Bad Astronaut
Emo / Pop Rock

Houston, We Have A Drinking Problem
Chronique
Autant le préciser tout de suite, la deuxième création de Joey & Co. risque d'en déconcerter plus d'un. Bad Astronaut a clairement osé s'affirmer et tracer sa voie, quitte à s'éloigner du punk rock, pour se positionner quelque part entre l'emo et un pop rock particulièrement complexe et torturé. BA est allé au bout de ses envies et a littéralement laisser déborder sa sensibilité artistique, au mépris des conventions; cet album est donc particulièrement difficile d'accès, et nécessite un bon nombre d'écoutes au préalable.
La tonalité de l'album est globalement mélancolique, et donne parfois un sentiment de malaise sur certaines chansons ("The passenger"), un peu comme certaines compositions de Ok Computer (Radiohead). C'est dire si on est loin de Lagwagon (surtout les premiers albums).
La plupart des chansons commencence par le piano couplé à la guitare acoustique et la voix de Joey, sur rythme (très) lent. Pour autant, chaque composition possède son identité propre, ses intonations, ses subtilités, sa tonalité, sa structure. On a le sentiment que chaque chanson a été écrite suivant un schéma singulier, indépendant, et a été inspirée par un sentiment, une situation, ou une sensation. BA écrit ses compos au feeling, sans chercher à "remplir" des couplets et des refrains, et à mettre des petits ponts ou solos juste après le 2è refrain... peu de groupes savent construire une composition en suivant les instincts ou envies, sans tenir compte du carcan couplet/refrain.
La non structuration rend les morceaux autonomes, imprévisibles et témoigne de la maturité du groupe.
En outre, le combo sait incorporer des éléments musicaux qui se marrient dans les compositions: violons, claviers, guitare acoustique, orgue, harmonica, effets vocaux, bruitages... Il y a une grande expérimentation de sons, d'instruments assez 'futuristes'dans ce cd. Bad Astronaut ne se fix aucune limite, du moment que celà permet d'enrichirla musique, de véhiculer l'émotion, de préciser les sensations.
Les guitares ne sont pas le pilier des compos et des mélodies: elles accompagnent souvent le piano ou offrent un contraste, apportent de la subtilité avec une multitude d'effets (wah-wah, chorus...), une saturation légère (crunch) sur les électriques, et beaucoup de profondeur, de rondeur avec les électro acoustiques ("The passenger")
L'émotion et l'énergie sont palpables tout au long de l'album, et notamment dans la voix de Joey, qui peut complètement s'exprimer dans cet album, d'un point de vue musical (sa voix n'a jamais été aussi belle, posée et limpide) et artistiquement (on sent que Joey s'est énormément investit dans cette création).
Bref, il se régale et ça s'entend. Il s'épanouit certainement plus artistiquement et musicalement parlant dans BA que dans Lagwagon.
Houston est un album subtil, profond, frais (j'entends par là spontané), et repsire la maturité (jeter un oeil sur les lyrics...)
C'est certainement la création de Joey et de Bad Astronaut la plus aboutie (artistiquement) à ce jour. Chaque chanson est une pure merveille. Un conseil: n'écoutez pas une seule chanson de l'album pour vous faire une idée mais plusieurs. (à titre indicatif "If I had a son", "Our greatest years", "Not a dull moment", "Solar sister").
Coup de chapeau donc, aux 7 compères, pour avoir eu le courage de s'exprimer pleinement, malgré l'exposition à un risque d'échec commercial.
A écouter : 1
Cet opus des mauvais astronautes est un des plus beaux albums que j'ai pu écouter dans ma vie du moins pour le "genre".
Trois mots que je vais pomper dans la chronique résument très bien ce que je pense de Houston ... Subtil, Profond, Spontané et j'en rajouterai un 4ème Aboutit !!!