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Biographie

Árstíðir

Árstíðir (« saisons » en islandais) est un groupe jouant une Folk indé tintée de musique classique, qui a vu le jour en 2008 à Reykjavik. Initialement sous forme d’un trio, emmené par Daniel Auðunsson, Gunnar Már Jakobsson et Ragnar Ólafsson. Les influences sont variées, tantôt jouant une Pop folklorique parfois mélancolique, tantôt effectuant une musique de chambre pleine de douceur, le tout porté par des voix chantées en harmoniques, et ce par tous les membres du groupe. Avec cinq albums à leur actif (dont une collaboration avec la chanteuse Anneke Van Giersbergen), Árstíðir évolue et se fait connaître au sein de la scène (gagnant notamment un prix de musique Folk en Allemagne), et signe son dernier album Nivalis en 2018 chez Season Of Mist.

Chronique

Árstíðir ( 2009 )

Plaçons directement le contexte : 2008, la terrible année de la crise économique qui découle de la fameuse crise des subprimes frappe de plein fouet l’Islande, et aboutit à la révolution islandaise à la même période. Si les réactions de prime abord sont souvent violentes et pleine de colère face à un climat social et politique tendu, certains répondent par une musique paisible et pleine d’émotions. Árstíðir est de ces groupes, celui-ci se formant durant cette période, et sort son premier album (qui le catapulte numéro un en Islande dans les six mois après la création du groupe), du même nom que le groupe, Árstíðir, « saisons » en islandais. Et si certains pourront penser à un excès de zèle ou un manque d’inspiration, les écoutes successives vous feront voyager d’une saison à une autre, comme si vous étiez dans une confortable maison islandaise, au pied d’un bon feu, fixant les paysages majestueux à travers la fenêtre. Avec à côté de vous, un ancien du village ou un ainé de votre famille vous racontant divers contes, histoires et légendes du pays. A partir de là, fermez les yeux et imaginez.

L’histoire commence par le récit d’une amitié d’enfant aujourd'hui perdue. Confortablement assis sur votre siège, rappelez-vous les moments passés avec vos proches, et laissez-vous prendre par la nostalgie. Ce temps est révolu, et la vie a entraîné des séparations, des deuils, de la souffrance. Car Árstíðir vous emmène au gré des saisons à vivre ou revivre ces sentiments, mais ne vous y laissera pas seul. Et ici, les saisons commencent par le froid de l’hiver. Sur des mélodies plus sérieuses, mais toujours portantes, le récit se poursuit, poussant à combattre les forces les plus noires, nous poussant à nous lever, comme face aux vents les plus fort et les plus froids. La thématique de l’espoir arrive, attente impatiente après les plus mauvais moments, tel que sur Sunday Morning, Látum Okkum Sjá ou encore sur le très beau message d’amour et de loyauté porté par Distance. Le printemps fait son apparition.
Tels des récits d’aventure, faisant briller les yeux d’enfants captivés par les scènes décrites, à divers lieux et à diverses époques. Oubliez votre condition et laissez-vous prendre par votre imagination, comme sur You Just Have To Know Me. Nous sommes en effet déjà arrivé en été, et le temps plus clément (malgré des températures fraîches à Reikjavik à cette saison) nous fait nous évader, la mélancolie restant malgré tout de mise.

Écoutant toujours les récits et paroles de l’ancien, votre regard se tourne vers l’extérieur. Il commence à faire nuit, et il fait froid dehors. Deux personnes passent non loin de la maison, main dans la main, rentrant probablement chez eux. Leur bonheur apparent vous rappelle lorsque vous aussi vous avez éprouvé ce genre de sentiment pour quelqu'un d’autre. La tristesse vous prend et de nouveaux souvenirs vous remontent. Tout bon conte ou légende parle d’amour, ce sentiment universel. L’ancien vous en raconte justement quelques-unes, sur la présence de l’être aimé, la distance ou le temps qui vous en sépare mais le mot principal reste le même : garder espoir qu’un jour, la tristesse prenne fin, et qu’elle laisse place à l’apaisement, sinon au bonheur (comme raconté sur Vonarneisti, « lueur d’espoir »). Nous sommes là en plein automne.
Se faisant tard, l’ancien a gardé une dernière histoire à vous raconter, celle la plus chère à son cœur. Reprenant quelques larmes faisant leur apparition, il reprend son souffle. Cette histoire le concerne lui, mais pas seulement. L’hiver a fait de nouveau son apparition, le froid et le manque de lumière rend les esprits plus fragiles, et l’espoir plus maigre. Et parfois, certaines histoires se terminent, pour de bon. Síðasta Kveðjan vient clore le récit de l’album sur ce thème, en toute mélancolie et en toute transparence. Jusqu'au deuil de cette souffrance où l’espoir renaîtra, lors des premiers rayons de lumière du printemps suivant. Ainsi, au travers de l’album, au travers des récits de l’ancien, Árstíðir nous rapporte et nous conte la vie, nos sentiments, nos souvenirs selon les saisons. Le choix du mot Árstíðir, « saisons » prend alors tous son sens.