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Biographie

Briqueville

Ils sont cinq, flamands, originaires de Steendorp et jouent une sorte de Doom Metal Progressif / Post-Rock. Ils existent depuis 2014 et et ont sorti un premier disque éponyme la même année. S'en suit une signature Pelagic Records et la sortie de II de en 2017 puis de Quelle en 2020 qui contribue a faire connaitre le combo belge à un plus large public. Ils sortent IIII en 2024 sur le même label.

Chroniques

Quelle II Briqueville
16.5 / 20
8 commentaires (16.44/20).
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Quelle ( 2020 )

Dire que le Post-Metal est un genre qui ne se renouvelle pas est aussi cliché que certains groupes décriés du genre sus-cité. Accordons-nous à dire qu’il est effectivement complexe de décrocher le graal, saisir l’instant de grâce qui provoquera inexorablement le raidissement de votre pilosité, écoute, après écoute, après écoute. C’est pourtant ce que parvient à faire admirablement B R I Q U E V I L L E (les espaces sont importants) avec son nouvel album, Quelle. 

Le son de B R I Q U E V I L L E est intrinsèquement élégant. Trois ans plus tôt, le second album des Belges témoignait déjà d’un potentiel (mélodique) certain, d’une volonté d’orchestrer le chaos. Quelle (qui signifie la source en allemand) dépasse les espérances avec un travail d’orfèvrerie maîtrisé magistralement de la première à la dernière seconde des cinquante-huit minutes de ce nouvel opus. Si le chant avait une certaine importance sur II, place ici au choix judicieux de l’instrumental intégral, laissant l’atmosphère empreinte d’un psychédélisme exaltant prendre tout l’espace. 
Dans l’œil du cyclone gît une sérénité d’ordinaire inatteignable lorsque les éléments se déchainent. Allant chercher tant du côté des sonorités orientales (Akte XI) que des ritournelles à la mélodie redoutablement accrocheuse, Quelle fait partie de ces œuvres dont la révélation se mérite. Ses textures subtilement amoncelées, la longueur de ses morceaux : tout incite au voyage cérébral. Il n’aura toutefois aucun mal à séduire le premier nomade croisant son chemin, tant le charme qu’il opère est immédiat ; qualité rare d’une œuvre capable de plaire au plus grand nombre pour différentes raisons. 

Dès les premières secondes, l’imaginaire est mis à contribution. Le paysage prend forme grâce aux  nappes de claviers futuristes à la Cult of Luna période Vertikal qui saisissent et posent les jalons du périple. Quelle est une entité pensée pour être savourée d’une traite. Les morceaux s’imbriquent les uns avec les autres, ce qui nourrit le fil rouge-magma atmosphérique, chaudement enveloppé par une production au cordeau qui ne se prive pas de souffler sur les braises. 
Le morceau de bravoure, Akte X, du haut de ses quinze minutes, en est le parfait étendard. Son introduction à la basse lorgnant vers le Dub, cette mélodie fine et accrocheuse, ces claviers industriels grésillants : l’invitation au voyage est totale. La batterie prend place; les guitares, virevoltantes, cisaillent l’ambiance poisseuse. Puis, la furie se déclenche. Les riffs syncopés cavalent sur une basse rampante qui rappelle les plus belles heures de Bongripper. Le sourire béat de satisfaction apparaît alors. Vous savez, celui que l’on ne peut dissimuler lorsque la satisfaction est totale. Ce même sourire vous suivra au gré de vos pérégrinations au cœur de Quelle, qui parvient à maintenir un degré d’intensité remarquable pour un album instrumental de presque une heure. 

B R I Q U E V I L L E n’utilise pas l’atmosphère pour rendre ses riffs plus saillants, mais crée avec Quelle une expérience basée sur l’atmosphère, se distinguant ainsi des affres du « déjà entendu ». Une belle réussite qui devrait sans nul doute attirer l’attention sur nos amis belges. 

A écouter : Akte X

II ( 2017 )

Au sein d’une discographie, le deuxième album est probablement le seul qui ne soit jamais considéré de façon isolée. Irrémédiablement, celui-ci est comparé à son unique prédécesseur. Avec ce nouvel opus de Briqueville, la tentation de la comparaison se retrouve encore renforcée par l’apparente volonté des Belges de reprendre les choses là où elles avaient été laissées : II succède à l’éponyme tandis que la numérotation des morceaux se poursuit à partir de l’Akte V. Pourtant, deux éléments semblent venir contredire cette supposition.

Tout d’abord, ce n’est pas que pour des questions d’esthétique que les Briqueville portent des masques. Dans une interview, un de ses membres a ainsi expliqué qu’ils avaient théorisé ce geste : il s’agit d’éliminer toute distraction pour que l’auditeur se concentre uniquement sur la musique. La sobriété des titres d’albums et de morceaux apparaît ainsi totalement en phase avec cette philosophie.
Musicalement ensuite, dès la première écoute, on se rend compte que procéder à cette comparaison revient à confronter, disons, un Homo sapiens et un Homo rhodesiensis : un patrimoine génétique est certes partiellement partagé mais les différences sont tellement saillantes qu’aucune place n’est laissée au doute, à la confusion. Avec ce second essai, Briqueville nous démontre sa capacité à désormais développer plus qu’une unique idée par titre. Sortant du monolithisme systématique de l’éponyme (ce qui faisait par ailleurs leur charme), les nouvelles compositions se sont complexifiées, l’écriture musicale s’est étoffée. Dans son esprit plus que dans ses sonorités, Akte V emprunte ainsi au Math Rock, par le biais de l’instillation d’une dose d’inattendu, par cette capacité à surprendre l’auditeur et à l’emmener là où il ne s’attendait pas à être.

Le revers de la médaille de cette évolution, si tant est qu’un lien puisse ou doive être fait, est que l’identité de chaque pièce parait moins marquée que par le passé. Paradoxalement, des raisons parfaitement opposées produisent donc un même sentiment : le morceau ne parait pas constituer la brique de base de la musique des Belges. Cette caractéristique trouve certainement son origine dans la genèse de Briqueville lorsque le collectif en devenir n’était encore qu’un rassemblement de musiciens de divers horizons partageant des moments de jam. A ce jour, le nombre et l’identité réels de ses membres restent  inconnus.

Difficile de porter un jugement définitif sur ce nouveau disque. Là où II a gagné en densité et en richesse, il semble avoir perdu en mystère. L’éponyme était un véritable OVNI qui gagnait la bataille de l’expérience immersive à coup d’énigmatiques transitions suscitant l’imaginaire. En négatif, son successeur se montre étonnamment sobre et, de fait, un peu plus conventionnel. Cette absence de liant entre les morceaux est ce qui manque le plus. Cela peut paraître anecdotique mais dans le cas d’une formation qui joue énormément sur les ambiances et la mise en condition, cela a indéniablement son importance. On attend donc impatiemment la suite, en espérant qu’elle conjugue les qualités de ces deux premiers albums.

A écouter : A la suite de l'éponyme
14.5 / 20
2 commentaires (17.25/20).
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Briqueville ( 2014 )

2001, rassemblé sur les berges de l'Escaut, un groupe d'hommes décide de faire renaître le "Het Verbond" (le pacte), mouvement né en 1934 dans le but de révéler et de raconter les tragiques histoires d'un passé misérable. Afin de se prémunir contre le risque de culte de la personnalité, ces individus portent un costume ne permettant pas de les distinguer entre eux.   

A part ces quelques mots, on ne sait rien ou presque des Belges de Briqueville. Aucun crédit, titre de morceau, nom de studio n'est présent sur le vinyle. Assister à un de leur concert n'aide en rien notre quête d’informations. Conformément à leurs principes, c'est capés et portant des masques rappelant ceux des médecins de peste (avec un bec d'oiseau) que les membres de Briqueville investissent systématiquement la scène. Le brouillard qui entoure la formation Flamande est donc tout aussi épais que celui, musical cette fois-ci, qui enveloppe leurs compositions. Dès les premières secondes de l'album, on est ainsi irrésistiblement happé par les ambiances des longues intros. C'est au bruit apaisant de la pluie et des cloches, non sans rappeler du Black Heart Rebellion, que l'on s'extrait des entrailles du monstre mécanique dans lesquelles on avait l’impression d’être enfermés et d'où ne nous parvenaient que des sons sourds et indistincts et d'étranges bourdonnements électroniques. Mais ce calme n'est que précaire. Bientôt, les sirènes se mettent à hurler et nous parvient le grondement d’un orage d'acier qui, au loin, s'abat sur l'humanité.

Oscillant entre le mysticisme monacal du chant de II et les incantations chamaniques se superposant à l'appel du Muézin de III, les quatre pièces de Briqueville possèdent une indéniable dimension hypnotique. Bercés par la douceur de la basse, transcendés par le soul de la guitare, hypnotisés par la syncope de la batterie, on laisse la transe s'emparer de nos corps et de nos esprits jusqu'à l'explosion finale, ce déchaînement interminable de saturation et de roulements de batterie qui vient clôturer la montée en crescendo de l’album.

Construction sédimentaire, le Post Doom progressif de Briqueville rend quasiment obsolète la notion de morceau qui s'éclipse au profit de celle d'une œuvre globale et indivisible. II et IV sont ainsi respectivement les prolongements naturels de I et de III. Déjà maîtres de la mise en condition et de la création d'ambiance ce qui, allié à leur sens de la mise en scène les rapproche du collectif Church Of Ra, les Belges possèdent néanmoins encore une marge de progression dans la maîtrise des climax de leurs morceaux. Ceux-ci, atteints à l'issue d'une lente mise en place, mériteraient parfois d'être dépassés (à l'image de II qui semble stagner pendant plusieurs minutes) et ne pas être considérés comme des fins mais simplement comme des étapes. Comme toujours, c'est auprès des plus prometteurs que l'on se montre le plus exigeant.

A écouter : Dans le noir
Briqueville

Style : Post Metal / Doom / Progressif
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Origine : Belgique
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