Baron Crâne

Rock instrumental / Stoner / Progressif / Psychédélique

France

Commotions

2020
Type : Album (LP)
Labels : Autoproduction
Tracklist
01. Firmin
02. Acid Rains
03. Closing Door
04. On Rase Les Murs
05. Fifth Stone

Chronique

par Tang

Le Baron a roulé sa noble bosse depuis quatre ans et le sémillant Electric Shades, qui exposait déjà une personnalité affirmée via un étalage instrumental polymorphique de qualité sûre, présenté ensuite dans moult sous-sols associatifs pour les jeunes. Le trio parisien a fait fi des intempéries de l’actualité covidée afin de réussir à nous pondre ses Commotions schizophréniques, pour la première fois investies de voix, sur deux morceaux.

D’ailleurs la forme n’a pas beaucoup changé : cinq titres bien remplis, généreux en riffs et décalages pertinents. Une structure qui sied idéalement à la morphologie du Baron, ici encore un peu plus attiré par le Jazz, sans pour autant se détacher de la bruyante plèbe ni d’un socle viscéral nécessaire. Rappel à la réalité qui – en dehors du visuel superbe – s’effectuera notamment par l’intermédiaire du chant d’Arthur Brossard sur l’explicite et grisant Acid Rains (« I know a place to see your face ») ou des mots du rappeur I.N.C.H. avec un On rase les murs lucide et surprenant, sur son lit Noise aux contours Punk, une collaboration fluide qui en appellera d’autres à l’avenir, espérons. 

Avant ça Firmin en ouverture assume ses personnalités multiples, par une batterie volubile, plus inspirée que jamais, une basse jongleuse, primordiale, et une six cordes qui a réponse à tout, résiliente, s’adaptant à toutes les situations. Éléments dispersés sur chaque composition, alliant toujours plus subtilement Stoner, Math Rock, Jazz, Noise ou Dub en une orgie de Fusion d’autant plus cohérente et maîtrisée que par le passé, sublimée par les deux interventions vocales s’intégrant naturellement au sein du bouzin.

Confirmation avec le très progressif et psychédélique Closing Door, percuté ici et là de mouvements déconstruits intempestifs, puis par une conclusion ajoutant la Cinquième Pierre anguleuse, fiévreuse et groovy à cet édifice bâti à la main grâce à une production maison, comme c’est le cas depuis l’entame des pérégrinations du Baron Crâne. Commotions ne procure aucun mal de… crâne, au contraire la réception se fait de manière limpide malgré le caractère alambiqué de la chose. Le trio est en phase avec le réel, mais ça ne l’empêche pas de nous balader entre les lignes pour faire évoluer notre perception d’un monde sur le déclin. Seule frustration, on aimerait un voyage un peu plus long, un peu plus dense encore, car quand c’est aussi bon, on devient fatalement gourmand.e.

15

Commotions sur Bandcamp.

Les critiques des lecteurs

Moyenne 16
Avis 1