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Biographie
Blizzard At Sea est un trio de Metal progressif / Sludge / Post-Metal originaire de Iowa City crée en 2010. Le groupe sort son premier EP en 2010 (Invariance). Impressionnant par son réalisme et la puissance de ses compositions, le trio sort en 2012 son premier album studio Individuation. Encore une fois, la puissance de leur sludge gluant et intelligent, loin des productions phares du genre impressionne : un travail de composition qui force le respect, un mur de son dense servi par une basse fuzz omniprésente et une guitare étouffante qui ne cesseront de vous enivrer. Leur troisième album studio sort en 2016, grâce à une campagne de crowdfunding. L'occasion également de changer de line-up avec l'arrivée de Rachel Bjerke à la basse et de Martin Murray en renfort à la guitare.
Line up : Rachel Bjerke - Basse / Voix Steven Douglas Ross - Guitare / Voix Martin Murray - Guitare Pat Took - Batterie
Véritable coup de coeur sludge - complètement justifié nous semble t-il à Metalorgie, Blizzard at Sea revient avec Ruminations, troisième LP du combo, cette fois ci financé par une campagne kickstarter finalisée en aout 2016. Si on ne comprend toujours pas pourquoi cette formation n'est pas encore sortie de l'anonymat, inutile de spéculer d'avantage sur d'éventuelles projections de carrière et pas la peine de les chercher sur vos line-ups estivaux préférés, mais contentons nous plutôt d'apprécier ce qu'on nous propose. Le groupe étant ce qu'il est, c'est à dire fidèle à lui même, énième mais authentique acteur d'une scène locale loin, très loin outre-atlantique, préparez vous à embarquer pour un nouveau voyage cosmique, électrique et psychédélique, une fois de plus avec les moyens du bord et une fois de plus en affichant une volonté de bien faire inébranlable. Traduction : un son toujours aussi solennel et imposant, un grain vintage appréciable, du fuzz et des tripes. Attachez vos ceintures.
Ruminations est en soit une parfaite synthèse entre les deux précédents efforts du groupe, et mélange les spécificités d'Individuation et de Certain Structures : les longues envolées du premier et la concision du second, pour constituer au final une nouvelle abstraction, une synthèse bien réglée de leur concept musical. Avec subtilité et beaucoup de talent, Blizzard at Sea prend le temps de développer son propos autour d'une pièce centrale de 22 minutes (Third-Order Simulacra), magnifique à tout point de vue, et qui vaut à elle seule le détour. Guitare acoustique, litanie émouvante, ascension électrique puis descente acoustique, progression de riffs, pont, post-metal, dernière descente acoustique, puis conclusion à l'orgue absolument magnifique avec choeurs, samples et fuzz en arrière plan. Un titre dense, épique, original, et vraiment bien maîtrisé de bout en bout. Ce morceau a de grandes chances de vous laisser sur le cul... Le reste de l'album est du même acabit, du sludge efficace en guise d'introduction (Thicket), du post metal ingénieux avec Degenerate Binary System et sa fin hypnotique, première véritable baffe, puis Arbitrary Abjection en guise de conclusion, autre pépite sludge particulièrement réussie.
Que dire de plus sinon que depuis leurs débuts, ce groupe n'a jamais déçu, a toujours proposé de nouveaux concepts, déjà éprouvés certes mais appropriés avec énormément d'élégance et de panache, et que ce Ruminations reste à ce jour leur meilleure production, en grande partie grâce au titre central Third-Order Simulacra, vraiment très réussi.
A écouter : Third-Order Simulacra, Degenerate Binary System
Après deux premiers efforts à la qualité indiscutable, qui laissaient alors figurer pour Blizzard At Sea d'un certain horizon radieux au sein du milieu sludge / post metal, le trio de l'Iowa nous revient, seulement un an après Individuation, avec un tout premier LP, fruit d'un travail acharné de composition, et d'une volonté de nous sortir enfin le grand jeu : la suite d'une magnifique introduction, un prélude à un voyage où des notions comme le temps et l'espace sont redéfinies à grand coups de riffs ravageurs.
Blizzard at Sea nous avaient laissé en suspens avec un Individuation faisant rimer riffs avec tempête sonore, seulement trois titres terribles à l'accroche incroyable, qui laissaient un peu l'auditeur sur sa faim. Un EP monolithique où la lourdeur ambiante se mêlait avec brio aux atmosphères planantes que le groupe prenait un malin plaisir à secouer et retourner dans tous les sens. Pour ce premier LP, le trio garde la même approche, la même recette qui à défaut d'être originale cette fois ci, a le mérite d'insuffler au genre une efficacité et une cohérence remarquables. Cette nouvelle mouture, un peu plus diluée, plus réfléchie et beaucoup moins indigeste que n'a pu l'être Individuation, nous abreuve de titres plus courts, dont la dimension labyrinthique n'est plus la même, et le caractère hypnotique un peu moins mis en avant.
Que retenir de ce un format plus court et de ces compositions un peu moins progressives ? Que du bien. Vous en doutiez ? Plus efficaces dans leur propos, les américains nous balladent toujours dans l'espace infini... un peu plus près des étoiles comme dirait Emile. Dès les premières secondes, on reconnaît tout de suite la patte du trio : une basse étouffante, une guitare alternant éloquence et lourdeur, et une batterie volatile sachant se faire discrète et intelligente. Un début d'album tout en finesse (Under the firmament), ponctué de transitions aériennes, créant de l'espace pour des montées en puissance glaciales, le tout invariablement suivi de longues chutes dans le vide intersidéral. L'équilibre entre les textures sonores qui se chevauchent tout au long de ce palpitant voyage est tout simplement parfait, entre méandres lumineuses et violentes accélérations (Subjugated Apophenia / Almost Awake). Ces différences d'intensité ne sont pas une nouveauté, mais sont plus marquées qu'auparavant ; en effet Blizzard At Sea nous propose ici à la fois ses riffs les plus destructeurs, les plus violents jamais assénés (Certains Structures / Planeswalker), mais aussi les titres les plus calmes jamais composés (Anomie / Invisible Surfaces, titres acoustiques très réussis). Un déluge d'émotions et d'explosivité, d'aggresivité, de calmes et de tempêtes, sans ordre défini, baignant dans un chaos constant, pas toujours facile à suivre mais qui reste à ce jour la meilleure prestation du groupe. Servis par une section rythmique exemplaire (basse et batterie sont une merveille de complexité), il en ressort une lisibilité impressionnante sur l'ensemble des instruments, avec toujours ce petit son old school, ce grain caractéristique déjà présent sur les précédents opus.
Ce premier LP digne d'un vétéran du genre est à lui seul une belle leçon de créativité musicale. Avec juste une basse, une guitare et une batterie, les américains imposent leur style bien rodé, impeccable à tous points de vue, et réussissent, en plus d'insuffler une âme à toutes ces compositions, à injecter désormais, une bonne dose de technicité là où sur les précédents EP il n'y avait que de la lourdeur, cela donne à l'ensemble une variété dans les atmosphères et ambiances assez hallucinante. Ce trio de sludge / post métal réussit avec brio son entrée dans la cour des grands avec une bien belle collection de titres mémorables, que certains groupes comme Isis, Neurosis ou Cult Of Luna ne renieraient certainement pas. A se procurer au plus vite pour les fans du genre.
A écouter : Au calme
Sorti un peu de nulle part (l'Iowa il paraît), voici un nouveau trio de sludge / post métal qui risque de faire parler de lui, et en bien. Transcender les notes, donner un sens à sa musique en transformant les sons en émotions, envelopper l'auditeur d'une sensation de bien être profond ou au contraire le faire vibrer ou l'étouffer au sein d'un maelström de riffs ravageurs. C'est l'essence même de cette jeune formation qui nous délivre son premier album. Trois longues compositions seulement pour réussir à nous convaincre, trois titres forts qui risquent bien de vous faire trembler tant la qualité d'écriture est présente sur cet objet.
Pourtant rien ne paraît simple au premier abord, le son est un peu old school, les pistes sont longues et s'approprier ce genre d'album aux pistes fleuves, faites dans le marbre n'est jamais chose aisée. Là où le trio se démarque un peu et frappera les esprits c'est dans cette dualité simplicité des sonorités / complexité des structures qui donne tout son sens à l'album. En témoignent la précision des riffs, le jeu tout en puissance du batteur sur Accelerating Returns et les multiples rebondissements tout au long du titre. Les longues envolées et montées en puissance coulent comme de l'eau, c'est d'une fluidité déconcertante et jamais l'on ne se sent perdu au milieu de cet océan de nuances captivantes. Le nom du groupe restitue très bien le genre d'émotions que l'on peut trouver sur cet album, un blizzard, une tempête de sonorités âpres et glaciales qui laisse la place peu à peu à une mer calme, peu agitée où chaleur et bien être reviennent en douceur. Juste avant la tempête suivante.
Les titres se déroulent les uns après les autres, la notion du temps disparaît et la fin du voyage au cœur inénarrables lames de fond et autres tornades électriques est proche. Si l'océan, tout comme la musique de ce jeune trio brillant est d'une fluidité à toute épreuve, celle ci n'en reste pas moins extrêmement dense. Que ce soir les nappes de guitares envoutantes ou les terribles coups de buttoir infligés par un batteur vraiment en forme, on se sent vibrer tout au long de cet album, pas original pour deux sous certes, mais d'une richesse incontestable. Blizzard at Sea signe là un premier LP fabuleux, qu'il faut absolument essayer. Attention à la noyade, ces gens là vous feront chavirer...
A écouter : Dans son lit
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