A Dark Euphony nous projette une nouvelle fois dans l’univers sombre et romantique de Blackbriar. Dès le morceau d’ouverture, les mélodies envoûtantes, fantasmagoriques même, de Zora Cock (chant), couplées aux thèmes abordés, nous invitent à prendre part à un voyage au cœur de contes folkloriques et gothiques. Chaque titre est construit autour d’une histoire différente. On retrouve ainsi des morceaux inspirés, par exemple, du sin-eating (pratique médiévale visant à manger sur le corps d’un défunt afin de le purger de ses péchés), des wendigos, ou encore du conte de La Petite Poucette de Andersen. 

À la première écoute, l’album peut paraître assez déstabilisant. Au bout d’un certain temps, on peut avoir la sensation d’écouter toujours le même morceau et abandonner l’expérience très rapidement, notamment à cause des tonalités sur lesquelles jouent la vocaliste. Mais c’est là tout le charme et la force de Blackbriar : un chant hors du commun, très éthéré. Si on se laisse suffisamment envelopper par les sombres envolées, happer par cette énergie obscure, l’expérience sera d’un tout autre niveau. Spirit Of Forgetfulness, inspiré de la mythologie grecque entourant le mythe du fleuve Léthé, se dévoile par à un refrain entêtant qui donne envie de l’écouter en boucle. We Make Mist se démarque par une production plus lourde, grâce à un riff heavy qui vient ponctuer le morceau tout du long. 

Pour une atmosphère plus folklorique, Far Distant Land nous invite à voyager au cœur d’une histoire, qui semble grandement inspirée de la série Outlander, et nous transporte immédiatement dans une autre époque grâce à l’utilisation d’instruments plus Folk dès l’intro. Ce titre n’est pas le seul à être inspiré d’une œuvre télévisuelle puisque Forever And A Day puise quant à lui son histoire de Poldark. Côté émotion, la sublime The Evergreen And Weeping Tree met en avant un duo piano / voix toujours aussi ensorcelant qui se métamorphose sur la fin en une power-ballade plus Rock, venant alors appuyer la tension mise en place dès le début du morceau. En termes d’arrangements, les orchestrations sont de plus en plus assumées et ajoutent une légère ambiance symphonique très plaisante, une profondeur allant de paire avec l’atmosphère créée. 

A Dark Euphony ne plaira cependant pas à tout le monde. Comme dit plus haut, l’album garantit une certaine expérience gothique-romantique qu’il faut être prêt à faire pour pleinement apprécier cet opus. Le timbre et la technique si particuliers de la vocaliste contribuent énormément, et en majorité même, au style de Blackbriar et créent toute l’ambiance sombre de la formation. Mais il est vrai qu’une certaine redondance se met en place vers la seconde moitié de l'œuvre, et fait d’ailleurs passer à la trappe deux très bons singles, Crimson Faces et My Soul's Demise. Malgré tout, le groupe néerlandais a réussi à sortir un très bon successeur au premier The Cause Of Shipwreck, avec ses failles mais aussi ses qualités indéniables.