Après les signatures de Graveyard, Witchcraft et Kadavar, voici venu les suédois de Blues Pills chez le label Nuclear Blast Records, décidément bien friand ces deux dernières années du revival Rock rétro. Quand on voit la qualité des disques estampillés Blues Rock / Stoner / Psychédélique qu'il sort, on se dit que le géant allemand a finalement le nez creux pour dénicher les bons groupes du genre.
Pas de mystère ni de surprise, Blues Pills a de quoi enchanter nos oreilles à la recherche de vieilleries sonores retapées, même si, bien évidemment, les grincheux et les aigris de côté qui n'y verront que de la repompe. Car il y a des choses à dire sur leur musique qui a largement de quoi séduire et tirer son épingle d'un jeu ou les cartes sont connues de tous. Il suffit presque d'écouter le premier titre High Class Woman pour savoir si l'on va adhérer ou non. Basse qui vient faire fumer les amplis, rythmique entraînante, guitares Led Zeppelienne comme ligne directrice et une voix aux élancées incroyables qui rappelle tout de suite Janis Joplin. On ne s'embarrasse pas de superflux car ce Blues Pills mise tout sur son apparente simplicité et son efficacité.
Mais là, où l'on pourrait craindre un disque tout juste sympathique ne retenant l'attention qu'une poignée d'écoute, Blues Pills se permet de gravir quelques échelons sur le long terme par l'écriture de ses morceaux portés par deux atouts indéniables. Le jeu de gratte de Dorian Sorriaux très inspiré par Jimi Hendrix / Jimmy Page (Led Zeppelin) et la voix habitée d'Elin Larsson qu'on compare inévitablement, et c'est un compliment, à Janis Joplin. Dressant un autel dédiées aux années 60/70, le groupe brandit continuellement le spectre des ainés Doors-Floyd-Zeppelin-Hendrix-Sabbath d'une très bonne manière, comme parfaitement assimilé. Il faudra donc compter sur un cartonnage dans les règles de l'art sur des titres autoroute 66 (Jupiter, Ain't No Change, Devil Man), du rythmiquement imparable (Gypsy) et même si tu crois que c'est un peu mou (Black Smoke), tu peux toujours compter sur Blues Pills pour accélérer la cadence et te sortir un excellent riff ou solo de derrière les fagots. River ou No Hope Left For Me, plus aériens et posés, font au contraire office de respiration au milieu de l'album, permettant d'apprécier encore plus le talent vocal d'Elin alors que Little Sun est une jolie ballade Folk en conclusion. On notera également le chaloupé Astraplane dans des tendances Rock Floydien durci assez génial, preuve que même avec du vieux, on peut se montrer inventif et qu'en l'espace de dix titres, il est possible de ne pas refaire toujours le même morceau de Blues / Rock psyché.
Il faudra tout de même préciser que cet album éponyme ne peut pas être complètement considéré comme un premier vrai album, puisque sur la dizaine de morceaux qui le compose, quatre seulement sont de nouvelles compositions. Heureusement les anciens titres comme Devil Man ou Jupiter (anciennement Bliss) ont été un poil retravaillés et réenregistrés avec un meilleur son, mais, à la manière de Black Pyramid qui sortait son premier album éponyme dont la moitié des titres venaient d'une démo et d'un ep, Blues Pills, certainement un peu pressé par le label, réutilise ses anciens morceaux présents sur les deux eps et un single datant de 2012 / 2013. Les amateurs qui les connaissent depuis deux ans seront donc certainement déçu en espérant en entendre d'avantage, mais pour les autres, cet album, qu'on peut presque voir comme une compilation qui a pour but de faire découvrir Blues Pills à un plus large public, sera une belle découverte.
Quand bien même, en considérant uniquement la qualité musicale de ces dix morceaux, l'on tape facilement dans le haut du panier des groupes qui la joue rétro Rock. Ca ne réinvente pas la roue, comme d'autres avant eux et comme énormément de sorties musicales Rock ou non, mais ça a suffisamment de personnalité, d'envie et d'énergie pour qu'on s'attarde dessus. Et bordel, cette voix!