Bauhaus
Post Punk / Batcave

The Sky's Gone Out
Chronique
A moitié composé en studio et à moitié construit autour de vieux morceaux ou de réenregistrements, The Sky’s Gone Out est aussi l'album qui rencontra sans doute le plus de succès dans la carrière de Bauhaus lors de sa sortie. Pourtant le moins stable et homogène, oscillant entre Pop déjantée (Third Uncle) et Musique Schizophrène (la trilogie The Three Shadows), il fut épaulé par la sortie du single Ziggy Stardust (reprise de Bowie) et la distribution d'un live gratuit en bonus.
Ainsi, la face A, composée de Third Uncle, Silent Hedges, In The Night, Swing The Heartache et Spirit, se veut un ensemble de morceaux issus de sessions d'enregistrement ou de faces B de singles. Relativement variés musicalement, ces compositions flirtent entre le bon (Third Uncle, catchy et poppy à souhait, sans tomber dans la mélodie facile) et l'anecdotique (Swing The Heartache, minimaliste et complètement hallucinogène). Bauhaus ne surprend guère au final, déçoit sans doute un peu car Murphy a tendance à délaisser de plus en plus son chant si particulier, sauf sur certains passages (In The Night), et les compositions à devenir de plus en plus faciles malgré une qualité toujours bien présente.
La deuxième face, beaucoup plus expérimentale, s'aborde avec difficulté par rapport aux opus précédents de Bauhaus. Le premier pas se fait sur The Three Shadows, composé de 3 parties, et sur Exquisite Corpse (face B de Passions Of Lovers). Bien que de qualité correcte, les notes s'émiettent dès la première écoute, tant les mélodies semblent peu inspirées face à ce qu'a pu sortir le groupe avant. On se rapproche plus d'un Pink Floyd que d'un Joy Division par exemple sur The Three Shadows, tant les instruments semblent être pris d'une soudaine liberté créatrice.
Plus traditionnel, All We Ever Wanted Was Everything s'annonce planant, sans doute plus proche de Burning From The Inside avec une nappe de sons célestes, chanson de veille de fin du monde. Sans le moindre excès, All We Ever Wanted Was Everything arrive à se frayer un chemin sur l'album, le rendant presque essentiel pour maintenir un équilibre sur les 2 faces (surtout avec ce refrain « Oh To be the cream » si envoutant).
Enfin, comme toujours, 4 morceaux en bonus sur l'édition CD. Entre le culte Ziggy Stardust, la version originale de Spirit, il reste peu de place pour Party Of The First Part et Watch That Grandad Go. Le premier s'oriente plus vers une musique d'ambiance, atmosphère jazzy avec whisky et cigares sur fond d'années 20, le tout saupoudré de quelques samples. Watch That Grandad Go fusionne un peu ce qu'a fait Bauhaus, avec une base rythmique punky, un Peter Murphy semblant prendre son pied en duo avec le saxophone et quelques passages plus "osés" (aux alentours de 1min - 1min 20).
La version originale de Spirit semble plus dansante, plus ensoleillée que la nouvelle présente sur The Sky’s Gone Out tandis que le pavé Ziggy Stardust semble moins doux que l'originale. Même si le fond du morceau change peu, la forme qu'il prend permet au groupe de jouer sur ce sentiment de copie de Bowie, tout en se détachant de cette impression via une vitalité presque palpable des sons.
The Sky’s Gone Out ou la chute de Bauhaus, Icare d'un soleil déclinant sur une carrière éphémère. Le disque s'écoute d'une oreille distraite et même si l'ensemble donnera sans doute des frissons, cela semblera bien peu face à In The Flat Field. Même si le passage entre Mask et The Sky’s Gone Out peut surprendre, il ne sera rien en comparaison de la transition The Sky’s Gone Out / Burning From The Inside.