Blood Incantation
Atmospheric Death Metal

Hidden History Of The Human Race
Chronique
A n’en point douter, les bienheureuses et bienheureux déjà convertis à l’époque Starspawn/Interdimensional Extinction se sont jetés sur ce nouveau bébé-alien et l’ont sûrement rangé parmi les albums phares de 2019. Pour les autres il n’est pas trop tard, munissez vous de la première combi spatiale à vous tomber sous la main, faites un bisou à vos proches, et en route pour le futur.
Pour son deuxième long format, Blood Incantation nous trimbale à nouveau dans son décor mystico-spatial caractéristique. Le groupe y déploie son Death Metal très illustratif et visuel, parcouru par des faisceaux d’harmoniques et traversé de mélodies lasers. Le quatuor fait le pari de transporter son auditeur plutôt que de le faire mouliner des bras ou ployer la nuque. Les riffs misant sur l'efficacité pure sont disséminés çà et là et n'occupent qu'une place secondaire du paysage.
Au contraire, les musiciens préfèrent nous donner à entendre des bizarreries difformes, à varier les gammes mineures et majeures dans des mesures peu stables. De quoi se représenter des créatures immondes venues du fin fond de l’espace-temps pour asservir l’humanité. A condition de s’en donner le temps, car on ne peut apprécier pleinement ce disque d’une simple oreille distraite ; Hidden History Of The Human Race ne révélera ses secrets qu’avec une écoute attentive et complète.
Mais que les plus fâchés avec la musique sophistiquée ne se formalisent pas. Conscients de la frénésie qu'ils imposent, les Américains n'hésitent pas à lever le pied à plusieurs reprises. On nous sert du mid-tempo aux cymbales ruisselantes et aqueuses, tandis que soufflent les vents de phaser et de notes clean. Plus nombreux qu’auparavant, ces interludes (parfois abrupts) fonctionnent et donnent du relief, de l’atmosphère, ils posent un cadre. Une sorte de panorama apaisé avant de se faire ravaler tout cru par le chaos (Inner Paths (To Outer Spaces)).
Comme à l’habitude de ses géniteurs (on se souvient de Vitrification Of Blood pt.1), HHOTHR s'achève par un voyage de 17 min que l'on imagine en parfaite résonance avec les scènes hallucinées du vortex de 2001 L'odyssée de l'espace. On y décèlera de gros clins d’œil appuyés aux vieux jours de Death et au Formulas Fatal To The Flesh de Morbid Angel, mais pas que. Parce que c’est dans ces titres les plus développés que l’on épouse le plus la musique de Blood Incantation, instable par moments puis coulant de source dans les solis et les phases mélodiques qui nous ramènent à la réalité.
A l'instar de Death, Cynic et Atheist qui ont en leur temps ouvert des brèches Death-Prog qui leur étaient propres, Blood Incantation trace lui aussi un nouveau chemin tortueux. En plein âge du Death Old School revisité, les Américains font partie de la poignée de formations à avoir un son, une patte vraiment spécifique et immédiatement identifiable. Les gars du Colorado tirent leur épingle du jeu une nouvelle fois et vont conquérir à coup sûr de nouveaux territoires avec cette deuxième engeance.
Une des tueries brutal death de l'année! J'ai découvert le groupe avec cet album et ça m'a donné envie de me pencher sur le reste!