Bauhaus
Post Punk / Batcave

Burning from the Inside
Chronique
Burning From The Inside n'est déjà plus un album de Bauhaus. Lorsque le groupe entre en studio, Peter Murphy n'est pas présent et ne participe donc pas à la composition de la plupart des titres. Burning From The Inside, c'est déjà la fin de Bauhaus, le groupe aura implosé entre les différentes personnalités, chacun ramenant l'attention sur lui pour être montré par un projecteur étincelant...
Dès les premières minutes de She's In Parties, à peine les premiers mots lancés sur une guitare lancinante, un sentiment d'égarement fait son apparition. La verve de Murphy semble s'être envolée au profit d'une mélancolie plus romantique, sentiment que l'on retrouvera sur Kingdom's Coming. Car, la surprise est de taille, Daniel Ash et David J s'essaient au chant sur certains morceaux, prenant le pas sur Murphy du fait de l'absence de ce dernier.
Beaucoup moins post-punk, plus rock ou simplement parfois tendant vers la folk, Burning From The Inside est à part. Finie la basse tonitruante, qui faisait vibrer vos pauvres enceintes sous les doigts agiles de David J. Même chose pour la batterie rythmée et précise. On se retrouve plutôt face à des ambiances éthérées, langoureuses, comme le délicat Slice Of Life ou l'hymne Hope, rayonnante sous ses quelques cordes. Peut-être à la fois le plus varié mais aussi le moins représentatif de la discographie de Bauhaus, Burning From The Inside irradie par moments, le groupe se détache de son imagerie noire qui lui collait à la peau pour s'offrir de vrais moments de bonheur : Hope clôturant l'album sur un brin d'espoir, vers un futur plus joyeux (Tones on Tail / Love And Rockets), le Kingdom's Coming aux airs de Pink Floyd ou le piano de Who Killed Mr. Moonlight, où l'on sent clairement que l'ombre de Murphy était totalement absente lors de l’enregistrement.
Mais l'amateur de Gothic Rock / Batcave trouvera aussi son bonheur. Même si ces sonorités sont beaucoup moins présentes (alors qu'à l'époque venait de sortir l'énorme Pornography de The Cure), il n'en reste de nombreuses compos reflétant ce mouvement : le très punk rock Antonin Artaud, où l'on retrouve un chanteur au meilleur de sa forme, un Honeymoon Croon que l'on pourrait penser issu de la période Mask avec un brin de reggae sou même simplement la guitare sur She's In Parties.
Du côté des morceaux bonus de l’édition CD, rien de bien surprenant. L’alternatif Lagartija Nick, où l’on voit le retour du saxophone pour un morceau moins punk que rock. Encore du dub, comme à l’accoutumée, via Here’s The Dub, bien moins intéressant que Fear Of Dub (Mask), même s’il utilise des extraits de She’s In Parties. Enfin The Sanity Assassin est un équilibre entre les parties vocales plus posées de Burning From The Inside et la rythmique plus punk des albums précédents.
En 1983, Bauhaus a littéralement implosé. Le résultat en décevra plus d'un, mais au final, Burning From The Inside ne porte que le nom de Bauhaus, la musique ayant bien évolué. A l'époque de sa sortie, Burning From The Inside s'est fait attendre, puis est au final quasiment passé inaperçu. Pourtant, même si l'un des fondateurs de ce mouvement vient de disparaitre, la scène continuera à vivre via des groupes comme Clan Of Xymox, Virgin Prunes ou les plus éloignés The Sisters Of Mercy...