Billy Talent II, le retour. Combien se sont pris les pieds dans le tapis, combien ont dit "Nous avons trébuché" quand ils ont dû s’expliquer sur le deuxième service? Combien ont raté le terrible examen de la 'confirmation' du second opus? Beaucoup! En statistique. Mais quand ils ont passé ce second tour, cela s’est avéré une prouesse signe du beau temps qui reste, enchaîné avec une entrée dans la cours des grands, dans la plupart des cas. Voilà ce que vient de réaliser le quatuor Canadien.
Allons à l’essentiel, ce second album de Billy Talent est une tuerie en 13 titres et 47 minutes. Cet enregistrement est un album complet, complètement rock, des mélodies à tomber par terre, et une voix qui sait se faire tsunami. Avouons d’emblée que ce second album est moins 'énervé' que le premier, mais il n’en est pas moins puissant. Musicalement "This Suffering" est très proche du premier opus, les gueulées, les accords plaqués, la guitare lead par dessus. Des groupes comme The Clash, Rage Against the Machine et Jane’s Addiction sont des éléments fondateurs de ce que Billy Talent fait aujourd’hui, d’une manière pourtant unique. Quelques balades se baladent sur l’album, "Pins And Needles" est de toute beauté : lourde, angoissante, lente, lascive, triste, nostalgique et puis ça s’embrase. Et toujours cette voix qui monte très haut, très inspirée, très juste.
L’album semble plus personnel encore, que ce soit avec les paroles à fleurs de peau comme "Fallen Leaves" qui évoque une histoire vécue d’un ami sombrant dans la drogue. C’est une des plus belles réussites de l’album. Idem pour l'énorme “Devil in a Midnight Mass� (clip) qui raconte métaphoriquement l’horreur d’abus sexuels qu’ont subit 150 enfants, orchestrés par un prêtre de Boston (on se souvient que le chanteur Kowalewicz est fort impliqué pour le respect des droits des enfants, déjà sur "Nothing To Lose" dans le premier album: clip). On vogue tout au long de l’album entre un punk-rock complexe, épicé de mèche émoïsante, d’une originalité certaine, savoureusement mélodique, mais décidément ‘rock’. Le tout empaqueté dans un joli artwork d’un certain Henry Fong, camarade universitaire du vocaliste, qui synthétise bien la vocation du groupe, par une bouche ouverte, hurlante, dans la lignée de l’expressionnisme allemand (Fritz Lang, Edward Munch). Social, à vif, touché, touchant.
On a souvent tout un début de vie pour écrire son premier album, et seulement quelques mois pour faire le second. II est une confirmation du talent des Billy boys.
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A écouter : "Red Flag" ; "Devil in the Midnight Mass"