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Biographie

Black Sheep Wall

Black Sheep Wall est un groupe originaire des Etats Unis et formé en 2007. Signé sur *Shels Music, label de *Shels, le groupe pratique un Post-Metal / Sludge / Hardcore lourd et obscur. Leur premier album I Am God Songs sort en 2008. Après un changement de frontman, le combo s'enferme en studio pour enregistrer son 2ème brûlot, No Matter Where It Ends. L'album sortira début 2012, toujours dans cette même veine massive et torturée.

En 2013 Black Sheep Wall sort le EP It Begins Again en autoproduction, puis un nouveau long format abrité chez Season of Mist en 2015, I'm Going To Kill Myself, conceptuel, qui divisa les amateurs du groupe. Il faudra patienter six ans pour voir le quatrième album, Songs For The Enamel Queen, débarquer via les labels Sludgelord Records et Silent Pendulum Records.

17 / 20
2 commentaires (16.75/20).
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Songs For The Enamel Queen ( 2021 )

Six ans après un album conceptuel aux intentions suicidaires (I’m Going To Kill Myself), le quintet Sludge / Hardcore mutant de Los Angeles nous gratifie d’un quatrième long relativement passé inaperçu, encore une fois (n’est pas coutume) salement chargé en déchirures émotionnelles comme musculaires, gardant néanmoins quelques surprises de taille sous son coude outrageusement massif.

En 2015 le processus autodestructeur se terminait sur un titre mastoc d’une durée de 33 minutes, l’ironique Metallica ressemblant davantage à une expérience sensorielle digne d’un Old Man Gloom, qui n’a fatalement pas plu à tout le monde. En 2021 Songs For The Enamel Queen s’ouvre de manière plus « accessible », tout en confirmant des menues accointances Screamo via la voix écartelée de Brandon Gillichbauer, ex-bassiste et désormais hurleur à plein temps, tandis que la quatre cordes est martyrisée par le jeune premier Juan Hernandez Cruz. Un chant pleinement incarné donc, mais la densité absolument écrasante des débuts de Black Sheep Wall se refait une place de choix, à travers la première grosse patate de ce nouveau parpaing d’environ une plombe : New Measures Of Failure et ses plus de treize minutes torturées, tiraillées entre riffs gras, finesse structurelle, mélodies dépressives et spoken words doublés. Tranché en son sein par une vision d’errance putride, les pieds englués dans une terre morte, encourageant à lâcher prise vers le néant. Une présence à priori divine nous sort finalement de notre torpeur (Concrete God), cernée de circonvolutions de guitares / basse / batterie pouvant évoquer un Intronaut ramené fissa de l’espace vers les souterrains les moins éclairés.

Plus loin Ren passe nos certitudes au rouleau compresseur, malaxe nos synapses en prenant soin de ne pas les faire saigner, et nous permet ainsi de conserver nos facultés afin de réceptionner avec délice les cuivres qui surgissent au milieu de ce parcours de la combattante, une nouvelle fois tumultueux. Les hurlements ne faiblissent pas pour autant et les sombres mélodies prennent leurs quartiers, qui, à peine installées, finissent bouffées par le martèlement déstructuré d’instruments agonisants. Alors que Mr. Gone écrase tout ce qui reste d’humain en nous, d’où s’exprime un Sludge teinté de Death, augmenté de mouvements rythmiques imprévisibles, le monstrueux Prayer Sheet For Wound And Nail parvient à annihiler le moindre début de trace de bonheur qui subsistait éventuellement. Les guitares n’en finissent plus de muter, comme le chant, d’une pertinence extrême, l’ensemble bousculé en permanence par les assauts amples et concassés du duo basse / batterie, ou bien imprégné de variations atmosphériques et mélodiques farcies de spleen viscéral.

Songs For The Enamel Queen valait bien six ans de gestation pour aboutir à une telle avalanche de sensations, aux tiroirs multiples desquels Black Sheep Wall extrait une mélancolie peut-être moins nihiliste qu’auparavant, mais toujours abyssale. Il s’agit de s’y jeter corps et âme et à répétition pour en capter toute la sève mystique.

Songs For The Bandcamp Queen.

A écouter : avec insistance.
15.5 / 20
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No Matter Where It Ends ( 2012 )

Qu'on se le dise, Black Sheep Wall est de retour. Qu'on le hurle, le scande ou le pleure, le combo qui faisait vibrer vos organes récidive avec No Matter Where It Ends. Encore un fracassage de crânes en perspective si les musiciens continuent dans l'optique de I Am God Songs. Il faut cependant avouer que le changement de frontman peut changer la donne et ébrécher le monolithe Black Sheep Wall si l'équilibre testostérone / lourdeur devient trop instable. Verdict ?

Pas de chichis, pas de détours alambiqués : No Matter Where It Ends s'enfonce bien dans les sillons de l'opus précédent. Que ce soit "Torrential", "Ambient Ambitions" ou "Liminaty", Black Sheep Wall malmène ses instruments pour sortir un Sludge / Doom / WhatYouWant / Admiral Angry-like qui atteint l'apothéose sur "Flesh Tomb". On notera "Torrential" et ses airs de Doom (avec un riff d'ouverture qui fait penser à Electric Wizard) ou le jeu de batterie sur le passage central de "Flesh Tomb".

Pourtant, et c'est à mon sens le gros défaut de No Matter Where It Ends, oubliez parfois ce poids qui vous clouait au sol, ces sons qui faisaient trembler les murs à chaque instant. Finie l'atmosphère purement nihiliste des compos précédentes. Ce nouvel album est presque plus aéré, du fait d'une prod moins massive. Trop peut être pour espérer renouer avec l'effet du premier.
Heureusement, certains titres ("Personal Prophet", "Ambient Ambitions" ou "Agnostic Demon") crachent sans discontinuer, avec un aspect moins chaotique mais tout aussi maîtrisé et pachydermique. D'ailleurs, ne cherchez clairement pas autre chose qu'une succession de compos purement efficaces et au ras du sol, délibérément classiques qualitativement parlant, car la force de Black Sheep Wall n'est définitivement pas la fougue ou l'innovation. Encore moins sur No Matter Where It Ends que sur I Am God Songs.

Avec ce deuxième effort, Black Sheep Wall enfonce le clou. Peut être pas avec autant de surprise ou de subtilité (oui, vous avez bien lu) que le premier opus, mais l'essentiel est là. Nul doute que ceux qui ont aimé I Am God Songs prendront leur pied sur No Matter Where It Ends.

A écouter : Ambient Ambitions, Liminaty
15 / 20
11 commentaires (16.64/20).
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I Am God Songs ( 2008 )

Le mur de mouton noir. Etrange traduction, mais à l'écoute de I Am God Songs, premier album de Black Sheep Wall, on n'a plus envie de rire. Groupe sorti de nulle part, qui a posé sa basse au milieu du chemin et interpelle à la première écoute. Le truc qui racle la terre en avançant, qui te colle au mur en effleurant ses cordes. Pour simplifier, un truc lourd, lent, et massif. Vous avez sans doute déjà entendu cela pour de nombreux albums, parfois pour se retrouver au final avec un disque mou et banal. Pourtant, ici, il n'est point question de publicité mensongère...

Quelques mots issus de la session d'enregistrement, puis un bruit de batterie à fissurer les vitres. La base rythmique est poussée au maximum. Un tempo lent, comme si Black Sheep Wall prenait le temps de mettre la force dans ses coups. Et c'est principalement la force de Black Sheep Wall, assommer son auditeur, le faire ployer sous un chant gras, raclant le fond de la gorge, et des instruments au ras du sol, si ce n'est carrément posés dessus. On retrouve la noirceur de Neurosis, en plus lourd. Même les interludes (D327ht2qwbref2 5g2 et DJewbf348thoqab) font vibrer les vitres, alors qu'elles sont pourtant les parties les plus légères de I Am God Songs. La voix sonne comme un cri d'outre-tombe, agonisant, et même lorsque quelques parties musicales sonnent plus lumineuses (sur Modest Machine par exemple), elles sont vite piétinées et baignées dans cette haine éprouvante. Xiomara, concluant I Am God Songs sur 13 minutes semble construit à l'envers. Une longue intro faite de sons disparates, comme un nuage de voix indistinctes, puis au bout de 9 minutes 30, la masse s'abat. Encore plus puissante, le chant devenant presque des cris tandis que des spoken-words défilent. Que ce soit Care By Carcinogenic, Nihility ou Ten Fucking Billion, le rythme n'accélère jamais, la voix reste presque invariable, les cordes ne changent pas de ton, donnant l'impression d'instruments à quelques notes, pouvant lasser l'auditeur à force d'écoute ou même lors d'une seule et unique écoute. Car c'est bien là l'un des seuls points faible / fort de Black Sheep Wall : sa monotonie. Peu de variations, peu de changement, la même haine linéaire. Certains groupes ont une approche variée de la musique, tout en restant dans un style proche (les grands noms comme Cult Of Luna, Neurosis, Isis, ...), mais ici, I Am God Songs est un mur droit, presque lisse mais heureusement imposant et agréable.

On ressort d'une écoute lessivé, épuisé, piétiné. L'orage s'est abattu et les sombres nuages disparaissent au loin. I Am God Songs vient de se terminer, mais on voit déjà poindre d'autres cumulus empli de notes à nous clouer au sol. Black Sheep Wall n'a de comique que le nom, le reste fera disparaitre ce sourire sur vos visages en quelques secondes. A consommer sans retenue, sauf si vous avez peur de l'angoisse personnalisée...

"I Am A Vision Of Nothing, Born To A World That Hates Me"

A écouter : Nihility - Ten Fucking Billion