus, Botanist revient l'année suivante avec VI: Flora.

Chronique

16 / 20
4 commentaires (15.38/20).
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VI: Flora ( 2014 )

Botanist est un groupe pour le moins productif. Avec quatre albums en quatre ans, ce « one man band », derrière lequel se trouve Roberto Matinelli, apporte année après année une pierre à l’édifice de la nouvelle vague du Black Metal que l’on appelle communément « Blackgaze ». En 2014, l’américain franchit un pallier dans sa carrière, avec un album aux reliefs soignés que nous allons ici effeuiller. 

Cela fait maintenant quelques années qu’une flopée de groupes plus ou moins talentueux s’évertuent à remodeler un genre qui paraissait pourtant à bout de souffle, en lui insufflant dans les bronches l’apanage du succès des années 90 pour bon nombre de groupes : le shoegaze. Cette fusion, dont le porte-étendard n’est autre que notre frenchy Neige avec son groupe Alcest, se popularise au début des années 2000. Si ce nouveau-né a fait des émules, les clones qui se sont engouffrés dans la brèche, n’offrent cependant que rarement un renouveau véritable, une marque de fabrique propre. Botanist, au contraire, parvient à se démarquer du lot.  

Pourtant loin d’être un fan acharné de Black Metal, ou même de son rejeton « shoegaziré », le nouvel album de Botanist me fait du pied dès la première écoute. C’est que l’on s’y sent particulièrement bien. Edulcorant la rudesse décharnée du Black Metal par des notes de clavier sucrées, Botanist ne change pas fondamentalement la formule, mais parvient malgré tout à y imposer sa marque. Si l’on considère – certainement à juste titre – que Deafheaven est aujourd’hui le fleuron du « Post Black Metal », Botanist délivre ici une œuvre qui se démarque de celle de ses compatriotes. S’il en reprend pourtant les codes, c’est pour mieux en jouer. Entre cassures rythmiques, instrument inédit (le dulcimer) et pieds de nez mélodiques à la limite de la pop, la musique de Botanist s’accointe d’avantage de l’avant-gardisme que du repli identitaire. 

VI : Flora illumine la nostalgie. D’une beauté malade, il fait partie de ces albums qui laissent l’auditeur dans la confusion des sentiments. Terriblement accrocheur, ses pouvoirs contemplatifs se révèlent en voyage. Trimbalez-le, emportez-le partout avec vous, le monde semble se remodeler sous son courroux. Amoureux de la nature, Botanist, comme son nom l’indique, prend l’homme par les cornes pour mieux le replacer dans sa petitesse face à notre mère commune. De sa violence camouflée se dégage malgré tout une forme d’apaisement continue. Les morceaux s’enchainent dans une cohésion étonnante, pas un mot plus que haut que l’autre. Si le tout peut sans doute pêcher par manque de diversité, la courte durée de l’album (38 minutes) permet habilement à l’auditeur de ne pas se lasser. 

Botanist peut se targuer d’avoir sorti en 2014 un des meilleurs albums de « Black » qu’il m’ait été donné d’écouter cette année. A mi-chemin entre traditions et expérimentations, c’est avec l’œil vif et taquin que l’américain fusèle avec légèreté les anicroches d’hier en espoirs de demain. 

A écouter : En voyage