Après Black Sabbath, Black Flag, Black Crowes, Black Label Society, Black Rebel Motorcycle Club et j'en passe, voici venir un nouveau membre de la noire confrérie des musiques électrifiées. D'accord dit comme ça, ça fait pompeux, mais bon, Black Stone Cherry c'est bel et bien un groupe couillu et rock dans l'âme.
Quatre gaillards venus du Kentucky, pas beaucoup plus de 20 ans de moyenne d'âge, des compos incisives toutes frappées du saut de la mélodie, c'est une putain de révélation. Imaginez des riffs à la Led Zeppelin, un mélange entre blues sous tension et heavy rock sous perfusion sudiste, le son délectable d'une Gibson Les Paul tendance Aerosmith et vous aurez une petite idée du gros caractère du groupe. On a aussi droit à des passages dignes de Black Label Society notamment sur les tubesques Rain Wizzard et Lonely Train, ainsi que sur Shooting Star. Sur la longueur, ce qu'on retient c'est l'énergie débridée du combo qui lâche la cavalerie quasiment en permanence, sans pour autant négliger les passages mid tempo, avec parfois une pointe de Guns N'Roses en prime. Riffs costauds et solis frondeurs se succèdent à bonne allure pendant que les rythmiques décollent les esgourdes et que le frontman déverse des torrents de talent. Chris Robertson est un chanteur absolument terrible dont le timbre contient une rasade de Chris Cornell (Soundgarden) et une bonne dose d'Eddie Vedder (Pearl Jam), rien que ça. Celui-là, il va falloir le suivre tant il est rare de dénicher un vocaliste rock aussi remarquable.
Les 13 compositions défilent, on en retire une forte impression d'unité sans pour autant que l'album sombre dans la linéarité fatiguante. Au contraire, on apprécie le côté très américain de la chose, Black Stone Cherry étant un de ces groupes qui, à l'instar de Kyuss puis Queens of the Stone Age, propulsent l'auditeur directement sur les autoroutes immenses des States, chevaux vapeur poussés à fond, chromes rutilants et alcool fort dans le sang. L'atmosphère est donc aux grands espaces et aux chevauchées mécaniques jouissives de Backwoods Gold à Violator Girl. On distingue quand même des touches d'orgue 70's sur Tired of the Rain, autre tube imparable de l'album, et Rollin' On pour varier les plaisirs. Mais, la plupart du temps, on se laisse surtout prendre par les décharges pleines de punch enquillées par le groupe. Tout n'est pas de première bourre, mais Black Stone Cherry fait preuve de suffisamment de personnalité pour que ce premier album impose son rythme fluide et ses inspirations hard'n heavy.
Black Stone Cherry, solide formation heavy rock du Kentucky, pleine de hargne et d'assurance, voilà pour la carte de visite plutôt engageante. Après Lynyrd Skynyrd et Black Label Society, c'est la nouvelle génération, aussi moderne que digne de ses aînés, et on a hâte de voir ce que le deuxième album réservera.
A écouter : Rain Wizzard, Lonely Train, Tired of the Rain,