Oh, bah tiens, bah voilà un groupe qui sort de nulle part et qui donne dans l’hommage aux 70s à grand renfort d’occulte, de volutes de fumée et de visionnage intensif de films types série B. Original. Mais ne soyons pas mauvaise langue, cette vague rétro-Doom qui bloque complètement sur le Prog hippie génère de bien bonnes choses, comme par exemple Witchcult Today d’Electric Wizard ou encore Lords of the North et Jex Thoth, dont le buzz autour de son -immense- premier album aura duré un bon moment. C’est d’ailleurs dans la droite lignée de ce dernier que s’engouffre Blood Ceremony, avec des influences similaires et une même utilisation du chant féminin.
Pour autant, il ne faut pas s’attendre à une copie carbone de Jex Thoth. Certes, le chant blindé de références mystiques (surprenant, hein ?) rappelle inévitablement le disque éponyme des gens habillés à la mode moyenâgeuse, c’est par exemple flagrant sur I’m Coming with You ou Into the Coven, mais Blood Ceremony va plus loin dans l’exploration de cette époque allumée qu’étaient les 70s en développant un côté Prog Rock bien plus prononcé que ses contemporains proto-doomeux. Ainsi l’ambiance se fait davantage bucolique qu’occulte avec des riffs aériens, des claviers kitsch et… de la flûte. Tout le temps. Partout. Parfois même trop, d’où quelques grimaces lors de la première écoute (A Wine of Wizardry quoi, un instru à la flute !). Autant donc dire qu’il faut accrocher tout de suite, parce-que la recette est la même d’un bout à l’autre de l’album. L’uniformité de ce disque est d’ailleurs son principal défaut, puisque toutes les pistes sont similaires. Le groupe semble ainsi avoir eu du mal à construire quelque chose de personnel sur une base qu’il est loin d’être le seul à exploiter, surtout en ce moment.
Pourtant, même si l’utilisation à outrance de la flute peut paraître casse-gueule, elle prend tout son sens lorsque l’on considère la tonalité générale du disque, car si la miss répète à qui veut qu’elle voie des sorcières dans le ciel, c’est plus à cause du vin dans son acide qu’autre chose. Il faut donc oublier l’atmosphère type messe noire d’Electric Wizard, puisque malgré son nom, Blood Ceremony tient plus d’une vaste célébration genre Summer of Love que du sabbat noir. Du coup, l’utilisation du terme Doom Metal serait presque galvaudée si l’on ne trouvait pas tout de même, au détour d’un riff, des sonorités typiques du genre (Hop Toad, Children of the Future ou, évidemment, Master of Confusion dont on reparlera). Mais reste que le pire dans tout ça, c’est que ça marche, alors que tous les éléments pour un bon gros plantage étaient présents. car même si on reste loin de Jex Thoth, le talent de composition est réel, et quelques titres valent quand même leur pesant d’or, notamment l’acid trip The Rare Lord, Return to Forever (sûrement la devise du disque) qui parvient à harmoniser guitare et flute dans tomber dans le pompeux, le single Children of the Future (humour de la part de ces êtres restés bloqués trente ans en arrière) ou encore l’inévitable hommage à Black Sabbath qu’est Master of Confusion. Mention spéciale également à l’evil cri de crapaud sur Hop Toad (normal en même temps). Finalement, cet album n’est en fait rien d’autre qu’un long hymne en l’honneur de ce hippie de Pan… il n’y a qu’à voir (et écouter) le titre final pour s'en convaincre.
Blood Ceremony passe donc sans problème le cap du premier opus, même si son album éponyme ne restera pas dans les annales, ni même au top des sorties 2008. Néanmoins, il serait dommage de l’enterrer définitivement sous l’infamante étiquette « Jex Thoth en moins bien », car sa musique possède ce côté kitsch qui donne tout de même envie de hurler « so fresh ! » à chaque écoute. Oui, c’est contradictoire.
A écouter : Master of Confusion, Into the Coven, Children of the Future...