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Biographie

Atrocity

Atrocity se forme en Allemagne en 1985 autour d'Alexander Krull (chant / claviers), qui en sera l'unique membre permanent, et de Mathias Röderer (guitare, jusqu'en 2010). Le groupe jour d'abord dans un registre Grindcore avant de s'orienter vers un Death Metal plus traditionnel avec les deux premiers albums Hallucinations (1990) et Todessehnsucht (1992).
Dès 1994 et l'album Blut, Atrocity fait le choix de ne pas rester enfermé dans son style et expérimentera divers genres au fil de sa carrière. Plus tard la même année, Thorsten Bauer prend le poste de second guitariste, qu'il occupe toujours aujourd'hui (en plus de gérer la basse depuis 2013).
1995 est l'année des collaborations, avec la sortie du disque acoustique Calling The Rain en compagnie de Yasmin Krull (la sœur d'Alexander), ainsi que Die Liebe avec le groupe de Cold Wave allemand Das Ich. Les albums suivants ne font que confirmer cette volonté d'expérimenter, parfois au risque d'égarer les fans. Willenskraft, en 1996, dévoile un fort penchant Indus, tandis que Werk 80, l'année suivante, consiste en des reprises de titres populaires des années 80 (Frankie Goes To Hollywood, Gloria Jones...).

En 2003, tout le groupe rejoint la chanteuse Liv Kristine (alors l'épouse d'Alexander Krull) pour fonder Leaves' Eyes mais ne cesse pas les activités en tant qu'Atrocity pour autant. Sorti en 2004, Atlantis se révèle plus orienté Death Mélodique / Symphonique. Il est suivi en 2008 de Werk 80 II (dans la lignée du premier), puis d'une seconde collaboration avec Yasmin Krull, After The Storm en 2010.
En 2013, l'album de Death Metal Symphonique Okkult est annoncé comme le premier d'une trilogie dont le second volet voit le jour en 2018, préfiguré par l'EP Masters Of Darkness paru fin 2017.

Okkult III ( 2023 )

     Il y a dix ans, Okkult marquait le retour aux choses sérieuses d'Atrocity après une période d'errements pour le moins hasardeux. Disons-le franchement, il y a eu du bon, du passable et du mauvais. Mais vraiment mauvais (coucou After The Storm). L'annonce d'une trilogie avait donc de quoi nous rassurer quant à la suite des opérations : le combo entendait bien poursuivre dans cette voie plutôt que de se remettre à faire tout et n'importe quoi, ouf ! Ce qu'on espérait moins, c'était les cinq ans d'attente entre deux albums, mais entre ça et devoir faire le tri dans les sorties, le choix est vite fait.

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    Et donc, après un premier volet symphonique et grandiloquent, et un deuxième plus frontal, où se situe ce Okkult III sur le spectre du Death ? Dans les faits, plutôt dans la lignée du II, tout en s'en démarquant sensiblement. Bien qu'on reste dans la même veine, la première écoute peut légèrement déstabiliser : ça ne sonne plus tout à fait comme avant. À titre personnel, c'est ainsi que j'ai découvert le départ du guitariste de longue date et co-compositeur Thorsten Bauer et son remplacement par l'illustre inconnu Micki Richter. Mauvaise nouvelle ? En réalité non, il faut peut-être juste un petit temps d'ajustement quand nos attentes s'étaient basées uniquement sur les deux précédents disques.

    Au fond, le changement n'est même pas si flagrant. S'il faut l'expliquer, disons que cet opus se révèle un poil moins spectaculaire, moins directement agressif, sans pour autant perdre sa brutalité. Plus insidieux, quelque part, jouant davantage sur les variations et les changements de rythme que sur l'aspect "dans ta face" qui s'imposait auparavant, sans pour autant l'abandonner : quitte à se répéter, pas de grande révolution ici, plutôt une évolution subtile. L'excellent Priest Of Plague en est d'ailleurs une parfaite illustration.

    Par ailleurs, le travail sur les ambiances sombres et torturées est toujours de mise, qu'il s'agisse du son des instruments, porté par une production irréprochable qui parvient à maintenir l'équilibre entre l'efficacité moderne et la dimension old-school ; de la voix d'Alexander Krull qui n'a pas perdu de sa superbe, exacerbant son côté écorché ; ou d'éléments plus ponctuels, comme les orchestrations qui viennent agrémenter Desecration Of God, Malicious Sukkubus ou le final Teufelsmarsch, évoquant le premier Okkult, des quelques mots prononcés en polonais dans Cypka… Bref, la formation n'a pas perdu de vue ce qui l'animait en nommant ainsi sa trilogie.

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    En somme, on tient là une excellente conclusion à ladite trilogie, qui aura marqué le retour d'Atrocity comme une force sur laquelle compter dans le paysage Death Metal. Quant à savoir ce qu'il en sera à l'avenir, maintenant qu'elle est achevée… Espérons juste que si le côté aventureux les reprend, ce sera de façon un peu plus pertinente que ce qu'on a pu connaître par le passé.

16.5 / 20
2 commentaires (17.25/20).
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Okkult II ( 2018 )

Dès l'écoute de l'EP Masters Of Darkness, on s'est pris à imaginer à quoi ressemblerait Okkult II tout entier. On a pu dire qu'il ne prendrait pas la poussière de sitôt, et c'est vrai. On avait imaginé l'ajout d'arrangements philharmoniques, mais là on s'était planté. Et surtout, on avait affirmé qu'Atrocity n'avait pas perdu de son mordant ; c'est vrai, mais en-dessous de la vérité. Non seulement il semble leur avoir poussé des rangées de dents supplémentaires, mais ils sont désormais armés et dangereux...

Le ton est donné dès la pochette, qui tranche avec celle du premier Okkult, d'un goût pour le moins douteux. Bien que les thématiques continuent de tourner autour de l'occulte (on ne l'aurait jamais deviné, avec ce titre), cette fois on délaisse quelque peu le mysticisme, le folklore démonique et autres interventions surnaturelles pour se plonger dans une dimension plus concrète, plus terre-à-terre, plus réaliste, plus crue. On traite de l'humain, le puissant comme le soumis, le sacrifiant et le sacrifié, les morts sanglantes comme les maîtres de l'obscurité (Masters Of Darkness, c'est d'ailleurs sur ce titre que s'ouvre l'album). Et d'une manière générale, cela se ressent à l'écoute : Okkult II est à la fois plus sombre et plus frontal que son prédécesseur.
La raison principale ? L'orchestre n'est plus de la partie. Là où le Lingua Mortis Orchestra accompagnait l'opus de 2013 avec divers passages grandiloquents pensés dans ce sens, ici Atrocity délaisse le Symphonique pour se concentrer sur le Death. Restent quelques discrètes orchestrations vestigiales (Bloodshed And Triumph, All Men Must Die) ainsi des chœurs saupoudrés ici et là, jamais envahissants (prends-en de la graine, Dimmu Borgir !), pour contribuer à l'ambiance et généralement placés en introduction ou en simple soutien de la voix d'Alexander Krull. Et surtout, du Death Metal, efficace mais jamais linéaire, fourmillant de détails sans donner dans la démonstration technique, accessible dès la première écoute mais suffisamment luxuriant pour qu'on y revienne encore et encore. Qu'on l'ait apprécié ou non, force est de constater que les musiciens nous livrent ici une musique beaucoup plus fouillée qu'avec Leaves' Eyes (qui n'est autre qu'Atrocity avec une chanteuse, du point de vue du line-up) et Sign Of The Dragonhead sorti plus tôt cette année. Quant à l'accessibilité, les brèves introductions y jouent un certain rôle, évitant de se frotter à un bloc compact sans pour autant s'éterniser et casser le rythme ; on parlait des chœurs, mais ce n'est qu'un exemple parmi d'autres (d'étranges chuchotements sur Spell Of Blood, les échos d'une bataille pour ouvrir et conclure Menschenschlachthaus, ou tout simplement la musique qui démarre lentement avant d'accélérer brusquement).

À défaut d'orchestre, Atrocity s'offre tout de même deux collaborations, déjà évoquées avec Masters Of Darkness. En premier lieu, l'ex-Morgoth Marc Grewe vint poser son timbre sur Gates To Oblivion, rien à redire de ce côté si ce n'est que la différence n'est pas vraiment flagrante ; si on tend l'oreille, on note un peu plus de profondeur sur quelques courts passages (notamment quand ils s'y mettent à deux), mais ça ne va pas tellement plus loin. Ensuite, on a droit à la voix de L.G. Petrov (ex-Entombed et actuel Entombed A.D., Firespawn) sur Devil's Covenant, et c'est malheureusement là que le bât blesse : comparé à Krull, tantôt caverneux tantôt tout en cris écorchés, Petrov paraît ici un peu faiblard, comme enroué, au point d'amoindrir le titre par rapport à la version de l'EP... Mais c'est bien là le seul reproche qu'on fera à l'album.

Okkult, présenté comme un volume numéro un sur trois, était propre à susciter de grandes attentes pour ses suites. Il aura fallu patienter cinq ans (et trois albums de Leaves' Eyes), mais Okkult II prend la relève sans souffrir de la comparaison, s'inscrivant dans la continuité tout en se distinguant suffisamment pour se tenir de lui-même. Reste à savoir combien de temps il faudra attendre le troisième volet, mais celui-ci devrait déjà nous tenir occupés un bon moment...

15.5 / 20
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Masters Of Darkness ( 2017 )

Mettons tout de suite les choses au clair : l'EP Masters Of Darkness fait surtout office d'amuse-bouche en attendant Okkult II. Il faut dire que quand l'opus de 2013 a été annoncé comme le premier volet d'un triptyque, on n'imaginait pas forcément devoir patienter cinq ans pour la suite. D'autant que dans le registre Death Symphonique, cet album frappait très fort, de quoi susciter de grandes attentes. Cela dit, on ne va pas débattre quant à la priorité qui semble accordée à Leaves' Eyes (l'autre groupe des membres d'Atrocity, bien plus régulier en termes de sorties) et plutôt se pencher sur le contenu de l'EP.

De ce point de vue, les quatre titres ont de quoi rassurer : les Allemands n'ont pas perdu leur mordant, bien au contraire. C'est qu'à entendre la discographie qui part dans tous les sens (de l'Indus de Die Liebe au Folk Rock de Calling The Rain / After The Storm en passant par les reprises Pop des deux Werk 80, rien ne les arrête), on pouvait se poser la question. Pas d'énième revirement stylistique, la continuité est ici de mise et on ne s'en plaindra pas. Le côté Death Old School bien gras semble même renforcé, puisque ces versions préliminaires sont enregistrées sans orchestre, simplement accompagnées de chœurs qui participent à l'ambiance très sombre de l'ensemble.
Et si on parle de versions préliminaires, c'est que les quatre morceaux seront inclus dans l'album à venir, et on imagine sans peine les arrangements philharmoniques venir s'y greffer pour les porter vers une nouvelle dimension. On ne boudera pas pour autant l'aspect assez brut de décoffrage, cette fournée est déjà plus qu'appréciable en l'état.
À noter également que Gates To Oblivion et Devil's Covenant verront apparaître respectivement Marc Grewe (ex-Morgoth) et L.G. Petrov (Entombed A.D.) au chant sur leurs versions finales ; si Alexander Krull fait déjà très bien le job, ça a au moins le mérite de titiller notre curiosité...

Un amuse-bouche, donc, mais un bon, et on en salive d'avance pour Okkult II. Si tout l'album est à ce niveau, il y a fort à parier que comme son prédécesseur, il ne prendra pas la poussière de sitôt.