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Biographie

Blockheads

Blockheads voit le jour à Nancy en 1992. Souhaitant rapidement en découdre, le groupe sort une démo intitulée Haaashaastaak en 1993, à laquelle fera suite, deux ans plus tard, le premier album Last Tribes. Il faut attendre 1998 et quelques changements de line up pour que Blockheads enregistre Watch Out. Toutes deux autoproduites, ces deux galettes seront réunies en une seule sur From Womb To Genocide édité en 2000 par le label Bones Brigade sur lequel sortira également Human Parade. Entre temps, Blockheads multiplie les concerts et participe à des festivals tels que le Fuck The Commerce en 2002, le Bloodsheld ou le Fury Fest en 2003. En 2006, les nancéens rejoignent le label Overcome Records pour la sortie de leur quatrième album Shapes Of Misery. Le groupe gagne encore en notoriété et tourne dans toute l’Europe. S'en suivra un dvd live auto-produit intitulé Grindcore Overdose sorti en 2010. Enfin en 2012, Blockheads signe chez Relapse Records pour la sortie de son nouvel album : This World Is Dead, paru début 2013.

Trip To The Void ( 2021 )

« Les choses ne changent pas, bien au contraire. »
C’est ce que je retiendrai de Blockheads avant l’écoute de Trip To The Void. Le même discours, la même rengaine depuis presque trente ans. Pourtant, j’ai l’impression que le combo a intensifié sa musique, accéléré son tempo. Déjà qu’avec The World Is Dead, on prenait baffe sur baffe, mais là, c’est l’enchainement. Rien que dans les noms des morceaux, entre The World Is Dead et Trip To The Void, le ton est donné : on passe de « Famine » et « Bastards » à « Nothing Learned Yet » et « Head in Shit ». En somme, des quelques lueurs d’espoir à une fin de tout, et cela passe aussi part l’artwork. Des limites proches de la fin, aride, on se retrouve à bruler sur place pour un peu de confort.

S’il faut aimer le Grindcore, Blockheads propose néanmoins autre chose qu’un fil linéaire ininterrompu ; Même si le tempo ne ralentit que peu, on a droit à quelques intros (« The Rights Of Jesters » ou le théâtral « Cages ») entre deux vrombissements musicaux (« Conscience Cleaner », ou comment ravager ta tête en trente secondes). On retrouve même quelques passages Punk (« Alienated » ou « Newspeak »).
En jouant parfois avec une sensation d’apnée, le quintet rappelle un peu l’effet du premier Mumakil, qui ne devait ses bouffées d’air frais qu’à quelques samples. Mais ici, Blockheads a choisi de se passer de cet ajout 95% du temps et d’en faire un brûlot à mon sens plus intense que le précédent, avec quelques plans de Napalm Death (« Black Heaps Of Cinders ») ou Rotten Sound.

S’ils offrent 25 titres de Grindcore sans relâchement, Blockheads, en prenant le parti de se focaliser sur l’essentiel, le côté brutal de l’ensemble. Au point d’en rendre presque le disque indigeste par moment face à The World Is Dead. Mais heureusement, des passages comme le morceau titre ou ceux évoqués plus hauts évitent de se prendre une pièce monolithique de face, même si le cataclysme semble devenir incontrôlable sur « This Is Hell » ou « Pungent Steams of Acid ».

Est-ce que ce nouvel album est un bon album de Grindcore ? Oui, car il revient à une certaine simplicité du style, presqu’épuré. Certes, on a déjà eu des albums de la même trempe, notamment certains de groupes cités quelques lignes plus hauts, mais Trip To The Void semble être un choc frontal sans ceinture de sécurité. Il se prend en pleine face.

The Void. Le vide. Blockheads semble vouloir compenser cette sensation par un vacarme assourdissant. Trip to the Void serait cette bande son pour aller jusqu’à la fin. Peu d’émotions positives à l’écoute de cet album, le combo semble savoir que nous fonçons droit dans un mur et se propose d’accompagner en moins de 25 minutes.

15 / 20
3 commentaires (16.67/20).
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Shapes of Misery ( 2006 )

Si, l'âge aidant, certaines formations ont tendance à lever progressivement le pied, d'autres en revanche cultivent toujours cette notion de l'extrême. Blockheads, combo nancéen qui, dix ans après ses débuts, vient de sortir son quatrième album, se charge de nous le prouver.

Produit par Stéphane Buriez (Loudblast), Shapes of Misery étale sa violence le long de 20 morceaux qui ne laissent aucune place à la rêverie. Développant son grindcore dans un acier bien trempé dans la scène des 80-90, Blockheads déclenche ses salves par l'intermédiaire de morceaux aussi courts qu'efficaces. Alliant la vitesse d'exécution de Carcass et la vitalité technique de Terrorizer, le tout est saupoudré d'une ambiance totalement hardcore rappelant le FETO ou le SCUM de Napalm Death dont l'écoute aurait pu s'avérer indigeste si les nancéens s'étaient contenté d'exécuter leurs compositions sur un mode supersonique et linéaire. Bien au contraire, le combo fait état d'une rigoureuse méticulosité dans ses enchaînements, démontrant sa maîtrise des variations de tempo et des stop-and-go inspirés ("Bow Down", "Borders", "Despair") qui, non contents de ne pas freiner la progression de Shapes of Misery, permettent à ce dernier de s'autorégénérer sans lasser une seule minute.

Toutefois l'incontestable purisme de Blockheads ne doit pas masquer une réelle volonté d'aller de l'avant, ne serait-ce que par la signature chez Overcome Records qui, sauf le respect pour Bones Brigade, devrait lui procurer une meilleure diffusion. Mais cette progression se manifeste surtout par l'injection d'une bonne dose de sang neuf contenue dans des accords aux contours maladifs et malsains dans l'esprit de Combat Wounded Veteran, voire même de Converge qui, bien que succints et parcimonieux ("Social Fracture", "Back To Dogma", "Parasite"), n'en laissent pas moins une profonde empreinte tout en offrant aux nancéens d'intéressantes possibilités d'évolution.

Bref, on ressort malaxés, broyés, compressés par ce nouvel épisode Blockheads, mais également heureux d'y trouver une fraîcheur et une énergie intacte. Certains auront sûrement trouvé l'attente longue depuis Human Parade mais, la qualité de Shapes of Misery l'atteste, elle n'en aura été que plus bénéfique.

Télécharger : "Silent", "Misery", "Stones of Gore", "Business Intelligence"

A écouter : Despair, Social Fracture, Loser