Birds In Row
Rockin' Hardcore

Gris Klein
01. Water Wings
02. Daltonians
03. Confettis
04. Noah
05. Cathedrals
06. Nympheas
07. Grisaille
08. Trompe L'oeil
09. Rodin
10. Winter, Yet
11. Secession
Chronique
Birds In Row est mort. Vive Birds In Row.
C’est ainsi que l’on pourrait annoncer Gris Klein. Parce que la structure de Cottbus semble définitivement enterrée. Avec l’annonce de sa signature chez Red Creek (label de Cult Of Luna), on pouvait s’attendre à un nouveau cap dans la tournure artistique de Birds In Row. Ces dernières années semblent avoir laissé des marques sur le moral et la créativité du combo, autant que de coups de pinceau sur l’artwork.
Plein de subtilités, avec des moments que l’on aurait pas attendu il y a quelques années (la fin de « Noah », le travail sur les codes de « Cathedrals »), Birds In Row est le Post-Hardcore au sens premier, aller au-delà du Hardcore, en chercher de nouveaux sens et sons. C’est ce qui se produit quand on checke « Trompe L’oeil », qui amorce un travail sur le chant bien plus riche qu’à l’accoutumée (lignes vocales claires, hurlements ou chant hurlé / dents serrées), comme si B. tentait de tirer autant de variations de sa voix que de sa guitare, assez loin des crachats d’un Cottbus.
Certes, il reste des éclats de fureur (« Grisaille »), mais on est quand même sur un disque moins furieux, spécialement avec la partie instrumentale qui prend un malin plaisir à superposer les couches, à jouer parfois sur une note qui reste en fond jusqu’à la fin (« Rodin »), ce qui n’est pas surprenant quand on connait l’amour de certains pour Fugazi par exemple.
On avait connu Q. au travers de As We Draw, et on retrouve la même tendance à travailler le jeu de corde sur « Rodin », presque martial, tandis que la batterie semble plus nuancée, apportant une maitrise retenue, ferme mais jamais excessive (« Secession »). Le jeu nerveux de T. est remplacé définitivement par J. et apporte d’autres nuances à la palette chromatique de Birds In Row, parfois flirtant avec un brin de Math Rock (« Secession » toujours).
Ainsi, c’est lorsqu’on prend le temps d’apprécier les passages plus nuancés qu’on devine le poids sur les épaules de chacun. « Grisaille », c’est ce dimanche après midi à regarder la pluie tomber, ou simplement cette sensation que rien ne va jamais bien. On pourrait faire le lien avec « Daltonians », sur une manière différente de voir les couleurs (et donc les relations humaines ?) ou « Trompe l’oeil ». Ces déceptions&frustrations qui parfois peuplent « Water Wings » restent fidèle à ce que l’on a pu connaitre avant, cette danse triste comme elle est si justement nommée par le trio.
« I don’t want to be young. I don’t want to be old enough to remember all the things I projected but never touched in fear of ruining dreams I don’t possess. »
Difficile de trouver un titre qui se démarque, chaque écoute / humeur faisant osciller le curseur. Que ce soit le côté dansant de « Confettis », la morosité ambiante de « Trompe L’Oeil » ou le Post de « Noah », tout semble sujet à appréciation. Alors oui, on pourra être perturbé par ce magnifique contrepied du combo, cherchant à se raccrocher à un « Can’t Love » ou « Pilori », mais on se rend compte facilement - avec le recul- que le trio n’a jamais voulu se limiter à quelque chose.
Qu’est ce qu’on reprochera à Birds In Row ? Rien. Encore surprendre et faire évoluer sa composition ? Avoir attendu tant de temps (merci le Covid) ? Certains groupes ont des discographies sans faux pas, malgré les années, et pour le moment c’est ici le cas.
Il y a des groupes qui prennent de virages bancals et se plantent, d’autres qui continuent inlassablement de marteler les mêmes rythmes, et enfin les derniers, qui prennent toujours à contre-pied pour se renouveler. Je reste intimement convaincu que Birds In Row est de ceux-là, avec une remise en question artistique perpétuelle. Délaissant sa base Post Hardcore, oeuvrant sur des charbons ardents par moment, Gris Klein n’est pas qu’une couleur, mais une palette chromatique.
A écouter : 1
Album en cohérence totale avec l'évolution de leur discographie. A chaud comme ça il m'a fait très très forte impression! On ressent beaucoup de choses tout au long du disque, c'est furieux, émouvant, planant et on sent que c'est sur la corde raide en permanence, du coup quand. ça explose ben t'as juste envie de chialer. C'est énorme quoi.