Le "post-hardcore" foisonne ces temps-ci. L’originalité commence à sérieusement en pâtir avec tous ses protagonistes qui ne font que reproduire le schéma usé jusqu’à la mœlle : riffs lents et lourds - passages chaotiques - montées pseudo post-rock masturbatoires. Mais voilà que Berserk for Tea Time, jeune formation tout droit sortie de Suisse, parvient dans un genre relativement proche à éviter tous les clichés. Le groupe propose un mathcore somme toute assez original mais qui n’atteint pas encore un niveau exceptionnel.
C’est presque inévitable. Dès la première écoute, deux noms viennent à l’esprit. Botch en premier lieu, pour les rythmiques saccadées, les breaks à profusion. Puis en second lieu un lointain Cortez, notamment pour la voix écorchée vive presque screamo et peut être aussi le son. Mais que l’on ne s’y trompe pas, Berserk for Tea Time s’extirpe assez de ses influences pour se forger une identité d’hors et déjà forte, une seule écoute suffit pour s’en convaincre. Si la musique du groupe est énergique et brutale, parfois chaotique, elle est aussi largement entrecoupée de passages plus calmes dont l’intensité n’est pas pour autant mise à l'écart. Les textes sont alors parlés, avec un fond instrumental paisible et embrumé presque jazzy. C’est quelques fois un peu maladroit mais au moins ils ne tombent pas dans le piège des montées post-rock soporifiques. On pourra aussi leur reprocher une franche faiblesse au niveau de l’accent anglais, mais rien de véritablement handicapant.
Et Berserk for Tea Time ne s’arrête pas là. Que ce soit au niveau de l’ambiance, des textes ou de l’artwork, le groupe se construit un petit univers à part entière dans lequel on se plonge volontiers à l’écoute de Ink…and Paper. Le tout est appuyé par travail du graphiste attiré du groupe, Baptiste Cochard, notamment au niveau de leur site internet. Alors oui, la musique et le background fonctionnent bien ensemble et donnent un intérêt supplémentaire à la musique des helvètes.
Berserk for Tea Time pose avec Ink…and Paper les bases d’un son et d’un univers qui peuvent véritablement aboutir à quelque chose de fort. Ce quelque chose ils ne l’ont sans doute pas encore atteint, le résultat est encore un peu fragile.
A écouter : A Fresh Tear of Innocence, Wrecked, Mr Liar