Excellent album de "death progressif" avec un son dantesque.
Blood Incantation
Atmospheric Death Metal
Absolute Elsewhere
01. The Stargate [Tablet I]
02. The Stargate [Tablet II]
03. The Stargate [Tablet III]
04. The Message [Tablet I]
05. The Message [Tablet II]
06. The Message [Tablet III]
Chronique
Depuis sa sortie en octobre dernier, difficile d’échapper à la déferlante Absolute Elsewhere. Propulsé un peu partout sérieux candidat au titre d’album de l’année, le troisième LP de Blood Incantation a littéralement envahi la sphère médiatique Metal. Avec trois mois de retard sur à peu près tout le monde, difficile de se sentir particulièrement original au moment d’écrire cette chronique. La tentation du non-conformisme était forte mais rien n’y a fait et a bien fallu se ranger à l’évidence...
Chacun est libre de se bercer d’illusions mais le succès arrive rarement par hasard, et encore moins d’un claquement de doigts. Absolute Elsewhere est ainsi le produit d’une lente maturation, de celles qui prennent plus d’une décennie à leurs créateurs. Le chemin dessiné depuis 2011 semble désormais très clair, chaque production du groupe semblant agir comme un cliquet. Depuis Luminescence Bridge, toutes les pièces étaient présentes, ne restait plus qu’à les assembler. Dans le compagnonnage, le chef-d’œuvre est l’œuvre que doivent réaliser les apprentis pour pouvoir passer maître. Plus qu’un aboutissement, le résultat relève bien souvent de la démonstration ostentatoire d’un savoir-faire nouvellement acquis. Seul le temps permettra de déterminer, rétrospectivement, si Absolute Elsewhere est un chef-d’œuvre au sens artistique du terme. Ce que l’on peut en revanche déjà dire ce qu’il n’est en rien tapageur. Au contraire c’est un bijou d’équilibre et de fluidité, même lorsque les transitions entre les différents styles qui le composent peuvent être brutales. Sur le papier, cela n’était pas gagné lorsqu’on annonce un mélange de Death, de Prog, de Psyché, de Krautrock et d’électro typé 70s baignant dans une ambiance mêlée de mysticisme et d’ésotérisme New-Age. C’est sans doute là que réside la véritable prouesse de Blood Incantation.
Pour y arriver, le quartet du Colorado a su se faire accompagner. C’est ainsi aux studios Hansa de Berlin (Depeche Mode, Iggy Pop, David Bowie, Killing Joke, Nick Cave And The Bad Seeds…) que ce 3ème LP fut enregistré, sous la direction d’Arthur Rizk musicien multi-instrumentiste (Eternal Champion, Sumerlands). C’est à ce dernier que l’on doit déjà la production d’une cinquantaine d’albums tels que Cavalera Conspiracy, Power Trip, Trapped Under Ice, Wayfarer, Soulfly…. En résulte une certaine profondeur parfaitement adaptée à la richesse du son de Blood Incantation. Cerise sur le gâteau qui, on l’imagine, a dû constituer une forme de Graal pour les musiciens, l’album est marqué par la collaboration de Nicklas Malmqvist d’Hällas et surtout de Thorsten Quaeschning de Tangerine Dream.
Composé de deux morceaux, The Stargate et The Message, subdivisés en trois sous-parties appelées « Tablet », Absolute Elsewhere navigue, malgré les vents contraires qui l’animent, de façon remarquablement souple et fluide. Tempêtes cosmiques Death et ambiances Space Rock se répondent ainsi pendant 44 minutes sans que jamais l’équilibre ne se rompe. Plus que de simples interludes ou des respirations, les passages Prog qui jalonnent le disque lui conférent un incroyable caractère immersif. Au-delà des plages instrumentales (The Stargate [Tablet II], The Message [Tablet II]) c’est l’album tout entier qui est saupoudré de sonorités tribales, de riffs luxuriants, de flûte mystique ou encore de chant d’inspiration liturgique. Ne maîtrisant hélas pas suffisamment cette référence, je me garderai de mentionner ici les apparentes évidentes références à Pink Floyd. En revanche, certains passages (le roulement de batterie à 4 :39 de The Message [Tablet III], pour ne citer que lui) m’évoquent du Mastodon du début des années 2000, avant le virage Rock de The Hunter. Il y a également du Between The Buried And Me (en moins barré) dans cette capacité à passer du brutal à l’inattendu. En parlant de brutal, Absolute Elsewhere poursuit la dynamique engagée par ses prédécesseurs. Le Death ultra rapide des premiers albums se fait ainsi plus lourd, plus pesant et aussi, logiquement, un peu moins présent. Cela pourra ainsi, et de façon légitime, être ressenti comme une perte par les amateurs des débuts. Cependant, cette dimension essentielle et fondatrice des Américains est loin d’avoir disparu, en témoigne la longue et prenante chevauchée finale de The Message, magnifiquement introduite par les roulements tribaux de la batterie et conclue par des nappes de synthé laissant l’auditeur dériver dans le cosmos.
Comme annoncé d'entrée de jeu, cette chronique rejoint donc le flot des louanges sans nuance qui accompagne Absolute Elsewhere depuis sa sortie. En attendant de voir de quoi sera faite la prochaine évolution de Blood Incantation, leur passage au printemps prochain par la France sera l’occasion de tester si toute cette richesse passe l’épreuve de la scène.
Absolute Elswhere s'écoute en intégralité sur bandcamp.
Les critiques des lecteurs
Excellent album de "death progressif" avec un son dantesque.
un album qui fourmille de références, d'hommages, un mélange divin et spatial. Un album majeur et pas seulement pour 2024.