Bagheera, comme la panthère noire dans Le Livre De La Jungle. Drift, comme un premier album à la pochette sobre et assez étrange qui sort un peu sans prévenir, issu des contrées voisines de la Suisse. Des suisses qui pratiquent un Metal Hardcore au groove certain qui fait plaisir à entendre.

Dès les premières secondes de Cliff on se rend compte que Bagheera tape là où ça fait mal, affirmé et bien calé entre Metal Groovy influencé Thrash moderne et Metal Hardcore. Plus que des étiquettes, il en sort un son couillu et velu, avec une force de frappe indéniable et une précision redoutable. Si les gars nous confient s'inspirer de certains grands noms du Metal (Pantera / Meshuggah entre autres), dont la filiation n'est pas totalement déméritée, je trouve surtout que Bagheera se rapproche d'un mélange à Lamb Of God / Chimaira. Comme tu t'en doutes, les compos sont musclées, instrumentalement ça file tout droit du genre on préfère cogner d'abord et ensuite on discute. Drift n'est pas spécialement fin, mais ne perd jamais son objectif d'aligner les coups dans les rotules et les riffs brise nuque avec un gros son dans sa besace et son groove omniprésent. Et là où on aurait pu se dire que, passé les deux premiers morceaux, c'est cool, mais on connait la suite, et bien pas du tout, car les suisses ont de la ressources et arrivent à varier suffisamment leurs idées pour qu'aucune lassitude ne viennent s'installer au cours de l'écoute de ces dix torpilles auditives.

Certes, Bagheera ne surprendra pas vraiment en terme de rendu sonore, d'originalité ou d'écriture, surtout pour les auditeurs les plus aguerris qui roulent leur bosse dans le Metal depuis plusieurs années, mais c'est pas non plus là où on attend les suisses. Ce qui prime sur ce Drift, c'est l'énergie déployée et la passion mise au service de leur musique. Et évidemment des titres taillés pour le live qu'on imagine bien remonté. Comme je le disais, Bagheera puise pas mal de bonnes idées ici et là qui permettent à ce Drift d'être assez diversifié et de ne pas juste squatter une case-étiquette et d'y rester enfermer jusqu'à l'ennui. Notez par exemple les rythmiques syncopées à la Meshuggah sur 80 Years To Learn Nothing, les grosses guitares Stoner sur Ossified, les brûlots Metal-Hardcore que sont Drone ou Torchlight avec même des pulsions quasi Punk-Hardcore sur Ad Hoc et quelques mélodies bien trouvées (on aurait peut-être pu en entendre plus?) qui émaille ici ou là le disque (Rough, Eins Zwei Die).

Bagheera a sans doute des airs de déjà vu, mais s'en tire plus qu'honorablement avec un enthousiasme et une fureur qui font plaisir à entendre. Muni d'une production chaude et acérée, Drift est une production solide qui en a dans le coffre afin de vous faire headbanger au gréer de ses morceaux énervés et implacables.