Forts de leur succès, nippon dans un premier temps puis plus international (voir la biographie), les coqueluches du J. rock sortent déjà leur troisième album full length. Et ce Fan Club, c'est un peu la nouvelle peau du serpent après la mue: c'est pas la même que les précédentes, mais ça y ressemble plus qu'un peu.
Dans le sillage d'un Sol-fa légèrement plus calme que ces prédecesseurs, le nouveau 11 titres fait la part belle au rock en écartant les petites touches punk rock des débuts. On retrouve donc ces ambiances à tendance mélancolique mais à la fois assez entrainantes (peut être leur côté Weezer qu'ils revendiquent), leur style personnel et leur touche mélodique inimitable.
Gotoh Masafumi fait une nouvelle fois preuve du caractère unique de ses approches vocaliques qui déroutent rarement mais restent étrangement personnelles et inventives; accompagné par les autres instruments, il nous gratifie également de quelques montées prenantes désormais typiques du quatuor ("World Apart", "Sakurasou", "Angou no Waltz"...): la machine accélère, puis s'emballe et Masafumi dévoile pleinement son charisme, haussant la voix et finissant parfois sur des notes quelque peu éraillées. Même s'il manque peut être désormais ce brin supplémentaire de fougue incontrôlée, cette goutte d'eau qui faisait subitement déborder le vase, ces moments demeurrent des points d'orgue riches en émotion.
Celà dit Asian Kung-Fu Generation mise de moins en moins sur ces montées et l'ensemble parait plus stable et relâché, si bien que la section rythmique s'emploie avec ingénuité (sans pour autant virer dans la démonstration technique) à maintenir l'intérêt des compos ("Blue Train"). Les multiples effets/sons de guitare aboutissent au même résultat tout en servant les mélodies toujours aussi fines des Nippons.
Même si AKFG ne livrent peut être pas ici leur meilleure galette, leur rock japonais reste à part et conserve ses atouts autant que ses spécifités, à commencer bien entendu par la langue natale qui leur sied tant : au moins aussi fluide et passe partout que l'anglais, elle est bien loin des stéréotypes et des clichés dont on l'affuble généralement. Un disque sans trop de surprises pour ceux qui les connaissent et les suivent déjà (si ce n'est un essai rock 'n roll sur "Senseless" à moitié transformé), mais qui devrait toutefois titiller comme il se doit les sens des autres amateurs de rock mélodique.
A écouter : "Rojiura no Usagi", "World Apart", "Butterly", "Tightrope"