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Biographie

Bossk

Lorsque Bossk voit le jour en 2005 à Ashford (Angleterre), le jeune groupe se fait rapidement remarquer suite à la sortie d'un premier EP répondant sobrement au nom de .1 en 2006. Dès lors le quintet ne cesse de tourner tout en se consacrant à l'écriture de .2. Ces tournées intensives croisent les routes de Cult of Luna, Capricorns, Baroness, TexturesKruger ou encore Devil Sold His Soul et The Ocean. Malgré une renommée grandissante et un bon accueil critique, Bossk perd deux de ses membres fondateurs début 2008. Bien que vite remplacés, cet évènement n'empêchera pas la formation de finalement se séparer en Octobre suivant, laissant derrière elle deux EPs et un DVD (par la suite réunis sous Trilogy 2005-2008). Un titre inédit est tout de même publié sur un split partagé de manière posthume avec Rinoa en 2009.
En 2012, le groupe annonce sa reformation et nous livre enfin, au printemps 2016, son premier LP.


Chroniques

Audio Noir .1/.2
16 / 20
6 commentaires (16/20).
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Audio Noir ( 2016 )

Il aura fallu une patience à toute épreuve à ceux qui suivent Bossk depuis les débuts du groupe en 2005. A peine arrivés à un début de reconnaissance dans le sillage de deux EP convaincants (.1 et .2), les Britanniques se séparaient en 2008 avant d’annoncer, quatre ans plus tard, une réformation qui mettra elle aussi du temps à donner des fruits. En 2013 sortait chez Deathwish Records un single, Pick Up Artist, montrant que le combo gardait sa pertinence et une grande capacité à assimiler des influences sur la base desquelles sa musique pouvait grandir.

Car Bossk, en effet, fait partie de ces groupes qui nous en évoquent immédiatement des tas d’autres. Cette affirmation, qui peut facilement être interprétée de façon péjorative et cacher un manque flagrant d’originalité, prend sur Audio Noir (premier LP de sa discographie) un sens différent, tant le talent d’écriture y est évident. On est ici à la frontière fictive entre Post-rock et Postcore, entre Explosions In The Sky et Cult of Luna, entre Air et Terre. La fusion de ces deux genres a rarement été aussi réussie et efficace que sur les 45 minutes d’un disque dont le point fort se révèle rapidement être une dynamique constante. La batterie, qui joue un rôle primordial sur cet album, oublie la démonstration technique pour se concentrer sur le rythme et générer l’énergie nécessaire à la mise en place du reste des instruments. Et lorsque la machine est en route, on ne peut qu’admirer la facilité déconcertante avec laquelle Bossk passe en un claquement de doigts d’arpèges aériens à de terribles déflagrations, tel le dantesque Kobe et son groove imparable. Les guitares se font tour à tour tranchantes puis étouffantes. Le chant, noyé dans le mixage et saturé, dégage une noirceur et un désespoir qui viennent encore enrichir la palette des Anglais. Imaginez un instant un riff d’Electric Wizard joué par Isis, et vous aurez une idée de l’ambiance cataclysmique installée par un Heliopause trempé dans le Doom. Relancer nous emmène sur des terres dévastées familières à Godspeed You!Black Emperor (ou à sa « filiale » A Silver Mt Zion) alors qu’Atome Smasher s’offre, sur sa première moitié, un clin d’oeil très Heavy-Stoner et du plus bel effet. Le piano et les cordes de Nadir invitent à une dernière séance de méditation avant l’ultime voyage (The Reverie II), inspiré des pérégrinations précédentes, où toutes les qualités du groupe se voient synthétisées en un peu plus de 10 minutes passionnantes et conclues par un final cathartique. 

Bossk a peut-être attendu dix ans pour enfin franchir le pas et accoucher de son premier album, mais que tous ceux qui ont continué à surveiller, de près ou de loin, sa carrière se rassurent, le jeu en valait la chandelle.

15 / 20
2 commentaires (16/20).
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.1/.2 ( 2008 )

Bossk joue à l'ancienne. Du Postcore - ou du Post Metal, c'est comme vous voulez - "à l'ancienne". Le concept est paradoxal puisque le style est somme toute assez récent. Oui mais voilà, Bossk, en trois ans d'existence véritable, a accompli ce que beaucoup dans le genre avaient peut être déjà un peu oublié: faire toner son ensemble.

Quand Bossk se lance les influences sont bien présentes car, quoiqu'on en dise, les premiers enregistrements restent encore bien souvent des mètres étalon du genre. Cult of Luna et Isis, désormais affairés à développer une musique plus éthérée et lumineuse qu'à leurs débuts, planent loin au dessus du quintet britannique, tentant de l'arracher à l'attraction terrestre. Ce sort, l'immense majorité du genre l'a déjà connu... pour le résultat que l'on sait. C'est sur ce point que la formation d'Ashford va se démarquer: soumis comme ses comparses aux lois de la gravitation, Bossk refuse pourtant d'aller baver sans retenue sur le Post Rock épico-larmoyant, tendance générale qui à mené le Postcore à décliner sans fin la même alternance prévisible *ambiance cristalline gonflée à l'hélium/doooooom* rempompée aux deux groupes précités jusqu'à l'écœurement.
Bossk ne s'envolera pas. Bossk ne se perdra pas - peut être parce que le groupe n'en aura pas eu le temps. Et c'est tant mieux. Derrière une filiation évidente, le leitmotiv est clair. .1&.2, son heure de durée et ses quatre titres (soit la totalité de .1 et .2) reprend les codes à l'origine du genre, faisant des accalmies tantôt des moments de recueillement, tantôt des moments de tension, élevant juste ce qu'il faut ses compositions pour rester dynamique et écrasant au moment ou il retombe, brisant ses élans stratosphériques avant que la montée ne soit incontrolable. Il faut juste leur en laisser le temps. Solidement ancré sur le plancher des vaches par une basse organique, Bossk étale sa progression (qualitative), partant d'un I relativement classique mais très plaisant pour finir sur un très solide Truth. Une heure, quatre titres: un instrumental en ouverture et un titre qui voit intervenir le chant sur chaque EP. Un .1 académique, bien emmené, spontané et dynamique qui évite de s'auto-contempler dans une béatitude mièvre et un .2 plus sombre et virulent, au traitement sonore alourdi à mi chemin entre Australasia (Pelican) et fuzz Stoner/Doom. Car là est aussi l'intérêt de ce double LP: constater la (marge de) progression énorme à chaque nouveau titre d'un groupe disparu juste avant d'exploser. Frustrant mais O combien réconfortant sur les possibilités encore existantes pour le genre.

Bossk n'invente certes rien mais ces quatre titres sont loin de sonner comme des faces B des ténors du genre. Ce n'est pas rien. Adeptes du mouvement perpétuel plutôt que du remplissage et de l'empilement de plans aux transitions hasardeuses, les cinq anglais démontrent qu'il est encore possible de faire du Postcore autre chose que de la musique d'hospice. Ne serait-ce que pour cette raison, ils méritent bien une écoute. Posthume, malheureusement.

.1&.2 est encore disponible via le très recommandable label Eye of Sound (Humanfly, Intronaut, Manatees, Dysrhytmia, Yakuza,  Devil Sold His Soul...).

A écouter : .1 et .2