1992 est une année phare de la révolution musicale. Rage Against The Machine sortait son culte premier album avec des titres phares tel Know Your Enemy. Il en allait de même pour Body Count et Cop Killer, rapidement banni des disquaires puis remis en vente sans le titre incriminé. Pour rajouter à la légende, le destin des américains fut relativement tragique, alternant entre décès et albums, mais il en reste des disques rageux, ancrés dans une réalité urbaine et violente comme le laisse présager l'artwork de ce premier jet.
D'entrée de jeu, ce qui frappe lors de l'écoute de ce dique est la capacité du combo à osciller entre fusion (Freedom Of Speech avec Jello Biafra des Dead Kennedys) et Hardcore Old School (KKK Bitch ou Bowels Of The Devil). Bref, loin des archétypes afro-américains de l'époque (l'énorme The Chronic de Dr. Dre sorti la même année) même si la rage transmise reste proche. L'engagement s'oriente ici plus vers un antiracisme profond et une haine de l'état policier bien ancrée (l'intro de Smoked Pork -Porc Fumé dans la langue de Molière- donne une réelle idée des sentiments portés par Body Count ou la batterie "coup de feu" de Cop Killer). Les thèmes abordés par la bande d'Ice-T sont toujours d'actualité, donnant à Body Count une dimension intemporelle : Les brutalités policières déjà mises sur le devant de la scène par NWA sont encore présentes tandis que le racisme fait toujours certains gros titres, amené ici de manière directe et crue (le glauque Momma's Gotta Die Tonight, où le héros se retrouve confronté au racisme anti-blanc de sa mère et le très sexuel KKK Bitch).
Les musiciens posent un son sombre, tandis que le frontman n'hésite pas à pousser son flow, hip-hop ou hurlé, à l'instar des cordes s'emportant via quelques soli sans pour autant renier un certain groove (KKK Bitch ou Freedom of Speech). La section rythmique, même si elle reste assez basique, se porte garante du tempo que ne renierait pas Minor Threat, Bad Brains ou Black Flag sur les parties plus punk (Bowels Of The Devil ou Cop Killer) ou simplement d'un rendu plus metal (Body Count Anthem ou The Winner Loses et ses choeurs) lorsque l'ensemble ne flirte pas avec une fusion typée RHCP ou RATM (Momma's Gotta Die Tonight ou Freedom Of Speech). Body Count se posait déjà, en 1992, dans un mouvement fusion proche de Downset. dans un forme plus primaire.
"The problem isn't the lyrics on the records. / It's the fear of the white kids liking a black artist. / But the real problem is the fear of the white girl / falling in love with the black man."
Body Count est profondement riche, varié et derrière son apparence guerrière, une vraie culture urbaine se dégage de l'ensemble de l'album. Ne nous méprenons pas, il va sans dire que Cop Killer, même après de nombreuses années, sera toujours là pour inciter à la révolte ou que Momma's Gotta Die Tonight sera toujours une hymne contre le racisme et ce même si la direction musicale prise par le groupe dans les années 2000 peut paraitre discutable. Un énorme classique, à ranger culturellement aux côtés d'un bon RATM et musicalement entre deux classiques hardcore...
L’une des bases du Metal Fusion.
Bon, la prod a prise un coup dans la gueule depuis le temps et c’est bien là le seul point negatif de ce premier album, les compos n’ont absolument rien perdu de leur superbe.
Un pont parfait pour fan de hip hop qui aimerait s’initier au metal par ailleurs.