logo Beecher

Biographie

Beecher

Beecher voit le jour en 2001 à Manchester et se forme en quintet pour délivrer un hardcore chaotique teinté d'éléments metal, post-rock, noise ou ambient. Un split avec The Leif Ericsson sort en 2002 chez In At The Deep End Records suivi dans la foulée d'un premier EP nommé Resention Is A Big Word In A Small Town sur le même label. Les anglais ne chôment pas puisque le premier album, Breaking The Fourth Wall, débarque en 2003, sorti d'abord chez Calculated Risk Records, puis réédité deux ans plus loin par Earache Records. 2005 voit également l'arrivée de This Elegy, His Autopsy, second et dernier album de Beecher, car le groupe stoppera ses activités par la suite.

Chronique

16.5 / 20
2 commentaires (16/20).
logo amazon

This Elegy, His Autopsy ( 2005 )

L’Angleterre n’est pas réputée pour son vivier hardcore, pourtant lorsqu’elle décide d’extirper quelques formations des sous-sols de ses villes comme Manchester on peut espérer des surprises. Ce fut le cas de Beecher, né au milieu des rues mal fagotées du plus gros bled industriel de la plus grosse île d’Europe. Sorti en 2005, This Elegy, His Autopsy a redéfini les contours du hardcore européen avant que le groupe ne casse sa pipe l’année d’après.

Mais avant cet ultime album on a eu droit au déjà fort consistant Breaking The Fourth Wall, qui posait en 2003 les jalons d’un hardcore moderne, organique, gavé d’influences multiples, en phase avec ce qui se passait outre-Atlantique à cette période. This Elegy, His Autopsy apparaît alors comme ce qui deviendra le testament d’un groupe singulier dans son approche, à l’image des éphémères et regrettés Eden Maine, qui ont d’ailleurs expurgé leur unique format long au même moment. A croire que le hardcore à l’anglaise ne peut décemment pas tenir dans la durée, et c’est bien dommage. Quoi qu’il en soit les Mancuniens ont exploité toutes leurs ressources en termes d’inventivité et d’agencement des différents éléments définissant la saveur du précédent long. La musique de Beecher s’exprime donc par le prisme d’inspirations aussi diverses que Botch en premier lieu, pour l’aspect animal des choses, mais également Cave In, Poison The Well et Breach dans la démarche artistique, qui ne se fixe aucune limite mais n’en n’oublie pas de rester cohérente, ou encore ASIWYFA sur quelques relents post-rock (…And On The Day That He Became A Human Plumb Line, qui tente vainement de concurrencer Red Sparowes pour le nom de morceau le plus long du monde).

Avec des mandales telles que Function! Function! et sa basse chewing-gum, le menaçant et ingénieux Not Guilty (aux faux-airs de Converge), la transition rétro-futuriste The Biting Cold ou les huit minutes finales et gratinées à deux voix de Reach Up To The Gods, on peut s’autoriser à penser que Beecher avait tout dit, qu’un album supplémentaire aurait sans doute été malvenu, tant This Elegy, His Autopsy défonçait allégrement nos caboches du sol au plafond, brûlant les toiles d’araignée au passage. Car il ne s’agit pas seulement d’éclectisme ou de technique concernant le quintet possédé avant tout par un feeling destructeur et/ou déstructuré, comme pouvait l’être Botch, les viscères à l’air. Autre point commun avec ce dernier et défaut qui n’en est pas un, les rares petits pains entendus ici ou là, qui n’obstruent pas le ressenti, au contraire ils nourrissent des compositions portées par des protagonistes impliqués corps et âme.

Beecher n’a pas eu de mal à tirer son épingle du jeu non seulement grâce à une scène britannique un peu trop déserte en la matière, mais aussi et surtout par une souplesse d’exécution qui force le respect, ne manquant pas de spontanéité ni de personnalité. This Elegy, His Autopsy demeure aujourd’hui une œuvre essentielle du genre en Europe, un pavé dans la mare qui mérite qu’on se souvienne de lui, au minimum.

A écouter : Of course!