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Biographie
Black Cobra est un duo formé en 2002, à Miami, par l'ex-Cavity Jason Landrian (guitare/chant) et Rafael Martinez (batterie). Ce qui n’était qu’un loisir lors des vacances chez papa-maman va néanmoins devenir un peu plus sérieux, puisque les deux compères vont essayer de se rendre visite le plus possible pour répéter, quitte à parcourir les milliers de kilomètres séparant New-York et Los Angeles. Un première démo 3 titres émergera finalement en 2004, mais il faut attendre deux ans avant que Black Cobra ne livre son premier album, intitulé Bestial. Ce premier effort fera forte impression sur la scène sludge alors en pleine explosion. Le groupe enchaine alors les tournées dont une européenne en compagnie d'Acid King avec qui Rafael Martinez joue de la basse. Rapidement, ils recomposent de nouveaux titres pour un split avec Eternal Elysium puis sortent dans la foulée leur deuxième production Feather And Stone. S'en suivent d'autres longues et nombreuses tournées qui passeront notamment par la France avec leurs amis de Saviours. Peu après, ils quittent At A Loss Recordings pour s'installer chez les très célèbres et selects Southern Lords qui suivent une nouvelle politique d'ouverture (comprendre : autre chose de Sunn O))) et du Black Metal) et y envoient en 2009 un Chronomega qui ne fera pas autant de vagues que ses prédéceurs. Les californiens remettent le couvert avec Invernal en 2011, avant de reprendre la route aux côtés de Kyuss Lives ! et The Swords.
Black Cobra, vous vous
souvenez ? Quoi, non ? Vous vous souvenez pas ? C'est
vrai que votre période sludge, ca remonte un peu. Depuis vous êtes
surement passé à des choses plus sérieuses, comme la noise-zouk ou
le black metal drône. Mais même si c'est plus trop la hype en ce
moment, rappellez-vous de ces deux petits latinos qui vous avaient
franchement secoué les cages à miel avec leur sludge véloce et
agressif, concentré dans Bestial, leur première galette. Certes,
depuis le sludge c'est un peu has-been et les disques suivants de
Black Cobra n'étaient pas à la hauteur du premier, mais non, ils ne
sont pas mort : la preuve, ils viennent de sortir Invernal sur
Southern Lord. La première chose qu'on peut en dire, c'est que
comparé à Chronomega, qui souffrait du syndrôme
c'est-pas-mauvais-mais-ca-m'en-touche-une-sans-faire-bouger-l'autre,
Invernal vous rentre dans le lard
sans préavis ni sommation. Renouant du coup avec les vieilles
habitudes de rouleaux compresseurs du duo avec la première du lot,
Avalanche, qui du coup
porte bien son nom, tendance Thrown From Great Heights
ou Kay Dur Twenty. Ce
genre d'amabilité constitue le propos principal du disque :
vous pourrez reprendre une petite branlée avec Somnae
Tenebrea, Erebus Dawn
et Obliteration,
cavalcades Sludge / Thrash
Death, qui en mettent un dans les burnes à High On Fire tout en le
doublant sur l'autoroute, un peu comme si Lair Of The Minotaur avait
piqué la disto à Crowbar et jouait dans une cathédrâle. Mais bon,
ils sont plutôt sympas les gaziers, ils vous offrent quelques
petites pauses avec les intros de Corrosion Field
et Beyond, qui ne sont
pas sans rappeller des interludes Neurosis-esque, ainsi que quelques
ralentissements savament distillés. Bref si vous êtes coutumier des
deux californiens, ce disque est une parfaite démonstration de leur
art, vigoureux, plein de gnaque et bien plus convaincant que son
prédécésseur : des roulements infernaux de batteries, des
riffs épiques et lourds comme une charge de bisons, des breaks à
vous tordre le cou et purs instants de folies furieuses au bout des
compos, tels les conclusions de Beyond
et Erebus Dawn où on
peut apprécier le spectacle des deux instruments qui, tels deux
mastodontes voraces, tentent de s'entre-dévorer dans un maelström
de violence. Une petite envie de crier au trop plein, mais une
sensation tellement jouissive de s'en mettre ras-la-gueule. La seule
petite nouveauté du disque, c'est l'ajout avec parcimonie de solis
heavy/stoner qui ne sont pas sans rappeller l'orfèvrerie musicale
des débuts de Mastodon, ou le savoir faire de Matt Pike.
En
fin de compte, difficile de vraiment trouver un défaut à cet
Invernal. On ne peut même pas taper sur Kurt Ballou, producteur aux
qualités chroniquement irrégulières mais qui signe ici un son
ronflant et colossal digne du groupe. Même les effets sur la voix de
Jason Landrian, qui peuvent être pénibles tendance cheap au début
finissent par se fondre dans l'ensemble et ne plus vraiment déranger.
On regrette quand même ses éructations sèches et nerveuses des
débuts, bien plus naturelles.
Concluons
par ces quelques assertions impérieuses : rien de nouveau dans
ce nouveau Black Cobra, qui n'a toujours pas la qualité de leur
premier effort, mais un sursaut qualitatif dans les compos plus
accrocheuses et sur l'énergie brut balancé sèchement dans la
gueule, le plaisir des murs de guitares cyclopéens, de la chevauchée
démentielle de la batterie, des riffs d'enculés. A savoir que
Invernal est le témoin en audio de ce qu'est Black Cobra en live :
une pure explosion sonore, appel au craquage nerveux et au headbang
destructeur, invitation à l’hédonisme bestial et gargantuesque. Sur
ce, je vous laisse disserter sur le dernier Liturgy qui vous sera
plus utile pour briller en société.
A écouter : la tête dans les baffles
Après un premier album remarqué en 2006, Black Cobra est déjà de retour avec Feather & Stone, deuxième effort bref, mais intense. Ainsi, c'est 25 petites minutes de sludge surgonflé qui nous sont proposées.
Avec ses guitares saturées déployant un mur du son compact et millésimé (ah ces ampli vintage...), Black Cobra livre une performance musclée tout au long des huit pistes que compte l'album. Vif et écorché, ce métal là sent la sueur et multiplie les attaques échevelées, comme sur The Sapphire Falcon, parfaite démonstration des qualités du groupe. Percutante, enlevée, sa musique inpire la sauvagerie, à l'image de sa superbe pochette. Le chant hardcore bien éraillé du frontman contribue également à l'impression générale de se prendre baffe sur baffe. On pense de temps en temps au noise rock d'Unsane, mais le plus souvent les riffs de mammouths évoquent Taint ou Mastodon (encore...) entre autres formations grasses et chevelues. Assez homogène, l'album recèle tout de même quelques moments de calme, à l'image de Thanos, joli instrumental aux effets minimalistes. Dans ce tourbillon sonique, les mélodies et le groove rythmique ne sont pas pour autant absents, nuançant l'impact de ce Feather and Stone qui gagne à la réécoute. Ainsi, sans être d'une richesse incroyable, cet album plante ses serres sur les nuques et ne relâche l'étreinte qu'au bout d'un Swords of Teeth d'anthologie, aussi véloce que brutal.
Avec ce deuxième opus ébouriffant, Black Cobra s'en retourne prêcher la bonne parole d'un métal burné, toujours coincé quelque part au milieu des 90's, avec un aplomb et une maîtrise qui inspirent le respect. Puissant et costaud, à défaut d'être terriblement original, la bête confirme les très bonnes impressions de son premier album. En clair, si vous avez aimé Bestial, il y a de fortes chances que vous aimiez ce Feather & Stone.
A écouter : Red Tide, The Sapphire Falcon, Thanos, Swords of Teeth
Non Black Cobra n’est pas, en dépit de son nom, un nostalgique de Whitesnake ou tout autre groupe de Hair Métal de la fin des 80’s. Vraiment pas. Le jeune combo américain est plutôt du genre à se faire l’incarnation d’une maxime légèrement adaptée aux circonstances stylistiques, et selon laquelle "deux sludgecoreux remontés comme des pendules en valent cinq". En effet, à l’instar de Death From Above 1979, mais dans un genre très différent, on peine vraiment à croire que c’est un simple duo qui est à l’origine du bien nommé Bestial.
Cette force décuplée s’appuie tout d’abord sur un volume sonore impressionnant. Le grain des guitares semble propulsé par une imposante turbine, boursouflé et brûlant sous l’effet des lampes des amplis Green Matamp que chérissent la majorité des groupes du mouvement. Un catalyseur dont l’efficience ne peut être remise en cause, mais qui ne doit pas être dissocié pour autant de sa substance musicale. Dans ce registre, Black Cobra ne transige pas non plus et saisit les cols afin de jeter en pâture dans l’arène Bestial un maximum d’auditeurs. Malgré les apparences premières, les fauves s’y dressant sont multiples et chaque piste regorge donc de dangers hétéroclites, mais à l’efficacité néanmoins irréfutable. On peut aussi bien y croiser un pachyderme sludge qu’un hardcore ultra-véloce et teigneux, ainsi qu’un crust convulsif ou un doom des plus cataclysmique. Du coup, les titres bouillonnent, les plans s’enchaînent sans que l’on trouve trop à y redire et ne manqueront pas d’évoquer par conséquent cette nouvelle scène hybride émergeant ces derniers temps. On pense notamment à leurs compères de label Swarm Of The Lotus pour le côté malsain et la manière d’accidenter ses morceaux, à Taint pour l’aspect urgent et nerveux (El Equis), et surtout Mastodon pour cette batterie très affûtée, roulant sans cesse avant de catapulter un riff de guitare puissant et balafré par les contretemps (sans parler de la pochette très Leviathan). D’autre part, la paire Landrian/Martinez est tout à fait capable de cracher un riff-saindoux comme Crowbar sait si bien les buriner, ou l’enrober encore d’un groove féroce tel The Abominable Iron Sloth. En ce qui concerne sa facette plus doom, le groupe juge plus opportun de ne pas faire appel au perpétuel chant d’écorché vif et bilingue (anglais – espagnol) de Landrian, et préfère opter finalement pour la forme instrumentale. Le résultat peut alors suggérer tantôt la compacité léthargique d’un Sloth (Beneath), ou le trait plus cosmique de feu YOB (Broken On The Wheel). Bestial oblige, les passages mélodiques ne se taillent pas la part du lion et resteront même très fugaces, le temps d’une courte intro. Afin de tempérer ses ardeurs, c’est un jeu plus tribal, typé Neurosis, et donc pas vraiment rassurant, qui sera privilégié par le duo. C’est dire s’il ne prône aucun compromis, et se montre bien décidé à ne faire aucun prisonnier.
Certes les noms défilent concernant le style déployé sur les onze titres de Bestial, mais Black Cobra fait preuve d’une conviction telle que l’on se laisse aisément convaincre. S’appuyant sur des riffs à la virulence communicative à défaut d’être révolutionnaires, il mérite donc de rejoindre ses petits camarades au milieu du carrefour, vrai coupe-gorge musical, où se côtoie sludge, hardcore, et métal alambiqué.
Ecouter : Omniscient et Thrown From Great Heights sur la page MySpace du groupe.
A écouter : One Nine, Sugar Water, Sombra De Bestia
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