Atrocity
Death Metal

Okkult II
01. Masters Of Darkness
02. Shadowtaker
03. Bloodshed And Triumph
04. Spell Of Blood
05. Menschenschlachthaus
06. Gates To Oblivion (Feat. Marc Grewe)
07. Infernal Sabbath
08. All Men Must Die
09. Phantom Ghost
10. Devil’s Covenant (Feat. LG Petrov)
11. The Golden Dawn
Chronique
Dès l'écoute de l'EP Masters Of Darkness, on s'est pris à imaginer à quoi ressemblerait Okkult II tout entier. On a pu dire qu'il ne prendrait pas la poussière de sitôt, et c'est vrai. On avait imaginé l'ajout d'arrangements philharmoniques, mais là on s'était planté. Et surtout, on avait affirmé qu'Atrocity n'avait pas perdu de son mordant ; c'est vrai, mais en-dessous de la vérité. Non seulement il semble leur avoir poussé des rangées de dents supplémentaires, mais ils sont désormais armés et dangereux...
Le ton est donné dès la pochette, qui tranche avec celle du premier Okkult, d'un goût pour le moins douteux. Bien que les thématiques continuent de tourner autour de l'occulte (on ne l'aurait jamais deviné, avec ce titre), cette fois on délaisse quelque peu le mysticisme, le folklore démonique et autres interventions surnaturelles pour se plonger dans une dimension plus concrète, plus terre-à-terre, plus réaliste, plus crue. On traite de l'humain, le puissant comme le soumis, le sacrifiant et le sacrifié, les morts sanglantes comme les maîtres de l'obscurité (Masters Of Darkness, c'est d'ailleurs sur ce titre que s'ouvre l'album). Et d'une manière générale, cela se ressent à l'écoute : Okkult II est à la fois plus sombre et plus frontal que son prédécesseur.
La raison principale ? L'orchestre n'est plus de la partie. Là où le Lingua Mortis Orchestra accompagnait l'opus de 2013 avec divers passages grandiloquents pensés dans ce sens, ici Atrocity délaisse le Symphonique pour se concentrer sur le Death. Restent quelques discrètes orchestrations vestigiales (Bloodshed And Triumph, All Men Must Die) ainsi des chœurs saupoudrés ici et là, jamais envahissants (prends-en de la graine, Dimmu Borgir !), pour contribuer à l'ambiance et généralement placés en introduction ou en simple soutien de la voix d'Alexander Krull. Et surtout, du Death Metal, efficace mais jamais linéaire, fourmillant de détails sans donner dans la démonstration technique, accessible dès la première écoute mais suffisamment luxuriant pour qu'on y revienne encore et encore. Qu'on l'ait apprécié ou non, force est de constater que les musiciens nous livrent ici une musique beaucoup plus fouillée qu'avec Leaves' Eyes (qui n'est autre qu'Atrocity avec une chanteuse, du point de vue du line-up) et Sign Of The Dragonhead sorti plus tôt cette année. Quant à l'accessibilité, les brèves introductions y jouent un certain rôle, évitant de se frotter à un bloc compact sans pour autant s'éterniser et casser le rythme ; on parlait des chœurs, mais ce n'est qu'un exemple parmi d'autres (d'étranges chuchotements sur Spell Of Blood, les échos d'une bataille pour ouvrir et conclure Menschenschlachthaus, ou tout simplement la musique qui démarre lentement avant d'accélérer brusquement).
À défaut d'orchestre, Atrocity s'offre tout de même deux collaborations, déjà évoquées avec Masters Of Darkness. En premier lieu, l'ex-Morgoth Marc Grewe vint poser son timbre sur Gates To Oblivion, rien à redire de ce côté si ce n'est que la différence n'est pas vraiment flagrante ; si on tend l'oreille, on note un peu plus de profondeur sur quelques courts passages (notamment quand ils s'y mettent à deux), mais ça ne va pas tellement plus loin. Ensuite, on a droit à la voix de L.G. Petrov (ex-Entombed et actuel Entombed A.D., Firespawn) sur Devil's Covenant, et c'est malheureusement là que le bât blesse : comparé à Krull, tantôt caverneux tantôt tout en cris écorchés, Petrov paraît ici un peu faiblard, comme enroué, au point d'amoindrir le titre par rapport à la version de l'EP... Mais c'est bien là le seul reproche qu'on fera à l'album.
Okkult, présenté comme un volume numéro un sur trois, était propre à susciter de grandes attentes pour ses suites. Il aura fallu patienter cinq ans (et trois albums de Leaves' Eyes), mais Okkult II prend la relève sans souffrir de la comparaison, s'inscrivant dans la continuité tout en se distinguant suffisamment pour se tenir de lui-même. Reste à savoir combien de temps il faudra attendre le troisième volet, mais celui-ci devrait déjà nous tenir occupés un bon moment...
A écouter : 1