Avantasia
Opera-Metal / Power Metal

Ghostlights
Chronique
A mi-chemin entre cours de récréation expérimentale et fantasme collaboratif avec des pointures de tout type, Avantasia devient de plus en plus un "vrai groupe". Le projet porté par le charismatique chanteur d'Edguy arrive en effet à son septième album en quinze ans, et compte à son actif plusieurs tournées malgré un immense line-up en renouvellement constant. Avec Ghostlights, le supergroupe pose un nouveau jalon de sa discographie.
Tout d'abord, éclaircissons un peu le contexte. Ghostlights est un concept-album qui retrace l'histoire de scientifiques essayant d'unifier les personnalités de tous les êtres humains, afin que tout le monde se comprenne et ainsi rendre nos vies plus simples. Mais ils se rendent compte de l’effet pervers de leur invention : un contrôle total de l’humanité. Forcément, s’en suivent moults débats et dilemmes. Sont présents, chacun incarnant un protagoniste, Michael Kiske (Helloween, Unisonic), Dee Snider (Twisted Sisters), Geoff Tate (Queensrÿche), Marco Hietala (Nightwish, Tarot), Sharon Den Adel (Within Temptation), Jorn Lande (Masterplan, Ark)...
Cette nouvelle livraison propose un Power Metal aux influences speed et heavy. La période AOR qu'avaient eu Avantasia sur les albums The Wicked Symphony et Angel Of Babylon (et Edguy sur Tinitus Sanctus) semble terminée. Et tant mieux ! Non pas que ces albums étaient mauvais, mais le metal-opera d'Avantasia gagne en cohérence et en efficacité en se focalisant sur des compositions péchues et épiques. Malgré tout, certains passages gardent une influence Hard-Rock sans desservir l'ensemble de Ghostlights, comme dans Let The Storm Descend Upon You.
Ce qui est plus regrettable, en revanche, ce sont les choix quant à l'utilisation des voix. Tobias Sammet incarne le personnage principal de son histoire et chante en lead dans tous les morceaux, en solo dans Mystery Of A Blood Red Rose, et avec des guests sur les autres pistes. Il est dommage que le développement du background ne permette pas plus d'interaction entre les invités. En effet, la majorité des vocalistes n'interviennent que sur une seule piste, et uniquement pour un duo avec Sammet. Seuls Jorn Lande et Michael Kiske, habitués d'Avantasia, apparaissent respectivement sur trois et deux morceaux ; et à peine trois titres sur douze proposent des dialogues à trois chanteurs ou plus.
Néanmoins, l'ensemble est solide et les successions de personnages derrière le micro ne donnent pas du tout l'impression d'une compilation. En fait, cela facilite même l'écoute de titres isolés, sortis du concept-album.
Les chansons de Ghostlights se suivent et aucune ne laisse vraiment un grand impact sur l’auditeur. Toutes sont bonnes, elles fonctionnent bien grâce aux ingrédients magiques habituels de Tobias Sammet : lignes de chants efficaces, refrains tubèsques faciles à retenir, solos fougueux, quelques riffs bien pensés. Parfois, à faire trop dans l’épique, quelques éléments tombent dans le kitsch, ce qui semble tantôt de l’autodérision (Mystery Of A Blood Red Rose), tantôt de la maladresse (Seduction Of Decay, Ghostlights).
Ce septième effort est donc, malgré ses défauts, un assez bon album de Power Metal. Plutôt dans la lignée de ses prédécesseurs (en dehors du côté Hard-FM qui s’estompe), il devrait ravire les fans d’Avantasia qui savent passer outre les mauvais tics du compositeur et qui se retrouvent dans ses bonnes habitudes. On ne change pas une équipe qui gagne.
Il fut un temps où j'attendais impatiemment une nouvelle sortie d'Avantasia (soit en 2008/2010). La deuxième phase du "supergroupe" s'étant achevée avec la sortie jumelée de The Wicked Symphony / Angel of Babylon, quelle bonne surprise d'apprendre qu'une troisième phase d'ouvrait déjà en 2013 avec The Mystery of Time... qui fut une semi-déception pour moi, et il en va de même pour ce Ghostlights qui en est la continuité.
Rien n'est mauvais, on trouve même quelques très bons passages, mais dans l'ensemble l'album n'est pas vraiment transcendant. Dommage, notamment, que les pistes se résument presque toutes à un duo entre Tobias Sammet et un unique intervenant plutôt que de faire interagir les différents chanteurs entre eux.
Bref, il serait peut-être bon de laisser Avantasia de côté pendant un temps, dans l'espoir d'obtenir à l'avenir un album plus convaincant.