Le traumatisme consécutif aux attentats de 2001 n'a pas fini de laisser des traces dans les esprits, c'est un euphémisme. Ce Climate of Fear, premier album des californiens de Bitter End n'est que l'une de ses multiples résurgences, ne serait-ce que dans son ouverture catastrophiste, florilège d'annonces ayant suivi l'effondrement des deux tours ("Panic").
Impossible donc d'être surpris par les premières notes de "Climate of Fear", robustes et incisives. Ayant fait ses armes à l'école des Merauder, Madball ou Cold As Life, Bitter End s'appuie sur cet héritage pour imposer son angoisse de lendemains qui ne sont pas près de chanter. Puissants et vindicatifs dans leur approche jusque dans le flow rappeux de Daniel Rosen, vues les références on aurait pu s'attendre à ce que les californiens aient tendance à forcer le trait, jusqu'à nous noyer dans un déluge de grosses guitares sans vie.
Pourtant, Bitter End prend bien soin à ne pas verser dans la surenchère tough guy, au contraire. Le groupe soigne sa production préférant mettre en avant ses particules mélodiques proches de Maximum Penalty, Leeway ou Vision Of Disorder, à l'époque ou le style amorçait sa mue ("The Higher", "Two Domains"). Résultat, des compositions sacrément groovy ("Phantoms", "Vigilance"), dopées par le peps d'une basse qui claque, surpassant même en intensité et en intérêt les rares incursions brutales que Bitter End s'octroie par moment ("Nothing Remains", "The Other Side", "House of Denial").
Plus classique que les récentes sorties Deathwish, Climate of Fear n'en demeure pas moins un album à contre-courant d'une certaine tendance un peu trop adepte du pilonnage gratuit. Une première oeuvre d'excellente facture à conseiller à ceux qui attendent du hardcore autre chose que du biceps et de la couane.
Tracklist : 1. Panic, 2. Climate Of Fear, 3. Phantoms, 4. Vigilance, 5. Nothing Remains, 6. The Higher, 7. The OtherSide, 8. House of Denial, 9. Terrified Eyes, 10. On my Own, 11. Two Domains.
A écouter : Phantoms, Vigilance, Two Domains.