Biographie

Aro Ora

Aro Ora (ou Ao) signifie "monde, univers" en Mahori. C'est le nom que choisissent Anthony Mateus (guitares), Quentin Regnault (batterie), Mathieu Wilmann (basse), Florent Giudicelli (guitares) et Baptiste Boudoux (chant) lors de la formation de leur groupe, en 2013 à Tours. Ensemble, ils délivrent un EP auto-produit en 2015, puis un signent chez Klonosphere pour la sortie de leur album Wairua en octobre 2019.

Chronique

15 / 20
2 commentaires (15/20).

Wairua ( 2019 )

Sortir un premier album chez un label du calibre de Klonosphere, c'est une opportunité que tous les groupes français n'ont clairement pas. Mais Aro Ora, si. Et à l'écoute de Wairua, on comprends très vite pourquoi les Tourangeaux (oui, c'est comme ça qu'on appelle les habitants de Tours, et moi aussi je l'apprends grâce à cette chronique) ont gagné la confiance de cet acteur majeur de l'Hexagone.

Premier tour de platine. Ce qui marque d'abord, c'est l'impact. La violence. La force. La musique d'Aro Ora est sans concession, piochant dans ce qu'il y a de plus abrasif du Metalcore, du Djent, du Post-Metal. Les rythmiques sont de véritables marteaux-piqueurs, inlassables, tranchantes, à la production moderne et froide. La claque est d'autant plus forte qu'elle est emmené avec maturité. On se fait brasser par un groupe qui sait ce qu'il fait, vraiment, malgré le statut de premier album qu'endosse Wairua

Deuxième écoute. Mal remis du KO à peine encaissé (la baston dure plus d'une heure), on tente à nouveau de dompter ce disque. Ce qui vient à l'esprit à ce moment, c'est l'efficacité. Ce n'est pas juste fort, puissant, écrasant ; AO est aussi précis, vise les points faibles. On se rend compte du travail incroyable du quintet, il n'y a pas que de la vitesse et de la force, mais bel et bien de la réflexion, de l'attention. Du souci du détail. Le chant surtout, est marqué par cet aspect "puissant avec discernement". Toujours hurlé (sauf dans Exhale et dans Flight Of The Red Ibis), il sait néanmoins se moduler pour faire passer différentes émotions. On louera l'efficacité des refrains de Hólos et de Running On The Möbius Strip pour l'évolution des growls vers un aigu qui prend aux tripes.

On en redemande. Nouvelle écoute, nouveau constat : c'est les influences des Français qui se dessinent cette fois. Pourquoi ça faisait si mal ? Parce qu'Aro Ora applique une recette qui fait mal, celle des Gojira pré-Magma. Et si on ne l'a pas vu avant un troisième tour de platine, c'est parce que les influences sont vraiment bien digérées, parfaitement assimilées, pour participer à construire un son unique et pas une copie des Landais. Si Gojira semble l'inspiration la plus claire, on peut aussi citer un côté un poil plus "Post" qu'on peut rapprocher d'Architects : beaucoup de refrains, de ponts, ou de pré-refrains, tout en continuant de cogner sans ménagement, semblent entourés d'un halo, d'une aura de guitares aériennes, formulées comme des nappes d'ambiance (le pont de Tragedy Of A Lost Self en tête). D'autres passages arrivent à créer des climats élégants, pas loin d'une forme de Post-Prog, comme l'excellent riff d'intro / refrain dans Kosmos. L'ensemble s'inscrit dans un style évidemment propre au groupe, loin d'être une énième déclinaison des formations ayant eu une empreinte sur Aro Ora. Les Tourangeaux ajoutent d'ailleurs des éléments bien à eux, comme des solos de guitares plus présents, par exemple.
Et le schéma continue. A la quatrième écoute, on découvre qu'on a été trop abasourdis par le tour de force d'Aro Ora pour réaliser que des pauses sont aménagées dans le pavé tellurique qu'est Wairua (Inhale, le justement nommé Interlude, la fin de Seducing VenomNaiads, Exhale, ainsi que des brèves respirations au sein de plusieurs titres, des ponts moins offensifs comme dans Roots Of KnowledgeTragedy Of A Lost Self, ou Flight Of The Red Ibis), et on apprécie la facette subtile, raffinée, élégante que peut revêtir le quintet. Au cinquième essai, on différencie mieux les titres, qui sont nombreux (il y en a 15) et qui se ressemblaient un peu lors des premières écoutes. La fois suivante, on se penche sur les paroles, la fois d'après sur les solos (Shivering Flame, Roots Of Knowledge), la fois consécutive ce sont les sous-influences, les clins d’œil moins visibles, on se dit "tiens, ça ne fait pas un peu In Flames ces couplets dans Running On The Möbius Strip ?", ou "tiens, ce riff syncopé à la fois groovy et bas-du-front dans le pont de Kosmos, il n'y aurait pas quelque chose de Lamb Of God là-dedans ?"...
J'ai continué ce processus. J'ai dû écouter l'album une vingtaine de fois et j'y découvre toujours quelque chose. Je me demande quand j'aurais terminé de comprendre ce disque, de comprendre jusqu'à quand Wairua continuera de se dévoiler. C'est à mes yeux une très bonne sortie, et plus ces réponses s'éloignent, à chaque écoute, plus j'en suis convaincu. Wairua est fascinant.

A écouter : Roots Of Knowledge, Hólos, Running On The Möbius Strip
Aro Ora

Style : Metal moderne
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Origine : France
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