Being As An Ocean

Post-Hardcore

États-Unis

How We Both Wondrously Perish

2014
Type : Album (LP)
Labels : Invogue Records

Chronique

par Pentacle

On le sait, le cap du deuxième album est toujours crucial, que se soit pour le groupe bien entendu, mais également pour les auditeurs. Celui-ci est d'autant plus difficile à franchir quant il s'agit de succéder à un bon, voire à un très bon disque. Malheureusement pour Being As An Ocean, la suite de Dear G - D..., sans être une véritable déception, n'est pas complètement à la hauteur de nos attentes.

Notons en premier lieu que cette nouvelle création est différente de la première sur plusieurs points. Les postes de batteur et de guitariste rythmique ont changé, du coup, les rythmiques saccadées comme sur The Hardest Part Is Forgetting Those You Swore You Would Never Forget ne sont plus à l'ordre du jour, les influences qui tiraient parfois vers le Metalcore se sont envolées, de même pour les aspérités d'un Hardcore émotionnel plus diluées en une sorte d'Emocore à chant clair relativement cliché. Il est clair que la venue de Connor Denis du groupe de Punk-Hardcore Sleep Patterns et celle de Mickael McGough du groupe de Post-Hardcore The Elijah ont bouleversé les compositions de Being As An Ocean. Ainsi, le groupe évolue désormais dans un registre plus codifié du Post-Hardcore / Post-Rock et on ne peut pas leur en vouloir d'avoir voulu éviter la redite, c'est tout à leur honneur, mais le problème, c'est qu'en chemin, ils ont aussi perdu une partie du sel qui donnait toute la saveur à leurs morceaux.

En contrepartie, Being As An Ocean a gagné en maturité. A l'image de la pochette, leur musique est plus posée, plus réfléchie, bien moins marquée par la fougue d'une Hardcore émotionnel abrasif. Joel Quartuccio cri moins, favorise toujours les passages en spoken word (The Poets Cry For More), mais délègue beaucoup plus la parole à Mickael McCough pour un registre uniquement constitué de chants clairs. Et c'est sans doute là qu'est le reproche à faire à ce How We Both Wondrously Perish, en user de façon quasi systématique comme beaucoup trop de groupes dans le genre alors qu'il n'y en avait pas besoin alors que Connor le dosait bien mieux sur Dear G - D... et avec une émotion sincère. Being As An Ocean évite de justesse de tomber dans la niaiserie ambiante (sauf la fin Natures digne d'une reprise des Poetic Lover), et d'une manière générale, l'album regorge de belles choses et joue toujours sur la corde sensible.

Il convient de garde cette idée en tête, cette ligne directrice d'un groupe qui compose toujours avec grâce, avec sensibilité que se soit dans les mélodies ici ou là (Mediocre Shakespeare ou L'Exquisite Douleur), les paroles qui serrent l'âme (Even The Dead Have Their Tasks : « Throughout the years, I've chosen a big family, And the weight of their absence, Has brought me more than once to tears, I wake from sleep violently, Only to witness those lives and faces, Disappear slowly behind me, (I'm drowning) » ) ou cette batterie / spoken word sur The Poets Cry For More) qui suivent les pulsations du cœur. On sent les ambiances travaillées, des bouts d'expérimentations qui siéent parfaitement à certaines rêveries (Grace, Teach Us What We Lack) l'ajout de claviers discrets (We Drag The Dead On Leashes) et de trompettes (Mothers) pour des teneurs plus calmes et rafraîchissantes. Mais Being As An Ocean garde cette part d'ombre, traite du combat contre la maladie (Mothers) libère sa colère (Death's Great Black Wing Scrapes The Air) et s'éloigne légèrement, par la même occasion, des thématiques chrétiennes qui unissaient Dear G - D....

Si à première vue, How We Both Wondrously Perish est déconcertant, c'est à force d'écoutes qu'il travaille au corps et à l'esprit et que l'on fini par apprécier cette nouvelle orientation musicale de Being As An Ocean. Même les chants clairs qui rebutaient finissent par convaincre et nous faire dire que l'on tient là un bon disque de Post-Hardcore. Car l'on sent l'application et l'envie à travers ces douze titres. Il ne manquait que le grand frisson.

15

Les critiques des lecteurs

Moyenne 16.5
Avis 4
Ark Age June 2, 2014 22:36
Moins surprenant que Dear G-D, c'est certain, et abordable aussi. Mais, ce qui fait mouche sur cet album c'est son ambiance, l'atmosphère qui se dégage du disque. Du début à la fin tout est enveloppé d'une mélancolie qui démarre par la colère (les 2 premiers titres) pour finalement s'abandonner totalement à ce qu'elle est jusqu'au moment de joie (je parle de ressenti pas des textes) qu'est Mother.

Bref, changement de musicien, changement de musique, ou plutôt évolution, et ici, elle est réussi, même si l'on aurait aimé un peu plus.
15 / 20
Letersk May 9, 2014 14:02
C'est vraiment un album agréable à l'écoute, peut-être trop accessible pour les puristes, mais c'est exactement ce que j'attends pour ce genre musical. Je suis fan de cet album, alors que je l'ai écouté par pur hasard à la base.
18 / 20