Il ne faut pas avoir d’à priori, même si la première
expérience avec le groupe a été … désastreuse (Live au Download, où le groupe a
mis plus de quinze minutes à démarrer son set suite à un problème technique,
d’ailleurs Biff Byford de Saxon a balancé le bail dans les backstage, ils
avaient oublié leur piste playback au download UK où ils avaient joué la veille)
Il s’agit d’un Best of de dix ans de carrière, il y a forcément du bon là
dedans.
Je veux bien confesser avant de poursuivre que j’avais très
peu d’espoir sur le fait que ce disque allait me plaire. J’aime pourtant bien
l’univers japonais au sens large, manga, jeux vidéos, Histoire, société, et
même en musique des groupes comme Maximum the Hormone, MUCC sont des choses que
j’écoute régulièrement, tout comme des projets expérimentaux salement ravagés à
la Endon ou même des trucs bien plus mainstream genre Asian Kung Fu Generation.
J’imagine que dans la tête d’un chef de projet commerc … ahem … musical d’une maison de disque, je dois être
la cible marketing international visée par un produit comme Babymetal. Essayons
donc de construire un argumentaire objectif sur ce qui nous est présenté ici.
10 Babymetal Years est donc un best of, reprenant cinq
morceaux de l’éponyme de 2014, trois de Metal Resistance de 2016 et deux de Metal Galaxy de 2019, et tout au long de l’album on repère bien plusieurs prods
et plusieurs phases, la première très heavy, dans les grands classiques du
visual rock japonais, la deuxième plus influencé par des groupes d’occident,
comme Dragonforce, P.O.D. ou Motionless in White (oui je sais, c’est la fine
fleur de notre musique tout ça) et la troisième qui tire plus vers le metal prog
electro . Tout a été remasterisé et a une finition très propre, tout est bien enregistré,
bien mixé, et techniquement à la guitare certains morceaux sont bien velus,
venu le moment des solos. Et je peux dire, en toute honnêteté, qu’au global c’est
vraiment pas terrible.
Les musiques sans être nazes ou mal faites sonnent au mieux
creux ou comme quelque chose de déjà entendu et réentendu, d’ailleurs si
j’étais un membre de Dragonforce j’aurai une sensation très étrange à l’écoute
de Road of Resistance surement à mi chemin entre la flatterie et le dégout.
Pour le reste il s’agit d’un opening de manga de 45 minutes sans les images.
C’est d’ailleurs surtout vrai concernant les titres issus de l’éponyme, qui me
donnent absolument tous envie de me saisir d’un objet long et pointu afin de me
crever les tympans. Nan mais y’a pas un moment où il leur arrive de fermer
leurs gueules sérieux ? D’ailleurs c’est moi où toutes les chanteuses de J
pop ont la même voix horripilante ? « Tiens vas y chante ?
Parfait ! C’est atroce ! Engagée » Les deux meilleurs morceaux (relativement hein) sont encore ceux issus
de Metal Galaxy où l’on trouve en featuring Allissa White Glutz d’Arch Enemy qui
est venu se perdre là et F.Hero, un rappeur Thaïlandais. C’est franchement pas
ouf, mais c’est le moins désagréable.
En fait c’est pas compliqué à analyser, c’est un projet
commercial, pas musical, et ce n’est pas dit dans de mauvaises intensions.
Qu’est ce qui marche au japon en musique ? La J pop et le V rock.
Mélangeons les deux ! Qu’est ce que
les jeunes aiment bien ? Les voitures et la bagarre ? Paf !
Transformers ! Et ça marche ! C’est pas plus compliqué que ça. C’est
destiné à un certain public qui en est consommateur et ça n’a pas d’autre
vocation. Tu prends trois nanas kawaii qui chantent et qui dansent, des bons
musiciens de session sans talent particulier pour la composition ou
l’originalité et le tour est joué. Alors forcement si tu cherches un intérêt
artistique, la saveur d’une émotion, un questionnement métaphysique ou une
pertinence musicale, t’as de quoi être déçu, c’est sur, mais ce n’est pas la
même chose. Si tu as fait des études poussées en cinématographie et que ton
rayon c’est les films d’auteur ou les enquêtes policière, il y a des chances
que tu sois déçu de la même manière devant Transformers, ça n’a pas empêché le
film de cartonner. Le problème réside souvent dans le fait que l’on te vende
quelque chose pour ce qu’il n’est pas, ce qui n’est pas le cas ici.
Alors Babymetal, qu’en dire ? Ça dépend du contexte …
un morceau sur Dance Dance Revolution, pourquoi pas, le reste non. Si vous êtes fans de japon et souhaitez
écouter deux trois trucs issus de là bas, penchez vous sur les groupes cités
précédemment dans le deuxième paragraphe, mais la seule chose de bien avec un produit commercial comme Babymetal
c’est quand ça s’arrête.
PS : si j'avais pu j'aurai noté l'album lol/20 car on n'est pas du tout dans une démarche musicale comme ce que l'on chronique sur Metalorgie, a défaut je mets 10/20 mais n'y voyez pas la une comparaison avec les autres albums dont on parle.