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Biographie

At The Drive-In

At The Drive-In commence son aventure en 1994 au fin fond du Texas, à El Paso plus précisément. Là, les cinq musiciens de l’époque (Cedric Bixler au chant, Jim Ward et Jarrett aux guitares, Kenny Hopper à la basse et Bernie Rancun à la batterie) sortent au bout de trois mois leur première démo 3 titres sur le label de Jim (Western Breed): Hell Paso. Cela leur suffit en tout cas pour partir en tournée, juste avant le premier changement de line-up (basse/batterie) qui intronise surtout l’arrivée d’Omar Rodriguez à… la basse !

Suit alors une nouvelle démo (Alfaro Vive, Carajo!) en 1995 et une deuxième tournée. Il est alors clair que le groupe marque les esprits par la scène. Et bien leur en prend car c’est au cours de cette tournée de 42 jours qu’ils croisent Blaze James du label Flipside et qui les signe. Suit une tournée de 21 jours à l’issue de laquelle ils enregistrent en 1996 et pour 600$ leur premier album Acrobatic Tenement pour Flipside.
Début 1997, nouveau changement de line-up et arrivée de Tony à la batterie puis de Paul à la basse. Omar prend alors la place vacante de guitariste, mais Jim s’en va un temps et est remplacé… Ils enregistrent donc avec cette formation leur deuxième recueil El Gran Orgo sur le label One Foot et enchaînent par une tournée de 4 mois. A la fin de celle-ci, le remplaçant de Jim est viré et ce dernier récupère sa place tout naturellement. Mais ni Flipside, ni One Foot se motivent pour sortir le nouvel effort en préparation du groupe ; Fearless finit par les contacter dans un bar et le groupe peut donc enregistrer et mixer In/Casino/Out en une semaine à la mi-1998 avec Alex Newport.
Une fois cet album achevé, le groupe part de suite en tournée jusqu'en décembre. 1999 est une grosse année pour At The Drive-In puisque les cinq gars se lancent dans une tournée internationale en allant se produire dans jusqu’à 11 pays ! Là, le groupe peut vivre de son art et des label importants commencent à s’intéresser à eux… Vaya sort donc en juillet 1999, un ep 7 titres contenant des titres enregistrés en début d’année mais jamais sortis. Gros succès et, résultat, les derniers concerts de leur nouvelle tournée de deux mois à travers les Etats-Unis affichent complets !

Suite à tout ce bruit grandissant, le groupe assure les 1ères parties des Get Up Kids puis de Rage Against The Machine. Ils en profitent pour croiser Ross Robinson qui enregistre le titre Catacombs à titre d’essai. Conséquence directe, le groupe, ravi, commence début 2000 dans le studio privé de Robinson les prises de l’enregistrement (en live) pour Relationship of Command qui sortira finalement sur Grand Royal. Avant cette sortie prévue en septembre, le groupe assure beaucoup de dates aux Etats-Unis, en Europe et au Japon. A sa sortie, Relationship of Command met d’accord tout le monde. At The Drive-In est la révélation rock/post-punk de l’année. L’album se vend à 1 000 000 d’exemplaires. Les concerts sont toujours autant bourrés d’adrénaline. Pourtant, en mars 2001, les cinq membres se voient dans un parc pour entériner leur décision de s’arrêter. Mais attention ! On parle plutôt de pause et non de séparation définitive… En attendant, Cédric et Omar montent DeFacto puis The Mars Volta pendant que les autres forment Sparta.

Le groupe se reforme en 2012 le temps de quelques concerts, puis annonce pour 2016 une nouvelle tournée, qui se déroule sans Jim Ward, qui quitte définitivement le groupe. En 2017 sort in.ter a.li.a, premier album des Texans en 17 ans.

15.5 / 20
7 commentaires (15.79/20).
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in.ter a.li.a ( 2017 )

Cette chronique n’a pas été simple à écrire. Il a d’abord fallu passer outre les première écoutes mitigées avant d’adopter finalement l’état d’esprit d’un album qui allait forcément être considéré par ses auditeurs, consciemment ou non, à l’aune de l’incandescent Relationship of Command. 17 ans après nous avoir offert un sommet d’épilepsie maîtrisée, At The Drive-In a décidé de se confronter à nouveau à l’épreuve du studio, où les Texans ont tenté d’entretenir le feu de prestations scéniques toujours impressionnantes (comme leur passage à Paris en 2016) et de graver dans le marbre la suite d’une discographie que la plupart de leurs fans estimaient sans fautes et achevée. Victime, comme tous les groupes qui se reforment après une longue pause, d’un procès d’intention avant même que les premiers extraits d’int.ter a.li.a n’arrivent jusqu’à nos oreilles, ATDI se savait bien évidemment très attendu au tournant.

Le plus compliqué, au moment d’aborder in.ter a.li.a, est par conséquent de le considérer tel qu’il nous est présenté sans y voir obligatoirement une suite à Relationship of Command ou le résultat d’une nouvelle fusion de l’entité qui avait donné naissance à Sparta et The Mars Volta. Si les marqueurs du groupe sont bien présents sur cet album, ils ne sont pas au service d’une quelconque nostalgie, et si certains éléments absents peuvent contribuer à un manque (le chant de Jim Ward, par exemple), il devient après quelques écoutes évident que s’arrêter sur ces différences consiste à passer à côté du véritable intérêt d’in.ter a.li.a. ATDI livre ici un album de rock débarrassé de toute prétention et qui, derrière une énergie punk indéniable présente dans l’ADN du groupe, a également le bon goût de conserver une approche qui a contribué au succès de la formation. Le travail des guitares est remarquable, avec un Omar Rodriguez-Lopez particulièrement inspiré et dont les motifs déviants partagent l’espace avec des riffs plus directs et mélodiques qui donnent tout leur intérêt aux morceaux au fil d'écoutes qu’il faut nombreuses pour appréhender la façon dont ATDI a travaillé cette fois-ci.

Pied au plancher pendant 41 minutes, en dehors de l’hypnotisant Ghost-Tape No. 9, le groupe joue la carte de l’efficacité et de la spontanéité, deux qualités que l’on avait déjà entrevues chez Antemasque (Cedric+Omar) et qui permettent à in.ter a.li.a de gagner en fraîcheur ce qu’il perd parfois en prise de risque (No Wolf Like The Present, Governed By Contagions, Holtzclaw). La justesse n’a jamais été la principale qualité de Cedric Bixler-Zavala, mais l’engagement dont il fait preuve du début à la fin reste un atout majeur du disque, tout comme cette rythmique qui n’a plus besoin de faire ses preuves. Encore une fois, il n’est pas vraiment la peine de chercher un sens à des textes tous plus surréalistes les uns que les autres ("Drone to the bishop swapping in spit/The tallest blade of glass menagerie/Starved by remote and implant stations"), les mots étant ici avant tout un instrument comme les autres, dédiés à la propagation de l’énergie.

Le danger est donc de s’arrêter à cet aspect direct et sans fioritures apparentes et de survoler ce qui fait la force de morceaux comme Continuum, Call Broken Arrow ou Torrentially Cutshaw, c’est-à-dire la signature inimitable d’un groupe qui a pourtant décidé de ne pas se perdre en essayant de retrouver la folie, définitivement derrière eux, d’un album venu d’ailleurs. En lieu et place, At The Drive-In fait ce qu’il sait faire, avec suffisamment de sincérité et de talent pour que l’on fasse l’effort de s’y plonger. Au risque, dans le cas contraire, et comme le chante Cedric dans Incurably Innocent, se se retrouver "emprisonné dans la transe d’un souvenir".

16 / 20
25 commentaires (18.54/20).
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Relationship of Command ( 2000 )

Alors là, mesdames et messieurs, grand album en vue ! Car si les enregistrements précédents d’At The Drive-In avaient été corrects (un peu plus d’avantage pour Vaya, l’avant dernière livraison du groupe), Relationship of Command est tout simplement la preuve en 12 chansons de l’explosion d’un groupe d’un point de vue de la composition, tout en apportant au rock un vent de fraîcheur que l’on avait pas revu depuis Nirvana. Un passage à la vitesse supérieure.

Bien sûr, les cinq musiciens d’El Paso ont cette fois les moyens nécessaires pour accentuer leur déferlante de décibels : signature sur Grand Royal, le label des Beastie Boys, mais surtout le travail du très controversé Ross Robinson (Korn, Limp Bizkit, The Cure….) au poste de producteur et du très confirmé Andy Wallace (Jeff Bucley, Nirvana, Rage Against The Machine, Slayer, Sepultura…) derrière le multipistes. Conséquence, un son énorme pour la musique innovante d’At The Drive-In. Ni plus ni moins.

Car c’est bien gentil de pouvoir bénéficier d’un tel soutien ; mais quand à côté de ça, le groupe est mauvais et bien, il ne se passe rien. Et on a déjà pu s’en apercevoir à maintes autres occasions. Or, en l’occurrence, At The Drive-In amène avec lui en studio 12 bombes de gros rock post-punk et la magie se met tout doucement en place.
Relationship of Command surfe tout au long de son développement sur une ambiance étrange, si particulière et perceptible dès les premières secondes d’"Arcarsenal", la première chanson du délit sonore. Maracas en intro, tom basse tribal et basse lancinante qui lancent le tempo, guitares toutes noisy, petit cri de Cédric Bixler pour annoncer la douleur. Et puis l’explosion de puissance légèrement atténuée par un rythme en contretemps mais qui signe la marque de fabrique du groupe. Cédric, le chanteur, crie opportunément avec classe et intelligence. Certes, au début son chant un peu aigu peut dérouter mais il fait clairement parti intégrante du son « At The Drive-In ». Au bout de 2 minutes et 10 secondes apparaît alors une ligne de piano légèrement désaccordée qui vient apporter quelques notes incongrues à ce déchaînement de force musicale.
Pour "One Armed Scissor", la troisième piste de ce disque, on peut s’apercevoir d’une autre qualité du groupe : les chœurs. Grandement assurés par Jim Ward, le second guitariste (aujourd’hui frontman de Sparta donc), ils apportent une touche de fragilité totalement bénéfique à la musique du groupe. Pour sa part, Jim doit assurer la rythmique pour les guitares. Car de l’autre côté, Omar Rodriguez se lâche. Son jeu, frénétique et très noisy, se mélange parfaitement aux mélodies puissantes qui guident At The Drive-In. Ici, brutalité et habileté ne font qu’un ("Sleepwalk capsules", "Mannequin republic", "Rolodex propaganda" et la voix de sieur Iggy Pop, "Cosmonaut").

Mais At The Drive-In sait également se faire léger en se laissant porter par deux fois sur des chansons toutes atmosphériques : "Quarantined" au sample d’orage pluvieux et "Non-zero possibility" avec un piano et une guitare sèche mélancoliques. Mais attention, atmosphérique ne signifie pas mou. Loin de là, car le groupe sait parfaitement maintenir cette tension qui se brise sur d’autres chansons, quand les musiciens haussent le ton. En ce sens, on peut donc évoquer "Invalid litter dept.", la cinquième chanson de l’album, qui après 4 minutes 48 de sensibilité, nous assène (après un « Dancing on the cops’ ashes » non répertorié dans les paroles !) un gros passage de fin que n’auraient pas renié Rage Against The Machine. Et enfin, At The Drive-In, c’est aussi de l’innovation dans l’interprétation. En effet, la chanson "Enfilade" se voit parsemée de notes d’accordéon et de frappes de percussions qui enfoncent la profondeur musicale générale.

Oui, en fait, voilà la différence ; la musique d'At the Drive-In est profonde ; elle exprime des émotions avec force, et non l’inverse. De plus, le groupe, en bénéficiant du savoir-faire de Robinson, s’envole. Tout est communion dans Relationship of Command. Et At-The Drive-In signe son chef d’œuvre.

A écouter : Arcarsenal - One Armed scissor - Enfilade - Catacombs