Avec Hammerheart, la thématique développée par Bathory depuis Blood Fire Death culmine dans la célébration mythologique. Cet album s'avère plus atmosphérique et plus mélodique que ces prédécesseurs, ralentissant le tempo et s'éloignant des canons du black métal que le groupe a contribué à créer. Quorthon y orchestre un hommage appuyé aux glorieux ancêtres et aux dieux viking.
Dès l'entame Shores in Flames, le ton est donné, aussi bien par les samples d'une mer écumante que par un riffing et des choeurs pour le moins emphatiques. Le chant n'est comme à l'accoutumée pas toujours d'une très grande justesse, mais le coeur est aussi généreux que la musique. L'imagerie à la Conan le Barbare (influence revendiquée) se développe sur la pochette avec un combattant en armure (huile sur toile, Un dernier voyage viking) comme dans les textes. Quorthon témoigne d'une certaine déférence sur des morceaux comme Valhalla, authentique ode aux farouches guerriers dévoués au dieu Ase Odin. Une rythmique sèche et percutante, des riffs simples et frondeurs, des choeurs omniprésents et le chant expressif de Quorthon font de ce morceau une véritable pièce épique posant les jalons du style Bathory. Le recours aux cuivres amplifie la facture solennelle d'une telle composition. Le viking metal est né.
La suite n'est pas tout à fait du même tonneau, mais demeure de haute volée, en appelant aux éléments (Baptised in Fire and Ice) ou bien à la filiation (Father to Son) voire à la prière à Odin (Song to Hall Up High, superbe complainte acoustique) dans un panégyrique des tribus anciennes et de leur mode de vie dédié au combat et aux divinités scandinaves. L'ensemble n'exclue pas une certaine naiveté, mais celle-ci va de pair avec la farouche volonté de Quorthon de recréer une époque et une culture battues en brèche par le christianisme. Encore une fois, les samples sont d'une grande justesse (Father to Son en particulier), mais ne seraient qu'artifices sans la qualité des mélodies et de solis de Quorthon. On traverse ainsi les villages et les terres des viking comme les champs de bataille avec réjouissement tant l'imaginaire fonctionne à plein régime. Chevauchée fantastique, One Rode to Asa Bay complète le tableau, imprimant avec force et dignité une critique du christianisme pour les années à venir.
Hammerheart demeure l'un des piliers fondateurs du viking métal, mais il s'agit surtout d'un très bel album, épique et magistral, qui pourrait être comme la bande originale idéale d'un hypothétique King Conan.
A écouter : comme un p�lerinage en terre Viking