On ne présente plus Birds in Row, ni Coilguns. Dans le genre (Post) Hardcore, on tape dans ce qu’on pourrait considérer le haut du panier (en termes de qualité et renommée) francophone, notamment confirmé par les récentes sorties de Gris Klein et ou du plus ancien Watchwinders (ou simplement le single « Venetian Blinds »).
Sur You and I in the Gap, qui réunit donc le deux groupes, on s’offre le plaisir d’écouter trois nouveaux titres (dont deux déjà dévoilé par Mowno via un flex-disc). Duo de batterie, un bassiste et trois guitaristes, sans compter une ligne vocale principale, celle de Louis (Coilguns, Louis Jucker), renforcée par celle de B. (Birds in Row) par moment : un line-up qui ne s’oriente pas vers un assemble brut mais bien une réorganisation légère des postes.

Une fois les bases posées, à quoi s’attendre sur You and I in the Gap ? Un brin Rock dans l’ouverture de « Stranding Shelters », mais qui reflète aussi le travail de Gris Klein sur sa seconde moitié. Un peu comme si chacun avait tenté de distiller sa personnalité dans l’ensemble, mais celle qui cherche a expérimenter et pas à charger en frontal. C’est d’ailleurs cet aspect qui se poursuit sur « The Blessing », qui m’évoque une sorte de litanie du pardon dans les embûches (« Take my hand - And guide me through the land - Of forgiveness »), presque messianique dans le jeu de cordes mais aussi son parcours (pensez à ces cantiques ou ces mêmes mots sont chantés en boucle en y donnant de plus en plus de force).
Ma préférée reste néanmoins le morceau-titre, qui possède un côté drama assez théâtral (notamment par le chant en ouverture), mais est aussi le plus multi-facettes, déconstruit. Martial sur ses premiers pas, enragé lorsqu’il mue et que le jeu de batterie de Luc et Joris devient une hydre. C’est l’un des aspects les plus riches de cette collaboration : empiler les couches, mais en garder quelque chose de lisible (le jeu de peaux évoqué plus haut, les nappes de guitares de « Stranding Shelters ») et qui n’est ni véritablement Coilguns, ni totalement Birds In Row, sans pour autant en faire disparaitre totalement l’identité lors des écoutes.

D’autres se sont lancés dans ce type d’expérience, on en retiendra Emma Ruth Rundle / Thou (et leur reprise de « Hollywood » à donner des frissons) ou encore Cult of Luna / Julie Christmas qui prend des airs de fin du monde, tandis que certains sont à oublier (Lulu, la triste collab de Metallica et Lou Reed). Celle-ci, bien qu’assez courte, se range parmi les premiers.
Collaboration intéressante, projet à sept têtes / coeurs, qui s’oriente plus vers une sorte de Rock Noisy qu’un Post-Hardcore plus connu par les deux combos. Elle pourra peut être laisser perplexe celles et ceux qui cherchent un côté plus brut dans la musique des musiciens, mais cela correspond exactement à ce que certains ont mieux nommé que moi : Hardcore des temps modernes.

Le terme de Hardcore des Temps Modernes est emprunté à Core and Co.