Dans un souci DIY jusqu'aux bouts des ongles, Art of Burning Water aura pris son temps pour poser la première pierre d'une discographie démarrant en trombe. Avec son superbe artwork signé Yunicorn, ce brulôt nourri par le venin de Keelhaul, une assise rythmique implacable façon Taint et une interprétation sauvage très hardcore dans l'esprit, est un véritable confirmation de la montée en puissance de la scène sludgecore et la révélation d'une formation bien décidée à exprimer avec fureur sa vision de ce bas monde. Une vision pessimiste élégamment introduite par une courte plage faisant place à un violon déchirant, inquiétant et désespéré annonciateur d'un cataclysme inexorable.
Mené par un batteur tentaculaire empilant à chaque frappe de son jeu tribal et puissant les briques fondatrices d'un mur sonore agressif et virulent, Art of Burning Water enchaîne des morceaux brefs et pachydermiques dépassant rarement les 2 minutes et déversant sans concession aucune une rage dévastatrice. Les riffs bien pensés apportent énormément de variation à l'ensemble et permettent à chaque morceau d'attirer l'attention par leur inventivité en plus de coller une claque par leur puissance de feu. On retiendra ainsi le groove renversant de "Like Two Pigs Rotting (Last Guys Finish Nice)" ou le véritable hachoir musical qu'est "Standing Jubilantly Beneath the Sword of Democles" .
D'une manière générale, Art of Burning Water ne laisse que peu de place au chant mais ce dernier apporte beaucoup de relief lorsqu'il intervient. Oubliez ici les habituels vocaux gutturaux associés au genre et pensez plutôt aux tirades hardcore à la Jacob Bannon (Converge). De prime étonnante, la tendance ne confère que davantage de personnalité et de cachet à l'ensemble et devient au fil des écoutes un des attraits principaux, sous réserve d'apprécier les étirements peu académiques de cordes vocales. En guise d’aboutissement et pour démontrer qu'ils sont capable d'aller plus loin, le trio conclu par un long et superbe morceau neurosien traçant sa voie entre sludge aérien, chevauchée épique et distorsion électrique.
Servi par une production de feu conservant toute la rudesse du son, ce premier pas de Art of Burning Water place la barre très haut et les inscrit comme une référence du genre. Espérons seulement que moins de 5 années leur seront nécessaires pour donner une suite !
A écouter : Standing Jubilantly Beneath the Sword of Democles - Like Two Pigs Rotting (Last Guys Finish Nice)