Après
nous avoir mis sur orbite avec Interdimensional Extinction, le
quatuor de Denver est de retour pour nous faire explorer les méandres
d'une planète au climat hostile : Starspawn. Immergé
dans ce macrocosme sonore l'auditeur sera mis à mal, confronté à
un univers musical instable et protéiforme.
Pas
de piste introductive ni d'entrée en matière progressive.
Vitrification
Of Blood (Part I)
démarre au quart de tour avec un Death sulfureux au son bougrement
heavy. Rudoyé par les frappes massives de la batterie et les riffs
malsains des grattes, on est
comme happé par une cadence infernale. Blood
Incantation
nous bringuebale par des incartades imprévisibles tout en conservant
cette touche de folie dérangeante nourrie par un son chaud et
organique. Hidden
Species (Vitrification Of Blood Part II)
nous précipite davantage dans ce sentiment d'inquiétante étrangeté
avec ses mélodies distordues et ses paysages sonores lunaires.
Toujours en mouvement, les compositions témoignent d'une inventivité
intarissable à tel point que rien ne laisse présager les
renversements de thèmes ou les volte-face rythmiques. On a
l'impression que le groupe a donné libre cours à son inspiration
sans s'imposer de limites quant aux structures et longueurs des
morceaux. Avoir osé pondre un titre de 13 minutes pour un album de
35 minutes, c'est pour le moins déconcertant.
De
part son approche, la musique tempétueuse des deathsters peut
évoquer le caractère turbulent/touche-à-tout de maudlin
of the Well.
Combinant
des parties tantôt rentre-dedans tantôt groovy, des passages
psychédéliques viennent aérer le tumulte de la narration. Dans une
sorte de délire hallucinogène les solos de guitare se propagent au
moyen d'effets chorus planants. Mais si chaque membre fait preuve
d'une grande maîtrise de son instrument, ils nous épargnent un
déluge de démonstrations techniques indigestes propre à certains
groupes de Death Technique sur-produits.
Starspawn apporte un vent
de fraîcheur dans le paysage du Death Metal. Sans non plus se
détacher totalement des canons du genre (Morbid Angel, Death)
ce dernier joue avec les codes et crée un univers très personnel.
Il est vrai que la structure éclatée des morceaux peut rebuter ou
donner la sensation d'une superposition d'ébauches mais cet aspect
déroutant nous incite à apprivoiser l'album du début à la fin
faisant obstacle à toute lassitude. Malgré sa courte durée ce
nouvel ovni prouve que tout n'a pas été dit, que l'on n'est pas
condamné à se tourner vers le passé et à répéter les même
schémas.
A écouter : Vitrification Of Blood (Part I) / Hidden Species (Vitrification Of Blood Part II)