Outrepasser la réserve. Caresser le crépitement. Boire à même le cratère. Black Channels, les lèvres obscurcies. L’hymne noir.

Black Channels a le visage au bout des cordes et le cœur accroché aux cibles. Et il (se) fusille. Doté d’une impressionnante vitesse d’exécution, le combo écossais met en place un tumulte sonore, âpre et bouillonnant, qui ne laisse aucunement place à la fantaisie. A l’image de son artwork complexe, représentant des corps difformes dans un brasier, BC propose une demo urgentiste, qui surine à grands coups de riffs maladifs ("Erroneous Rock", "Visit The Widows") et d’impacts baveux de batterie. Dans cette mesure sans cesse en évolution, le quatuor maltraite sa partition - l’inflige - entre cri viscéral et taillades de guitares ("Feral Children"). Arraché.
Au coeur de cet ensevelissement, on retrouve alors l’énergie punk et l’aiguë aiguisée des instruments qui ont fait la renommé d’Hassan I Sabbah, mais aussi un goût prononcé pour la violence (légitime ?) récemment exprimée dans les mêmes tons par les furieux Singaïa. Le résultat ? Des rythmes suffocants, des mélodies enchevêtrées et un chant ardent qui ne courbe jamais l’échine. Qu’on écoute le post-break absolument dément d"A Vessel" pour se convaincre. En 6 titres, Black Channels visite l’Hades, le saccage et se drape d’une antique signature : Combattre le mal par le mal.

Avec cette Demo, Black Channels démontre sa capacité à trouver l’essentiel dans la brièveté. Il démontre un talent aussi, pour ce qui est de fendre l’ampli et de créer une fascinante sensation de chaos.
L’emo-violence. A qui de droit. L’emo-violence. Comme une fissure.