Le premier album d’Argue, Perspective, de 2017 témoignait déjà d’un excellent savoir-faire en matière de Metalcore / Deathcore. Cinq ans plus tard, le quintet breton originaire de Lorient remonte sur les planches toujours aussi impétueux avec sous le bras son second album : Oscillate.

Les premières mesures de ce nouvel album remonte les pendules à l’heure et vient nous rappeler qu’Argue n’est décidément pas là pour rigoler. Si vous vous attendiez à un Metalcore aseptisé à l’américaine avec des passages Pop, du chant clair en sucre glace sur les refrains et des claviers aux mélodies Electro enjôleuses, il n’en est absolument pas le cas ici. En fait Argue remet le terme "Metal" dans Metalcore tout comme ses influences Hardcore sont véritablement présentes (surtout dans le chant hyper hargneux de Guillaume) même si on en retrouve également dans certains plans des deux guitares. Le groupe a su garder ce qu’on trouvait dans Perspective et ce qui fait aussi leur attrait ce sont ces tournures mélodiques présentes dans chaque composition. Mais qu’on soit bien clair on y trouve des riffs et des mélodies acérées et percutantes, pas des trucs tout mou ou mielleux dont le genre a été largement sclérosé depuis le milieu des années 2000. De plus, Argue insuffle dans sa musique, ce qui faisait les grandes heures du Metal scandinave dans les années 90. A juste titre, on trouve davantage d'At The Gates chez Argue que du Bullet For My Valentine et des morceaux comme Ephemeral Paths Divider ou Soothing Right-Thinking sont de bons exemples d’empilage de riffs dévastateurs avec ce côté ultra véloce des mélodies avec et qu’il faut de breaks et quelques descentes de manche bien senties.

Argue lorgne souvent du côté du Deathcore, mais en incorporant ces influences de manière intelligente à sa musique avec ce côté sombre et blackisé que peuvent avoir des formations comme The Black Dahlia Murder (le titre Cellarium) sans tomber dans les breakdowns stupides et lourdingues ou autres gimmicks du style franchement fatiguant (No More Past To Come). Citons également en références le Metalcore à l’ancienne type August Burns Red ou Unearth qui savent mettre les guitares en avant, les plans de batterie à toute allure et un vrai talent mélodique et accrocheur dans leurs compositions (Farewell Regardless ou The Gravitational Collapse Of Time), tout comme on mentionnera cette fin Djent à la After The Burial sur Internal Noises Of Subconscious. Il est presque dommage qu’il n’y ait pas plus de passages de la sorte. Toujours est-il que c’est là que l’on trouve Oscillate particulièrement bon, intéressant et efficace : c’est de construire habillement des ponts entre Death Metal Mélodique, Deathcore et Metalcore, en multipliant les idées et les plans, mais tout cela de façon à ce que ça coule de source à chaque fois.

Donc oui, en définitive, Oscillate c’est huit morceaux (dix avec l’intro et l’interlude) hyper solides de Metalcore / Deathcore et une manière vraiment cool de redonner un peu ses lettres de noblesse à un genre (trop) facilement critiqué depuis le milieu des années 2000. Un vrai bon disque du genre, tout simplement !