On pourra toujours s'étonner de la survenue d'un album live après seulement quatre années d'existence ponctuées d'une démo, d'un split, d'un album et de quelques apparitions sur des compils. On le sera moins lorsqu'on saura que, durant ce laps de temps, Arrach aura enchaîné pas loin de 70 concerts en France, en Espagne et récemment en Allemagne, accumulant une expérience qui en fait, malgré sa jeunesse, un des groupes les plus aguerris de la scène toulousaine à ce type d'exercice.
Adeptes du DIY, ce n'est peut-être pas uniquement le pragmatisme inhérent - mais légitime - à ce type de philosophie qui aura poussé Arrach à sortir ce Live. C'est aussi l'occasion de montrer que, finalement, en hardcore plus qu'en tout autre type de musique, la scène est le révélateur, le lieu où se concentrent toutes les énergies. Dans ce cas,c'est réussi. Capté à Toulouse en avril 2006, le live bénéficie d'un son plus que correct, sans aucun artifice, permettant de retranscrire assez fidèlement l'esprit d'un concert d'Arrach. Les toulousains balancent un hardcore old school brut de décoffrage, alimenté de nombreux breaks et stop-and-go où perce l'influence de SOIA, mais qui n'en est pas dénué pour autant de petites effluves cross-over de type Cro-Mags ou D.R.I., notamment dans l'utilisation fréquente de la double-pédale. Enthousiaste du début à la fin, Arrach enchaîne les morceaux - extraits pour la plupart d'Alternatives - sans trop de temps morts, atteignant même des sommets avec "Nuclear Factory" qui introduit le skeud, "Die Hard For Them" et surtout l'inévitable cover de Sick of it All, "Injustice System". Toutefois, on notera une baisse d'intensité sur les soli de Wahib où la rythmique manque quelque peu de jus.
Bien que s'inscrivant clairement dans la grande tradition anarcho-punk, Arrach ne s'embarasse pas pour autant de longs discours. Optant pour la demi-mesure, les interventions de Frag se bornent à décrire de manière sommaire des morceaux qui n'en sont pas moins contestataires, où perce la haine de tous les totalitarismes, qu'ils soient politiques ou religieux.
Oeuvre sincère et véritable, ce live d'Arrach, sans être transcendant, a le mérite de montrer qu'il existe une alternative plus que vivace aux circuits balisés, non dénuée de qualité et qu'il serait temps d'en prendre acte. Il permet également de montrer la détermination d'un groupe qui a fait de la scène son principal modus operandi et qu'à ce titre il mérite toute notre attention.
A écouter : Nuclear Factory, The Hand on my Mind, Die Hard for Them.