|

Biographie
Groupe suédois classifié dans le death metal
mélodique. Avatar a en fait connu, pour l'heure, deux phases :
Le batteur, John
Alfredsson et le chanteur Johannes Eckerstrom sont à l'origine du groupe en
2000. Après trois années de changement régulier de line-up, les choses se
stabilisent pour les Gothemburgers. Avatar est alors composé de Simon Andersson et
Jonas Jarlsby à la guitare et Henrik Sandelin à la basse. Ensemble ils sortent une démo : Personal Observations en 2003, et trois albums studio : Toughts of No Tomorrow en 2006, Schlacht en 2007 et l'éponyme Avatar en 2009. Pendant toute cette période, les
suédois opèrent un Death metal mélodique plutôt classique, dans la lignée d'In
Flames, Dark Tranquillity et moultes autres formations du genre.
En décembre 2011, Simon Andresson quitte le groupe et est
remplacé par Tim Ohrstrom. Le line-up
restera alors inchangé. C'est également à ce moment là qu'Avatar trouve sa
voie, change quelque peu de style, s'orientant vers un coté monstre de foire
perceptible aussi bien auditivement que visuellement. Pour le tournage du clip de
Black Waltz, le chanteur Johannes se grime alors en clown pour accompagner une
troupe d'artistes de cirque qui montrent leurs étonnants talents. Ce fut une
révélation totale et à partir de ce moment le clown resta et demeura la sinistre
mascotte du groupe. Dans cette mouvance devenue leur, ils enregistrent quatre albums : Black Waltz en 2012, Hail the Apocalypse en 2014, Feathers&Flesh en 2016 et Avatar Country en 2018.
Sur scène Avatar est réputé pour la qualité de ses shows :
un son précis, lourd et puissant. Quelques parties chorégraphiées comme leur
entrée, quelques passages de chansons ainsi que certains intermèdes, le tout
emmené par le facétieux chanteur, à mi chemin entre le Joker et The Crow.
Avant toute chose il est important de dire que cet album, n'est pas seulement une œuvre musicale. Outre les
chansons qui le composent, on y trouve également un arc narratif soutenu centré
sur la personne du Roi du pays d'Avatar. Un personnage mythique, valeureux
guerrier légendaire mi humain mi divin (et re mi humain derrière). En effet, le
mot King apparaît dans tous les titres, et chaque chanson en développe un
aspect. Avatar Country est donc un conte/une fable musicale. Certaines pistes sont
même juste narratives sans réellement être musicales et servent de mise en
ambiance.
En ce qui concerne la musique, Avatar Country est très riche.
D'une part par sa diversité musicale, il n'y a qu'à écouter les riffs jazzy et gospel,
ce qui est une nouveauté chez Avatar, de The
King Welcomes You to Avatar Country, des deux pistes instrumentales de fin,
un peu de country par ci, un peu de rock par là, et beaucoup de metal. Autant
dire qu'il faut un certain éclectisme pour apprécier tout l'ensemble. Même dans
leur metal, Avatar sait se montrer varié. Heavy, prog, death, tout y passe. D'autre
part, Avatar Country brille par la qualité de sa composition. Les Suédois, qui
on l'a déjà vu sur les albums précédents, savent faire des tubes, s'en sont
donnés à cœur joie cette fois encore. Les musiques restent en tête et de
manière agréable, certains riffs sont absolument brillants et rivalisent
d'efficacité et de maestria. Après moultes écoutes il est difficile de trancher
sur le meilleur titre, car chacun est
bon à sa manière.
Avatar Country se distingue également de par son récit. Bon,
je ne parle pas de la piste narrée The
King Speaks et son humour "pipi caca" bien potache dont on se serait volontiers
passé, mais du reste des paroles de Johannes Eckerström. Tantôt épique, tantôt fantastique,
tantôt dramatique, le récit nous plonge au gré des morceaux à travers des
ambiances guerrières ou festives dans un
univers qui emporte au loin l'imaginaire. A mi chemin entre Asgard, avec les
références aux corbeaux, à l'ombre et aux flammes, et à un pays médiéval plus
traditionnel, les pistes sont tracées pour donner une idée de ce à quoi
ressemble l'Avatar Country, mais c'est l'auditeur qui se fait sa propre
représentation, et en cela c'est extrêmement réussi. On parvient également à se
faire une image assez précise de la personnalité du Roi et des facettes de
celle-ci. Roi, étant incarné par Jonas "Kungen" (du coup) Jarlsby, à
la fois en clip et sur scène. Ce qui constitue désormais le deuxième "personnage"
du groupe après son clown de chanteur.
Les Suédois développent encore leur univers si singulier par
le biais de ce septième album. Il semblerait que depuis Black Waltz,
l'apparition du premier personnage et l'assumation du grain de folie qui est le
leur, ils aient trouvé leur rythme de croisière d'un album tous les deux ans.
Qui sait ce qu'ils sortiront encore en 2020 pour nous étonner ?Longue vie au Roi.
A écouter : Legend of the King, King's Harvest, A Statue of the King
Avatar, pour ceux qui n'en ont jamais entendu parler, c'est
LA sensation du Download 2016, et le groupe qui monte du moment. Retour donc en
2014 sur Hail the Apocalypse, un élément essentiel de la discographie des
Suédois.
L'atmosphère est le maître mot de l'album. Oscillante au gré
des phrases musicales et des morceaux qui se succèdent telle une ficelle en
plein vent, parfois mélancolique comme sur What I Know et ses allures de manège
en bois malsain, parfois pleine de détresse et de hardiesse comme sur le titre
qui donne son nom à l'album. La voix est pour beaucoup dans ce ressenti sensationnel
très riche qu'offre Hail the Apocalypse. L'interprétation est digne des
meilleurs et la performance est elle-même particulièrement impressionnante, de
par la tessiture et par l'éventail des voix prises par Johannes Eckerstorm. Les
guitaristes ne sont pas en reste et font preuve de pas mal d'ingéniosité et de
virtuosité notamment sur les solos. La batterie et la basse font quant à elles
parfaitement leur office avec élégance et sobriété.
Le son grave de la septième corde, très peu présente dans ce
style de musique, rajoute indéniablement un effet non négligeable. Qu'il
s'agisse de l'intro du premier morceau avec l'usage astucieux du floyd ou des
passages lourds de Bloody Angel ou Vultures Fly. Ces trois pistes, d'ailleurs, sont
clairement et nettement les trois meilleures de l'album. C'est également un peu
le reproche qu'on peut lui faire, les chansons ne se valent pas toutes. Sans
qu'il y ait de mauvaises, on a l'impression qu'il y a des tubes, des faire
valoir, et d'autres, souvent celles aux consonances de cirque, pour apporter
une touche identitaire décalée à l'ensemble et coller à l'image que le groupe
veut se donner. L'idéal aurait été d'apporter un peu tout ces éléments à plus ou
moins grandes touches sur chacun des morceaux comme Smells like a Freakshow qui
figure sur Black Waltz, l'album précédent.
On saura apprécier Something in the way, reprise de Nirvana,
qui a été réinterprétée avec brio. Cette chanson est d'ailleurs à l'image du
CD, plutôt intimiste, grandiose par certains aspects, triste et recelant une
myriade de détails techniques. Au niveau des textes, on aborde surtout les
thèmes de la guerre, de la mort et au sens large de tragédies et de souffrance.
Beaucoup d'interrogations sont également pointées ou soulevées, comme autant de
problèmes identifiés et demandant à l'auditeur une réflexion soit quant à ladite
question soit quant à une éventuelle réponse à y apporter. Certains textes
demeurent eux plus poétiques et énigmatiques comme Tower.
Avatar fait partie de ces groupes qui ont une identité
sonore bien à eux, et Hail the Apocalypse remplit son rôle dans la mesure où il
vient renforcer cette définition de leur style. Quelques tubes et au global
cinquante minutes de plaisir auditif.
A écouter : Bloody Angel, Hail the Apocalypse
|
|